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Le mouvement des non-alignés, dont le 15e sommet s'ouvre aujourd'hui
dans la station balnéaire de Charm El-Cheikh, en Egypte, a été fondé en 1955,
en pleine guerre froide. La philosophie qui lui a donné naissance prônait la
«neutralité» des pays du tiers-monde vis-à-vis de l'ex-URSS et des Etats-Unis,
alors chefs de file respectifs de deux camps qui se livraient à cette guerre
froide. Ce positionnement a permis au mouvement des non-alignés de jouer un
rôle non négligeable à l'occasion d'évènements internationaux surgis dans le
contexte de cette guerre froide. Il a surtout procuré aux Etats qui le
composent d'engranger quelques avantages et bénéfices en jouant sur les
rivalités qui opposaient alors les deux camps en confrontation.
L'effondrement du camp soviétique dans les débuts des années 90 et l'émergence des Etats-Unis en tant que seule superpuissance mondiale, a fait décréter par la bien-pensance dominante la fin de l'influence du mouvement et sa disparition inéluctable. Il est vrai qu'il a depuis lors fait profil bas. Mais des Etats membres ont tout de même continué vaille que vaille à assurer sa pérennité, même si la voix du tiers-monde a perdu de sa tonalité dans le concert mondial. Il est toujours de bon ton de proclamer la mort du tiers-mondisme et du neutralisme qui lui a servi de vecteur en politique et en diplomatie. Pourtant, l'état du monde tel qu'il est depuis la fin de la guerre froide et de l'affrontement des deux blocs, soviétique et occidental, ne plaide nullement pour sa disparition. Les tenants de la théorie de sa mort sont les partisans d'un ordre mondial où les pays du Sud ne sont plus considérées comme des acteurs dont il faut prendre en compte l'avis ou le point de vue sur la marche de ce monde. Ils sont les mêmes qui ont fait de l'unilatéralisme pratiqué par les Etats-Unis, la méthode «appropriée» à la «bonne conduite» des affaires mondiales. L'on voit où cette vision a conduit la planète. Dans des impasses, devant lesquelles des alliés parmi les plus fidèles des Etats-Unis ont été contraints d'affirmer leurs distances à l'endroit de la politique qui en est la cause. Au point pour certains d'en appeler à la constitution de contrepoids internationaux pour en contrecarrer la toute-puissance. Dans ce contexte, le mouvement des non-alignés est susceptible de retrouver de la vigueur. D'autant que les territoires de ses Etats membres, leurs ressources et leurs marchés sont les terrains d'une nouvelle guerre froide, dont les protagonistes ne sont plus deux seules superpuissances, comme cela a été le cas dans la période des années 50 à 90. Celle qui se profile a plusieurs acteurs, entre lesquels le mouvement des non-alignés peut jouer à exploiter leurs rivalités et concurrence dans l'intérêt bien compris de ses Etats membres. Le non-alignement est né du refus des pays du Sud à suivre aveuglément l'une ou l'autre superpuissance qui ambitionnaient d'instaurer un hégémonisme mondial. Accepter comme une fatalité l'unilatéralisme qui s'est substitué à la politique des blocs rivaux, serait pour les pays du Sud perdre définitivement leur voix au chapitre dans le concert international. Le temps et l'évolution de la situation du monde sont en train de leur prouver que le non-alignement est plus que jamais d'actualité. |
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