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La crise que traverse depuis quelque temps déjà le Rassemblement pour la
culture et la démocratie (RCD) sur fond de luttes internes au sommet de sa
hiérarchie vient de franchir un nouveau seuil. Deux députés du parti, Ali
Brahimi et Tarik Mira, viennent de saisir officiellement plusieurs instances
parlementaires de par le monde ainsi que des organisations de défense des
droits de l'homme et de promotion de la démocratie pour dénoncer une situation
qu'ils qualifient à la fois de «singulière par son caractère et de dangereuse
par sa nature et qui représente, selon eux, une violation inédite des droits de
l'homme».
Dans une lettre intitulée «Forfaiture à l'encontre de députés», les deux élus accusent frontalement le patron du RCD, Saïd Sadi. «Elus en avril 2007 sur la liste du RCD, parti dirigé depuis 20 ans par Saïd Sadi, président du parti et député d'Alger, nous avons été victime dans nos fonctions parlementaire et partisane d'une forfaiture commise à notre encontre par le président de notre propre formation», lit-on dans la missive signée par Ali Brahimi et Tarik Mira. Plus explicites, ils dénoncent le fait que leurs correspondances électroniques aient été violées et utilisées pour les évincer du parti. «Nos correspondances électroniques ont été violées -totalement pour Tarik Mira et partiellement pour Ali Brahimi -, rendues publiques devant les collègues du groupe parlementaire et le conseil national du parti comme ?actes d'accusation' dans le but de monter, à l'intérieur du parti, un dossier à charge pour notre exclusion et légitimer, à l'extérieur du parti, une campagne d'appareil, une sanction programmée», affirment les deux cadres du RCD. En se réservant le droit de poursuites judiciaires, Ali Brahimi et Tarik Mira dénoncent ainsi ce qu'ils qualifient comme «un abus et un arbitraire publiquement assumés, en l'occurrence la violation du secret de la correspondance de deux députés par d'autre(s) collègue(s)». Considérant que la loi et l'éthique ont été «bafouées», ils estiment que ces pratiques ne peuvent que «heurter la conscience universelle». Et de s'exclamer: «Le paradoxe est que cette dérive est commise par un dirigeant d'un parti qui se revendique de la démocratie et l'Etat de droit.» Tout en rappelant les lois algériennes sur la cybercriminalité, les rédacteurs de la lettre destinée aux instances parlementaires et de défense des droits de l'homme estiment enfin que «la culture parlementaire commence d'abord par le respect de nos propres lois et des idéaux dont nous nous réclamons notamment les droits de l'homme et l'Etat de droit». A noter enfin que les deux députés précités avaient brisé le silence il y a déjà quelque semaines pour dénoncer tantôt des «décisions visant à les réduire au silence», tantôt une gestion «autoritaire» du président du RCD. Dans un communiqué rendu public le 3 juin dernier, Ali Brahimi, tout en rappelant qu'il avait démissionné de sa propre initiative du secrétariat national le 15 mars dernier, pour «non respect de ses prérogatives» par le président du parti, avait affirmé que la décision de le suspendre à 48 heures de la première session ordinaire du conseil national vise à «lui interdire la prise de parole devant elle». «Face également au contrôle de l'appareil, propre à toute formation à fonctionnement autoritaire, ce piège à caractère policier projette de me réduire au silence», avait affirmé le député dans le même communiqué. |
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