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«Si rien ne se
fait sans les hommes, rien ne dure sans les institutions».
André Vanchez Il semble que le troisième mandat de l'actuel président est le mandat des réalisations. Parmi celles-ci, on trouve l'autoroute de l'est à l'ouest, un chantier gigantesque, une partie de ce projet a déjà été livrée; la réalisation de la première ligne de métro, après trente ans d'attente, les tramways en chantier un peu partout sur le territoire national, l'alimentation de l'eau de la wilaya de Tamanrasset depuis Djanet. Et tant d'autres projets qui sont en fin de réalisation. La production céréalière a atteint un niveau sans précédant cette année, selon le ministre de l'agriculture et du développement rural, M. Rachid Benaissa. Sur les 62% de surface récoltée, la production a atteint 35 millions de quintaux et ce bien avant la fin de la saison de la récolte. Du jamais vu depuis l'Indépendance de l'Algérie. Les raisons de cette réussite1 , selon le ministre, sont liées à la bonne pluviométrie et l'efficacité des mesures de soutien au profit des céréaliculteurs. Les bonnes nouvelles ne s'arrêtent pas là car la production de lait est en nette augmentation. Selon les cadres du ministère, la collecte a été estimée à 35% seulement dans les willayas Sétif, Skikda, Bel-Abbès et Tizi Ouzou. On comprend maintenant pourquoi les agriculteurs étaient contents de la désignation de M. Rachid Benaissa. Comme dit le slogan : « un homme qu'il faut au un poste qu'il faut ». Sur ce rythme, nous allons rattraper le retard de plus de trente ans et en ce domaine, le pays reprendra sa place parmi les grandes nations. L'événement qui a vraiment brisé le silence et l'agonie de l'activité culturelle de notre pays, c'est par excellence le PANF. Cet événement a apporté une vraie bouffée d'oxygène pour la population algérienne. Peu importe les sommes d'argent qu'il a coûté, l'importance est dans cet esprit festif. Enfin Alger est en mouvement la nuit. « Vous pensez que la culture est chère ? Essayez donc l'ignorance ! », a dit Madame la ministre. Pour des jeunes qui n'ont pas l'habitude de faire la fête, cet événement leur a permis de se réconcilier avec l'esprit de fête, mais aussi avec des rencontres littéraires, des conférences sur l'histoire africaine, du théâtre, des projections de films, des expositions, etc. Quelles que soient les critiques qu'on peut formuler sur Madame la ministre, sur son passé dans le parti du RCD et sur sa lutte pour les droits de la femme, je crois qu'elle a fait un travail extraordinaire, il me semble qu'elle a bien tiré des leçons des expériences précédentes, l'année d'Algérie en France et l'Algérie capitale arabe. Elle est plus utile dans le gouvernement que dans l'opposition car c'est la première fois, osons le dire, que le ministère de la culture connait une telle activité depuis qu'elle est à la commande de ce ministère. Elle a réussi à briser le silence sur le cinéma, sur l'édition (malgré quelques critiques à ce sujet), les festivals musicaux, etc. Le plus important à mes yeux est le fait de rassembler une grande partie des artistes nationaux vivant en Algérie ou issus de l'immigration, pour qu'ils puissent travailler ensemble sur des thématiques qui touchant à l'Algérien et la culture algérienne. Certes, il reste d'autres chantiers à organiser, à mettre à jour, la formation du personnel par exemple et surtout à éveiller les esprits sur la question culturelle dans notre pays et comment accéder à la culturelle universelle, en sauvegardant la culture algérienne. Ce ne sont que deux exemples de deux ministres qui ont fait un travail remarquable, qui mérite d'être encouragé et récompensé. Mais des questions s'imposent : les ministères fonctionneront-ils avec le même esprit, si on change l'équipe, s'il y a départ de ces ministres ? Garderont-ils les mêmes objectifs ? Auront-ils d'autres prorogatifs qui vont apparaître avec d'autres équipes qui viendront ? Y aura-t-il une continuité entre les différentes équipes et générations ? Cependant, nous assistons à la mise au chômage technique des institutions étatiques, et par conséquent la fragilisation de l'Etat lui-même. L'exemple du parlement algérien (APN) est plus éclairant. Aucune loi importante ne passe par la voie parlementaire, toutes les décisions se prennent par décret. Ainsi, les parlementaires sont réduits au vote, selon les directives du chef du parti. En ce qui concerne la deuxième chambre, elle connait le même sort que l'APN. Nos parlementaires, sauf quelques exceptions, n'arrivent pas à dénoncer, ni à aborder des questions qui touchent le quotidien de leurs concitoyens. Lors des manifestations, aucun député ne prend le risque de montrer sa sympathie envers les manifestants. Aux yeux des citoyens, les députés ne défendent pas les intérêts du peuple. Au contraire, ils sont là pour servir les intérêts du système. Dans un témoignage rapporté par le chroniqueur Ali Rahalia2 , Chrif Belkacem dit Si Djamel (nom pendant la révolution), l'un des fondateurs de ce système, disait : « Nous avons voulu constituer un Etat, et pour construire cet Etat comme nous le souhaitons, nous avons créé un système avec lequel on peut faire ce que nous voulons(?), c'est-à-dire, un système au service de l'Etat, or finalement nous avons créé un Etat au service du système.» Et lorsqu'il définissait ce système il parlait de la grande famille ! Il en est de même pour le système juridique qui n'est pas en mesure de répondre aux besoins du peuple car les juges subissent des pressions informelles au moment où les séparations des pouvoirs ne sont pas à l'ordre de jour. Quant à l'opposition, son champ d'action est réduit et son influence se limite à quelques régions et sur une catégorie sociale. Ainsi l'équilibre du pouvoir est dysfonctionnel car il n'est dirigé que par une seule directive. Et dans ce cas, on n'est pas loin du syndrome d'hubris3 , caractérisé par ces symptômes : perte du sens des réalités, intolérance à la contradiction, actions à l'emporte-pièce, obsession de sa propre image et abus du pouvoir. Barak Obama, Président des Etats Unis à raison lorsqu'il dit que l'Afrique a besoin d'institutions fortes et pas d'hommes forts. Il est important pour nous de tirer des leçons du passé. Souvenons-nous de ce qui s'est passé après la mort du Président Boumediene, qui a créé un Etat en s'appuyant sur des hommes forts de l'époque. Or, après sa mort, une grande majorité de ces hommes ont été écartés du cercle du pouvoir. Ce changement d'équipe a handicapé les fonctionnements des institutions de l'Etat qui agissent désormais au service d'une minorité obscure. S'il y avait des institutions fortes et transparentes, les pouvoirs législatifs et exécutifs seraient équilibrés par la liberté d'expression via les médias et sous l'œil d'une opposition forte et d'un pouvoir judiciaire autonome. Ce qui n'est pas le cas chez nous. Tout en sachant que pour avoir des institutions fortes, il faut au moins deux générations. Vivra-t-on jusqu'à ce jour-là ! *Auteur du roman «le hasard parlant» aux éditions Edilivre, Paris 2009. 1 Quotidien d'Oran du 13/07/09. 2 El-Khabar Hébdo N°540. 1/7 juillet 2009. 3 Cf. étude réalisée par D. Owen en se focalisant surtout sur l'analyse des chefs d'Etat britanniques et américains. Cf. in Brain, Vol. 132, pp. 1396-1409. 2009. |
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