Une nouvelle mouture du plan-Baker sur le problème de décolonisation au
Sahara Occidental serait du domaine du possible avec la nouvelle administration
américaine, estime un expert en relations internationales, Carlos Luis Miguel.
Cet expert, interrogé par l'aps, puise ses raisonnements de l'attitude qu'a
manifestée le président Barack Obama vis-à-vis de ce dossier, après la tournée
effectuée dans la région au printemps du diplomate américain Christopher Ross,
le nouvel envoyé personnel du SG de l'ONU M.Ban Ki-Moon.
Le revirement de la position de
la Maison-Blanche tient au fait que le Président Barack Obama s'est franchement
démarqué, dans une lettre adressée au souverain marocain, du plan d'autonomie
de ce territoire occupé proposé par Rabat comme solution de règlement du
conflit avec le Front Polisario. Selon le journal (de gauche) espagnol El Pais
dans son édition de jeudi, le président américain Barack Obama s'est démarqué
de la proposition d'autonomie que veut imposer le Maroc comme solution au
conflit du Sahara occidental. ?'Obama a oublié dans sa lettre au roi du Maroc
d'encenser la proposition marocaine d'autonomie pour le Sahara occidental que
son prédécesseur, Georges Bush, avait soutenue dans ses messages adressés au
monarque marocain durant les dernières années'', souligne El Pais. Mieux, après
l'adoption au mois d'avril dernier par le Conseil de sécurité de l'ONU de sa
dernière résolution sur le Sahara occidental, l'ambassadrice américaine Susan Rice
?'n'avait pas fait non plus référence à la proposition marocaine'', rappelle le
journal pour qui si la lettre d'Obama préoccupe les autorités marocaines, elle
a suscité en revanche certains espoirs dans les rangs du Front Polisario, qui
rejette catégoriquement cette proposition. La position de la nouvelle
administration américaine nourrit actuellement les pires inquiétudes du côté de
Rabat où l'envoyé personnel du SG de l'ONU n'a pu rencontrer, lors de sa
tournée dans la région, le souverain marocain. Officiellement, Rabat a expliqué
que le Roi se trouvait à Oujda lors de l'arrivée au Maroc de Christopher Ross.
Mais, comment expliquer dans ce cas qu'il n'ait pas été reçu par le Premier
ministre Abbas El-Fassi si ce n'est que la confirmation que c'est bien Mohamed
VI qui suit et gère directement ce dossier, car, pour lui, le Sahara Occidental
fait partie des ?'provinces du sud du Maroc''. Une erreur politique de taille
que le rusé Obama, un antiesclavagiste et démocrate convaincu, a tenu à
rectifier en n'accordant pas de crédit à la proposition d'autonomie, en fait,
une proposition de confirmation de l'annexion du Sahara Occidental, présentée
par le Maroc lors des négociations de Manhasset, au point mort aujourd'hui. Par
contre, El Pais estime que ?'aux yeux de la diplomatie espagnole, la lettre du
président américain au roi du Maroc signifie pour le moins qu'Obama veut
laisser travailler l'ONU sans lui tracer la voie à suivre ou que, dans
l'hypothèse la plus osée, il se démarque de la proposition marocaine
d'autonomie au moment de chercher une solution au conflit''. La proposition de
règlement au conflit que mettra sur le tapis M. Ross »n'est pas encore
définie», mais «envisage des idées similaires à celles de James Baker»,
l'ancien secrétaire d'Etat américain et Envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara
Occidental, souligne El Pais. Le Maroc et le Front Polisario doivent se
rencontrer au mois de Juillet en Autriche, mais la mouture de ces discussions
sera différente de celles de Manhasset. Pour l'expert espagnol Ruis Miguel,
?'la lettre adressée dernièrement par Obama au roi du Maroc ne fait aucune
référence au soutien américain à la proposition marocaine d'autonomie au Sahara
Occidental, mais lui demande au contraire de soutenir les démarches de l'Envoyé
spécial pour le Sahara Occidental, Christopher Ross''. Miguel affirme en outre
que ?'pour moi, il est clair que ni les Etats-Unis, ni Ross ne soutiennent la
proposition marocaine d'accorder une large autonomie au peuple sahraoui et,
tout porte à croire que l'on s'achemine vers une version corrigée du Plan
Baker, qui est d'ailleurs toujours d'actualité pour trouver une solution juste
et durable au conflit''. La dernière tournée de Ross dans la région a été
boycottée par les Marocains, qui ont senti cette fois-ci que le nouveau
représentant du SG de l'ONU tient à travailler sérieusement et dans la légalité
pour sortir ce dossier de décolonisation du ghetto, contrairement à son
prédécesseur. Cela dénote également le souci et la volonté de Barack Obama de
corriger, même à distance, le cours des événements sur le conflit du Sahara
Occidental en le replaçant dans son véritable contexte.