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L'établissement public hospitalier (EPH) de
Maghnia est devenu, grâce à un personnel qui se démarque par son dévouement, un
exemple du genre au niveau national.
De l'avis aussi de bien de citoyens que de médecins, cet établissement est de loin celui qui offre relativement le plus d'atouts pour le malade dans la région et les moyens au personnel médical d'évoluer dans un cadre approprié, ce qui leur permet d'optimiser les capacités à l'avantage du malade. Evidemment, derrière toute entité qui présente de tels attraits à tous les niveaux, des hommes et des femmes veillent, s'impliquent, s'appliquent nécessairement et... souffrent même de situations particulières. Le cas de ces jeunes spécialistes, qui se surpassent dans le cadre de leur mission mais qui butent sur des considérations d'ordre social, est un exemple d'insuffisance que les pouvoirs publics doivent combler. L'entretien avec quatre spécialistes parmi cette frange qui active dans la structure hospitalière nous a permis de toucher du doigt leurs préoccupations, tournant principalement autour de leur situation sociale. En plus d'un salaire modeste, ces spécialistes semblent manquer du minimum, à savoir le logement. En effet, plusieurs d'entre eux résident hors de la commune, voire hors de la wilaya, et ils ne sont pas pris en charge faute de logement de fonction. «L'indisponibilité du logement nous pèse énormément et pèse également sur le rendement», dira ce spécialiste qui réside à Oran, lequel ajoute que ceci semble être spécifique à l'hôpital de Maghnia car, soutient-il, «les logements sont disponibles pour les spécialistes dans tous les EPH de la wilaya, à l'exception de celui de Maghnia». Les jeunes spécialistes estiment que ceci n'est pas pour favoriser la sédentarisation des médecins dans les établissements publics. Le cas du centre d'imagerie médicale, le seul du genre dans l'Ouest doté d'équipements de nouvelle technologie pour l'imagerie par radiation magnétique, scannage, échographie, ainsi que le scanner de l'EPH, illustre bien ce cas de figure. En effet, par manque de radiologues, ces équipements somnolent et les malades continuent à endurer les affres du déplacement vers d'autres wilayas, avec tous les frais que cela engendre, en sus du prix fort : + 5.000 dinars pour un scanner et 10.000 dinars pour une IRM. La colère de ces jeunes spécialistes n'est pas uniquement d'ordre matériel, elle est morale également. La dernière condamnation à 6 mois d'emprisonnement ferme d'un collègue et d'une sage-femme pour, estiment-ils, «avoir pris par conscience professionnelle le courage de tenter de sauver localement une mère, hospitalisée pour un accouchement qui présentait des complications particulières, et lui éviter ainsi une évacuation fatale vers le centre hospitalier de Tlemcen, en est la cause». «Après ce procès, le médecin va se trouver dans une situation morale des plus inconfortable : soit prendre l'initiative devant des cas limites pour lesquels l'évacuation semble vaine, avec le risque de terminer derrière les barreaux, soit s'en décharger par l'évacuation systématique qui peut être fatale pour ces malades et n'encourir ainsi aucun risque». Même si on ne peut pas dire que l'enthousiasme au sein de la corporation est à son paroxysme, la prise en charge du malade est assurée d'une manière honnête et le travail semble des plus intense en cette EPH qui couvre toute la région de l'extrême ouest, soit 4 daïras et pas des moindres. L'affluence est particulièrement dense durant cet été. Ceci est justifié, en plus des nombreux accouchements, par les grands blessés, que l'hécatombe de la route ne cesse d'engendrer, notamment la RN.35 (dénommée à juste titre la route de la mort), laquelle sème quotidiennement des morts dans l'indifférence totale. Les accidents et les maladies sont favorisés par la présence ponctuelle d'un nombre exceptionnel d'estivants à Marsa Ben M'hidi, l'importante présence de visiteurs dans la ville de Maghnia, et ce en plus de la prise en charge des malades de toute la région, sans évoquer également les malades parmi les immigrés clandestins subsahariens et autres, ainsi que les sans-domicile-fixe. Que dire alors d'une équipe, pourtant très restreinte, qui arrive à assurer quotidiennement une quinzaine d'accouchements et quelque sept césariennes, ou encore du délai exceptionnel de moins d'une heure entre le moment où le malade est admis aux urgences et le moment où il est prêt sur la table d'opération ? C'est là quelques exemples, extrêmes certes, mais qui dénotent un grand dévouement, et ce malgré les contraintes. A titre illustratif, on citera le bilan de certains services pour les cinq derniers mois, éloquent à plus d'un titre. 1.360 accouchements et 607 consultations, ainsi que 347 actes médicaux ont été effectués par cette équipe du service de gynécologie-obstétrique. Quant à la chirurgie générale et infantile, 586 actes ont été réalisés. Le service des urgences fait face évidemment à l'afflux et à assuré, durant la même période, pour la médecine générale, 39.004 consultations. Quant au nombre de soins, il a atteint 20.519. Enfin, 62 hémodialysés sont pris en charge par le service, qui assure entre 650 et 720 séances par mois. |
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