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Il est 22 heures, ou 10 heures du soir, ki tebghou.
L'immeuble avait des airs de ruche géante. Toutes les lumières étaient
allumées, et ça carburait à plein régime. Les bruits sourds des voix
parvenaient à l'extérieur comme un bourdonnement d'un essaim d'abeilles
ouvrières. 22h10. Chez Otchimine, Dhaouia ne savait plus où donner de la tête.
Le thé, le café, zlabia et makrout... El hadj, plus grincheux que jamais, ne
cessait de répéter, «khoufi maa! Active ! le temps passe. Nos invités ne vont
pas tarder à rappliquer. Yadra le thé, rah wajed ?...»
22h20. «Dhaouiaaa...! Où est passée ma gandoura blanche, et sabati ?» «Ouin, ouin, ouin». «Mais qu'est-ce qu'il a le môme?» «C'est toi qui lui fais peur avec tes hurlements ?» 22h30. Zogha, la belle Zogha sifflotait gaiement, tout en s'affairant à la préparation de sa fameuse charlotte «à la Zogha», dans le secret le plus total. Reine dans sa cuisine. Gare aux curieux... aux critiques, et aux blancs d'oeufs qui ne veulent pas monter. «Ya lala ya tourkia...» scandait-elle d'une voix de stentor. «Ouin, ouin, ouin». «Mais qu'est-ce qu'il a le môme de chez Otchimine ?» cria-t-elle d'une voix tonitruante. 22h40. Chez H'mida, c'était le calme plat. Allongé sur un «sedari», un bandeau imbibé d'eau de Cologne serré autour de sa tête endolorie, le pauvre H'mida gémissait d'une voix à peine audible, «aïe, aïe, aïe rassi». 22h50. «Ouin, ouin, ouin», le pauvre chérubin s'égosillait, en vain. «Va voir ton fils ya benti !» 3 heures, 23h10... 23h20... 23h30... 23h40... Re-ouin, ouin, ouin... 23h50 !!! «Ça y est, tout est prêt» cria Dhaouia. «Ça y est, tout est prêt» chanta Zogha. «Aïe rassi» gémit H'mida. «Ouuuiiin!!!» hurla le garnement. 00 heure !!! ding, dung, dong! «Bouyaaaa! LMA JA, LMA JA, LMA JA...! «Agheu, agheu, lma, lma, lma...! Oh bébé a dit son premier mot ! |
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