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Alors que la question de la repentance de la France envers l'Algérie est toujours d'actualité et semble enfler à cause d'une polémique née d'une intervention jugée «maladroite» du président de l'APN, Abdelaziz Ziari, en visite alors à Paris, c'est le leader libyen Mouammar Kadhafi qui s'est invité dans le débat lors du dernier rendez-vous des pays du G8, qui s'est tenu la semaine dernière à Aquila, en Italie. Le président libyen, fort de son statut de président en exercice de l'Union africaine, a demandé ouvertement à Paris d'indemniser son ancienne colonie, l'Algérie, en suivant l'exemple de Rome qui, rappelons-le, avait présenté, l'an dernier, ses excuses à Tripoli et proposé une indemnisation de 5 milliards de dollars. Ainsi, selon l'agence officielle libyenne Jana, Kadhafi a invité le chef de l'Etat français à accorder des réparations à l'Algérie. « Cela ferait de vous un grand président », a-t-il lancé à l'intention de Nicolas Sarkozy. Cette intervention ira certainement en ravivant le sentiment de frustration des Algériens par rapport à cette question d'indemnisation, qui ne saurait se dissocier de l'épineux dossier de la repentance que ce même Sarkozy avait rejetée en estimant qu'il appartient aux historiens d'effectuer un « travail de mémoire ». En effet, après la décision de l'Italie d'indemniser la Libye, qualifiée de fait sans précédent dans les annales du colonialisme européen en Afrique, l'espoir s'est emparé des Algériens de voir la France emboîter le pas à son voisin transalpin, mais en vain. En septembre 2008, le ministère français des Affaires étrangères avait indiqué que cet accord «n'est ni un précédent ni une référence et que chaque histoire bilatérale avance comme elle le souhaite, chaque histoire est spécifique», pour justifier le refus de Paris d'indemniser Alger. Une attitude «hypocrite» et une fuite des responsabilités historiques et morales quand on connaît l'acharnement, presque obsessionnel, de la France officielle sur la Turquie pour qu'elle reconnaisse le génocide arménien. Pourtant, la classe politique algérienne n'a jamais cessé de rappeler les crimes de la France coloniale et la nécessité de s'en absoudre pour envisager un avenir dépassionné et serein entre les peuples des deux pays. Une revendication soutenue par la position de Abdelaziz Bouteflika qui avait conditionné la signature d'un traité d'amitié avec la France à la présentation, par cette dernière, d'excuses pour les massacres commis le 8 mai 1945, durant la guerre de libération, ainsi que durant la colonisation. Pourtant, cette unité de «façade» a été battue en brèche par la déclaration de Abdelaziz Ziari qui, devant les députés français, avait rappelé que pour l'Algérie, la question de la repentance de la France vis-à-vis du peuple algérien n'est pas une condition posée par Alger pour ses relations futures avec l'ancienne puissance coloniale. La question de la repentance « ne constitue nullement un point d'achoppement, ni un préalable ou une condition fixée par l'Algérie » dans ses relations avec la France, a-t-il indiqué. M. Ziari rappellera que « la question s'est posée après l'adoption par la France de la loi du 23 février 2005 glorifiant le passé colonial de la France. Nous avons ressenti cela comme une provocation. Il est normal que nous réagissions chaque fois qu'il y a provocation », avait-il précisé. Des voix discordantes sur un sujet d'autant plus sensible que le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, avait souligné, durant la même période, que « l'Algérie maintient ses revendications liées à la repentance de la France sur les crimes commis par le régime colonial entre 1832 et 1962". Les revendications de l'Etat algérien relatives à « l'incrimination et à la reconnaissance des crimes de guerre français sont toujours maintenues jusqu'à aboutissement », avait-il déclaré en marge du troisième congrès de l'Association nationale des anciens condamnés à mort. L'autre pendant du dossier est celui de l'indemnisation par la France des victimes des essais nucléaires au Sahara, qui a été accueilli avec beaucoup de circonspection de la part des chercheurs algériens. En effet, la décision du gouvernement français d'indemniser les victimes des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien et en Polynésie avait fait naître peu de satisfaction et beaucoup de méfiance. Des dossiers toujours en suspens, qui continuent à plomber les relations bilatérales. |
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