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Vous voulez voir les derniers films sortis au cinéma, des blockbusters,
des avant-premières et des stars à la pelle avant tout le monde ? Alors, rien
de plus facile. Si Oran ne possède plus de salles de cinéma depuis longtemps,
elle a néanmoins la chance de pouvoir disposer de distributeurs exclusifs
proposant les dernières sorties cinématographiques à chaque coin de rue. «Anges
et démons» avec Tom Hanks, «Che Guevara», le dernier Harrison Ford ou encore
Nicolas Cage sont exposés à Es-Seddikia, M'dina Jdida, au centre-ville, à
Carteaux ou au Plateau : il suffit de demander de payer moins de 100 dinars et
vous en avez pour six films à regarder chez vous.
«Le marché est florissant, merci et on n'a pas à se plaindre», dira ce revendeur de Divx installé sous les arcades de la rue d'Arzew. Une manière comme une autre pour éloigner le mauvais oeil, préférant se faire vague sur ce que lui rapporte son commerce. De l'origine de leurs copies, ils préfèrent encore là jouer aux aphones, se contentant seulement de hausser les épaules. Si les films proposés et la qualité de l'image sont les mêmes pour tous, les prix diffèrent quelque peu si l'on est au centre-ville avec 100 dinars le Divx, 80 dinars dans les quartiers périphériques et entre 60 et 70 dinars pour les pochettes vendues à M'dina Jdida. Pourtant, au sujet de la qualité de l'image des films proposés, Mohamed, client assidu de ces nouveaux commerçants du grand écran, reste perplexe. «Sur six films, tu peux tomber sur deux, voire trois exécrables. Images floues, mauvais son, en somme une copie inexploitable», expliquera-t-il. «Parfois, le champ est très limité puisque des films se retrouvent sur plusieurs Divx», assure Mounir, lui aussi adepte du grand écran à domicile. Il trouve également fâcheux de se voir refiler des films en version originale, ou pire, des CD illisibles. De cette frénésie pour ce marché, Slimane, grand consommateur en la matière, pense que la majorité des Algériens se sont retrouvés orphelins de la TPS, ne trouvant d'autres fenêtres que dans les chaînes arabes. «Mais le problème c'est la langue, tous les films sont en anglais et sous-titrés en arabe. Et croyez-moi, ce n'est vraiment pas évident de suivre et l'histoire et essayer de déchiffrer la traduction», ajoutera-t-il. Pour les autres, c'est le choix de films récents, nonobstant leur qualité, qui les pousse à acheter les Divx. Ce support plutôt qu'un autre, à l'exemple des DVD de meilleure qualité et sans mauvaise surprise, s'explique par le prix et surtout le nombre de films qu'il y recèle. «C'est tout bénef», analysera Amine, lui aussi versé dans le commerce des Divx. «Un DVD coûte 25 dinars l'unité, et avec un duplicateur qui peut graver jusqu'à 8 copies à la fois, faites votre calcul», expliquera-t-il. Quant à l'origine des films, il dira que tout part des téléchargements. «Quand un film sort au cinéma, une personne est chargée d'assister à la projection, tout en le filmant avec une caméra, d'où parfois des copies de films tirées et regardées directement au cinéma, la copie est alors encodée dans un micro, lancée sur des sites spécialisés sur Internet puis téléchargée». Ce process est alors finalisé lors de la sortie du film sur DVD, traduit en français par des maisons basées au Canada ou en Turquie pour le marché européen. Cependant, ce commerce n'est pas forcément légal puisqu'il piétine directement et allègrement la convention universelle sur les droits d'auteur de 1952, révisée à Paris le 24 juillet 1971, dont l'Algérie est membre adhérent. Des violations qui ont déjà valu à Alger d'être vertement rappelée à l'ordre par Washington et d'être placée, dernièrement, au même titre que le Canada et l'Indonésie, sur une liste noire de pays protégeant mal les droits de propriété intellectuelle ou ce qu'il est convenu d'appeler le copyright. Pourtant, et malgré toutes les campagnes de sensibilisation et des saisies des supports contrefaits et illicitement commercialisés, comme les CD, les DVD, les Divx, les cassettes vidéo et autres produits piratés, le phénomène du piratage reste le plus présent sur la scène «intellectuelle» algérienne. Selon des chiffres avancés par l'Office national des droits d'auteur et des droits voisins, on estime à plus de 600.000 le nombre de supports qui ont été recensés l'année dernière en Algérie. Par ailleurs, la législation est claire avec l'Ordonnance n°03-05 du 19 juillet 2003 relative aux droits d'auteur et aux droits voisins. Ainsi, les oeuvres littéraires ou artistiques protégées y sont notamment spécifiées, à l'exemple des essais littéraires, des recherches scientifiques et techniques, romans, nouvelles et poèmes, les programmes d'ordinateurs, toutes les oeuvres du théâtre, les oeuvres musicales et cinématographiques, celles des arts plastiques et arts appliqués, les maquettes d'oeuvres d'architecture, les dessins relatifs à la topographie, les oeuvres photographiques. Bénéficient de la protection spécifique prévue par les dispositions de cette ordonnance les oeuvres du patrimoine culturel traditionnel et les oeuvres nationales tombées dans le domaine public. |
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