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Le film « Ayyam Eddajar » (les jours de l'ennui), d'Abdellatif
Abdelhamid, a confirmé la bonne santé du cinéma syrien, présenté par certains
critiques comme bousculant désormais l'hégémonie du cinéma égyptien. Le film
n'est pas une grosse production et probablement n'a pas englouti un gros
budget. Le Plateau du Golan, pas encore sous occupation israélienne, sert de
cadre au film qui relate des faits remontant à la fin des années 50, quand la
Syrie et l'Egypte se sont regroupées sous l'appellation « République Arabe Unie
» dirigée par Abdenasser. Une famille d'un militaire (Mustapha) vit sur la
bande frontalière avec Israël dans une zone militaire. Les quatre enfants de
Mustapha, ingénieux et espiègles, jouent un rôle déterminant dans ce film.
Rares sont les séquences où ces enfants n'y figurent pas. Le réalisateur a usé
et abusé des symboles. A commencer par ce char, dont on s'interroge sur
l'utilité, stationnant à quelques mètres de la petite maison en pierre où est
installée la famille de Mustapha. Ce char sert de couchette parfois aux
enfants. Manière de dire que la guerre va se glisser dans le quotidien d'un
peuple syrien et devenir une composante de sa vie. Mais le réalisateur ne
tombera pas dans la dramatisation. Au contraire, il frôle même le cynisme par
moment. Même Mustapha, de temps en temps rappelé pour des missions dangereuses
sur le front et à l'intérieur même des lignes ennemies, vit sa condition de
soldat exposé soit à la mort soit à la mutilation avec légèreté. De ce point de
vue, le film peut être considéré comme un hymne à la vie. D'ailleurs, quand
Mustapha, le père, revient d'une mission avec un bras et les yeux crevés, suite
à l'explosion d'une mine, il ne s'empêchera pas de danser et d'inciter son
gosse Jaber de reproduire ses onomatopées rigolotes. Il a fallu ces petits
gestes presque ridicules, eu égard au caractère grave de la situation, pour que
l'entrain reprend son droit de cité au sein de la famille regroupée loin du
front. Une autre scène forte de ce film, audace que le cinéma occidental
n'osera jamais présenter, est l'enterrement par les gosses du foetus rejeté du
ventre de leur mère suite à une fausse couche. Au même moment, leur père, sur
le front, enterrait des mines antipersonnel. Cette dualité entre la vie et la
mort va structurer le film de bout en bout. Pour desserrer symboliquement le
cantonnement qui leur est imposé, un des gosses va gagner des jumelles dans une
course organisée par l'armée. Ce qui va permettre à la bande de porter son
regard le plus loin possible. Et, surtout, d'espionner leurs parents. L'amour
est très présent dans ce film. Mustapha est très épris de sa femme, les gosses
sont très liés l'un à l'autre, la famille élargie n'a pas perdu ses élans de
solidarité. Mais la guerre est là, rampante, gagnant de plus en plus du
terrain, façonnant de plus en plus la vie de cette famille et au-delà de toute
la société syrienne. Le jeu dans une tranchée et avec des casques préparera les
enfants à s'insérer dans ce moule. Le film d'Abdellatif Abderrahim, produit en
2008, qui participe pour la seconde année consécutive au festival d'Oran, offre
plus d'une lecture. Il a séduit le public, notamment le plus averti, de la
salle Essaâda. Il ne manque pas d'arguments pour attirer l'attention des membres
du jury. Le premier film projeté samedi lors de la seconde journée du festival
est « Daeera » (cercle) de l'émirati Nawaf El Janahi. L'empreinte du cinéma
américain d'action est très perceptible dans ce film, dont la longueur de
certaines séquences l'handicape lourdement. Mais on retiendra que ce film
montre des individus atomisés. Le mari qui n'arrive pas à annoncer à sa femme
qu'il est condamné par le cancer. Des marginaux qui commettent des vols et dont
les motivations ne sont pas clairement formulées.
Une épouse préoccupée par l'arrangement de son salon parce que souffrant de solitude. C'est un des intérêts de ce film : montrer l'isolement des individus dans une société victime d'une américanisation outrancière. Les buildings, les grosses voitures, les parkings, les lieux de restauration,... Tout renvoie au modèle de vie américain. Ou à des images du cinéma américain. Notons que de plus en plus de gosses assistent aux projections des films au programme de ce festival. Ce qui est une très bonne affaire d'autant plus que jusqu'ici, ils ont fait preuve d'une bonne tenue. |
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