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La
question des nationalités serait-elle le talon d'Achille de la République Populaire
de Chine ? Certains le pensent et le disent. Les troubles au Xinjiang, qui
succèdent ainsi à ceux qui ont secoué le Tibet il y a quelques mois, en
seraient la preuve indiscutable. Le traitement médiatique occidental est
cependant très différent. Le gouvernement central chinois est certes vilipendé
et accusé de tous les maux, mais la représentation des événements se caractérise
par une certaine prudence.
Il est vrai qu'à la différence des Tibétains, bouddhistes, les Ouïghours qui peuplent la province du Xinjiang sont des musulmans sunnites turcophones. Et depuis le 11 septembre, les revendications exprimées par des musulmans sont traitées avec - c'est un euphémisme - une très grande prudence. Il n'empêche, l'occasion est bonne à prendre. Qu'importent les faits - une sombre histoire de viol suivie de meurtres -, des experts surgis du néant médiatique expliquent savamment que ces troubles sont l'expression d'un phénomène de résistance à «l'impérialisme» chinois. Le Xinjiang serait peu à peu submergé par l'arrivée des Hans, l'ethnie chinoise largement majoritaire. Le conflit opposerait donc des musulmans à des Chinois communistes. Peu d'experts mentionnent le fait que le Xinjiang abrite les Huis, un autre peuple musulman, mais d'ethnie Han, dont les populations ne sont pas impliquées dans les émeutes en cours. Les Chinois ont fait beaucoup de progrès en économie, ils continuent à s'y prendre très mal en matière de gestion médiatique des crises. Tellement mal que cela permet aux géo-ethnologues de service d'occulter l'importance stratégique extrême de cette province au coeur de tous les transits énergétiques d'Asie centrale. Le Xinjiang est le point d'aboutissement de nombreux pipelines en activité où en projet destinés à répondre à la demande croissante de la Chine. Les Ouïghours font l'objet, depuis de très nombreuses années, de la sollicitude très intéressée de groupes d'influence américains. Le Congrès mondial ouïghour, groupe d'opposition basé à Washington, est généreusement financé par le bras séculier de l'administration américaine, le National Endowment for Democracy (NED), à hauteur de plusieurs centaines de milliers de dollars par an. Le NED, une organisation officiellement non gouvernementale, est l'instrument traditionnel d'action des services spécialisés américains. Il a financé et organisé toutes les révolutions de « couleur » ou de « velours » visant à installer partout où cela est possible des gouvernements pro-occidentaux. Le NED a été à l'oeuvre en Europe de l'Est, dans le Caucase et peut-être, récemment, en Iran. Les troubles dans cette région essentielle d'Asie centrale, limitrophe du Kazakhstan, réservoir énergétique du futur, sont bien entendu une opportunité d'affaiblir la Chine et de ternir son image internationale. C'est aussi une opportunité idéale pour tenter d'enfoncer un coin entre les pays de la région, dont la plupart sont membres de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). Les Américains sont inquiets de la montée en puissance de cette structure qui regroupe la Chine, la Russie, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, et à laquelle sont associés, en tant qu'observateurs, l'Iran, le Pakistan, l'Inde et la Mongolie. Autant d'éléments qui incitent à une lecture moins sommaire de ce qui se passe au Xinjiang... |
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