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Dans
une tribune publiée dans le dernier numéro de la revue «Diplomatie», le docteur
Saïd Sadi, leader du RCD, a exprimé le point de vue que «l'avènement d'un
changement dans le pays est plus qu'une évidence et que le question n'est pas
de savoir s'il aura lieu, mais d'en anticiper les procédures et la nature». Sa
conviction en un changement à venir inéluctable, le leader du RCD l'a étayée
par une analyse extrêmement sombre de la situation politique et sociale de
l'Algérie actuelle. Laquelle, selon lui, se caractérise par le «divorce entre
le régime et une société composée en particulier de jeunes qui ne songent qu'à
quitter le pays». Au point que «le pays se dévitalise, les cadres fuient,
faisant que la situation est intenable».
Ce tableau de l'état des lieux politique et social de l'Algérie, tel que le dresse le docteur Saïd Sadi, les causes qu'il avance comme étant à l'origine de la crise dans laquelle se débat le pays, sont d'une implacable vérité, que ne récuseront que les laudateurs stipendiés du régime. Aussi juste est le constat qu'il fait que la manne financière dont dispose le pays ne sert qu'au maintien du système car elle permet à ses dirigeants «de voir venir et de refuser la moindre évolution». Comme d'autres personnalités de l'opposition, le leader du RCD s'est fait à la certitude que le changement dont il prédit l'avènement inévitable ne viendra pas du système mais en dehors de lui. Mais sa certitude énoncée, il ne propose rien en tant qu'acteur politique qui soit en mesure de fédérer les volontés déterminées à «résoudre la problématique des procédures» à mettre en action pour rendre possible un changement qui viendrait de l'extérieur du système. On est d'accord avec Saïd Sadi que «la plus grande partie de cette problématique devra être résolue par les Algériens eux-mêmes», mais en lui faisant remarquer toutefois que c'est en premier la mission des formations de l'opposition de faire oeuvre de propositions et de s'en faire les vecteurs crédibles auprès de ces Algériens. Ce qui n'est malheureusement pas le cas de ces formations, dont la sienne. Certaines de ces formations ou les personnalités de l'opposition ont fait un moment illusion en proposant, qui un projet de programme devant servir de plate-forme au changement pour lequel ils disent travailler, qui une initiative destinée à déclencher la mobilisation populaire en faveur de ce changement et à être le cadre de son organisation. Tous enfin ont appelé à la fédération des forces acquises au principe du combat pour faire aboutir ce changement par une transition pacifique et démocratique. Où en est-on de tout cela ? Dans l'hibernation la plus profonde des promoteurs de ces projets et initiatives. Alors, l'inquiétant est que si l'avènement d'un changement est une évidence de par la situation politique et sociale du pays, il est à craindre qu'il se produise par des «procédures» sur lesquelles ces formations et personnalités de l'opposition n'auront aucune prise et donc la capacité d'en empêcher la récupération à des fins qui n'ont rien à voir avec l'espérance de démocratie et d'Etat de droit. |
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