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En dépit de la crise économique et du désengagement de l'Etat après la
réforme sportive instaurée en 1977, l'argent continue à couler à flots dans le
football algérien, où certains clubs sont privilégiés par rapport à d'autres,
ce qui leur permet de se distinguer dans le marché des transferts.
Nous évoquons ici un exemple, non pas dans le but de nuire aux intérêts du principal bénéficiaire, mais surtout dans l'optique d'essayer de sensibiliser nos décideurs à «couper la poire en deux», même si chaque club a sa propre philosophie et les moyens de sa politique. En cette période d'intersaison, il y a lieu de relever certaines démarches qui ne répondent à aucune logique, dans la mesure où certaines équipes n'ont même pas de quoi payer un joueur, alors que d'autres se permettent de dépenser des sommes astronomiques. A cet effet, on citera l'exemple du MCA et l'argent de la Sonatrach qui animent le marché des transferts. Selon une source digne de foi, le seul renouvellement de deux joueurs aura coûté plus d'un milliard 500 millions, tandis que la signature de cinq nouvelles recrues est revenu à trois milliards de centimes. Quant aux deux émigrés Bouabdellah et Mokdad, qui reviennent au club, et selon notre source, ils seront rémunérés à hauteur de 18.000 euros par mois ! Ce qui nous donne un total de six milliards 300 millions, si ce n'est plus. C'est dire que le MCA est incontestablement le plus dépensier et à même de s'offrir qui bon lui semble grâce à la manne de Sonatrach qui, selon certains échos, devra verser trois milliards de centimes comme première tranche pour subvenir aux dépenses du stage en Pologne et régulariser les anciens qui ont rempilé. Si cet investissement est conçu dans un cadre de sponsoring, les autres clubs ont par conséquent le droit au même traitement, dans la mesure où cette entreprise étatique appartient tout de même à tous les Algériens. On ne peut prétendre qu'elle est l'actionnaire majeur du Mouloudia dans la mesure où le projet de SPA n'a pas encore vu le jour, ni sur le plan administratif, ni sur le plan juridique. C'est dire que Sonatrach peut toujours, en principe, contribuer au développement du football national en accordant, par exemple, des quotes-parts aux autres formations du pays et, pourquoi pas, aux clubs formateurs. A présent, il est certain que l'opération recrutement du MCA et dans la plupart de nos équipes se fait au gré de la loi «sauvage» de l'offre et de la demande, sinon sur quelles bases ont signé les Bentoucha, Hamadou, Yacef, Boudjenah, Boulekbache et Touil ? Se trouvera-t-il quelqu'un capable d'éclairer notre lanterne et, si possible, de nous convaincre ? C'est vraiment aberrant et illogique à la fois d'engager des joueurs à coups de centaines de millions pour chauffer le banc des remplaçants ou les libérer carrément la saison après. C'est le cas des Hamidi, Gouaiche, Harkat Sofiane, Ghenaia et Chahloul, recrutés par l'USM Annaba, où l'on avance le chiffre de 16 milliards de dépenses de début de saison de l'exercice précédent, sans compter les salaires versés aux entraîneurs qui se sont succédé comme Belhout, le Belge Henri Dépireux, Lounici, Ifticène et Latrèche pour terminer la saison à la dixième place, loin derrière le MCEE, le CABBA, la JSMB et le CRB qui ont un budget largement inférieur. Cette saison, on n'a pas dérogé à la règle avec le retour de Amrani à la barre technique et l'engagement de pas moins de dix nouveaux joueurs. A l'Entente de Sétif, pas mal de joueurs ont connu le même sort, surtout l'international junior Meguenni, qui risque d'être victime du manque de compétition. Cette année, les responsables de l'ESS ont déboursé plus d'un milliard de centimes pour le gardien Chaouchi, en attendant l'arrivée d'autres joueurs émigrés. Il est certain que ces privilèges avantagent certains clubs au détriment d'autres. A la JSK, on recrute grâce à l'argent, mais également grâce à sa crédibilité, même si elle a offert un pont d'or à l'étoile montante Yahia Chérif du RCK, sans parler de Chérif El Ouazani, Hadjaoui (ESS), Aoudia (USMAn) et Hamiti qui ne sont pas venus pour des miettes. Ce déséquilibre financier, constaté notamment en matière de sponsoring et de subventions, se répercute sur le marché des transferts et limite le champ de manoeuvre des clubs lésés qui, non seulement se contentent de quelques inconnus, mais ne sont plus en mesure de garder leurs meilleurs éléments, même si l'on doit reconnaître que c'est la loi de l'offre et de la demande en football. Il est malheureux de voir un club comme le Mouloudia d'Oran, par exemple, qui a éprouvé des difficultés pour régler les dûs des joueurs de la saison précédente, ou bien l'ASK qui vient d'être «vidée» de ses meilleurs joueurs faute de moyens financiers. Mais au Mouloudia, ou plutôt à Oran, c'est la faute de certains «acteurs» introduits dans le circuit, et cela s'est répercuté sur les clubs oranais sans exception. Il faut avouer que presque tous les présidents des équipes du Centre ou de l'Est ont leurs représentants ou dénicheurs de jeunes talents, dont le but est de se remplir les poches, même s'il faut vider les clubs comme le MCO, l'ASMO, l'USMO, le SCMO et le RCGO. Les exemples ne manquent pas avec nos présidents de club et leurs conseillers qui ne veulent pas admettre qu'en changeant plusieurs joueurs d'un coup, on risque de perdre de fait les automatismes acquis auparavant. Ainsi donc, les évènements s'enchaînent et des milliards sont injectés dans une discipline qui ne produit plus de joueurs susceptibles de s'imposer dans le concert international. Excepté le PAC et aussi paradoxal que cela puisse paraître, personne n'a songé à investir ou à concentrer la qualité du travail sur la tranche d'âge 8-12 ans, une catégorie d'âge où l'apprentissage est déterminant. Au fait, combien de générations de joueurs a-t-on perdu sans formation ? Comment rester donc insensible à tant de dégâts ? C'est de la mauvaise gestion caractérisée dans un pays où l'équipe nationale est composée de 90% d'émigrés. Notre objectivité nous oblige à dire que nous profitons du travail des clubs français et, de ce fait, l'Etat devrait se pencher sur cette question relative à la masse importante d'argent qui circule dans le milieu du football algérien et qui pourrait régler pas mal de problèmes relatifs au déficit en matière d'infrastructures sportives et de formation des encadreurs par exemple. Le contrôle de l'argent de l'Etat s'impose L'argent a fini par polluer le milieu, c'est une réalité que personne ne peut nier. Des sommes colossales sont dépensées, permettant parfois à quelques clubs d'étoffer leur palmarès, mais ce n'est pourtant pas là la seule clé du succès. Sinon, comment expliquer l'impuissance de nos clubs à l'échelle africaine ? Encore plus, comment peut-on parler de professionnalisme alors qu'on ne dispose pas du minimum requis pour faire de la performance ? Comment peut-on songer au professionnalisme dans un milieu où la combine et l'esprit contraire à la sportivité sont monnaie courante ? Et le drame, c'est que cela se fait avec l'argent de l'Etat ! Il est aberrant de voir certaines associations bénéficier de sponsors de sociétés étatiques ou d'entreprises privées, alors que des clubs formateurs se débattent dans des problèmes sans fin. Cet argent des associations doit être contrôlé parce que s'adressant à la jeunesse. Il s'agit ni plus ni moins de deniers publics, servis à titre de subventions et sous forme de sponsoring. Ce qui veut dire que l'Etat a le droit de regard sur l'utilisation de cet argent. En tout cas, si l'on compare la manne financière qui circule dans notre football à la qualité de nos joueurs, le «décalage» est effarant sur tous les plans. Ce qui signifie que cette politique ne nous mène à rien. Les hautes instances devront trouver une solution dans le but de stabiliser l'état des finances de façon à créer un budget autour du football. Ceux qui prétendent servir le football ou contribuer à son développement se sont-ils par exemple inquiétés du sort des autres clubs qui ont écrit pourtant une page de l'histoire du football algérien ? C'est le cas du GC Mascara et de l'US Chaouia qui ont été sacrés champions d'Algérie en 1984 et 1994, sans oublier Hamra Annaba, vainqueur de la coupe d'Algérie en 1972 et le CR Béni-Thour en 2001. On citera aussi la JSM Skikda, finaliste de la coupe d'Algérie en 1967, au même titre d'ailleurs que le CREC (1985), l'Entente de Collo (1986), la JS Bordj Menaiel (1987), l'ASAM (1994), l'O Médéa (1995) et l'OM Ruisseau, deux fois vainqueurs de la coupe d'Algérie des juniors (2003 et 2006). Que sont devenus toutes ces équipes et leurs jeunes ? Pourtant, c'est la JSM Tiaret qui a enfanté Benferhat, les Banus, Maïdi et Moussa Saïb, pour ne citer que ces exemples, ou celui de l'OMR qui a «sorti» des joueurs talentueux. |
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