Aussi vrai que les girouettes,
toutes les girouettes, ne s'arrêtent jamais de tournoyer que lorsqu'elles se
rouillent, le faux miracle continue encore et toujours à s'accomplir sous les
yeux exorbités de ce pays, trop vouté à (sup) porter son âge au point que même
ses propres «occupants» sont trop pressés de voir le temps... Enfin prendre
fin... Sous les cieux encombrés de ce pays, extra-naturellement pas comme les
autres, même un homme enfoui cent lieues sous terre, est capable de vous tirer
un pruneau dans le dos pour retourner benoîtement à son caveau et poursuivre
son sommeil de l'(in) juste... C'est l'histoire à décrypter à l'envers de
Chalachou qui voulut se payer le luxe exquis d'un grand saut dans le vide
sidéral, sans prendre la précaution vitale d'accrocher ses savates trop usées à
un élastique en boyaux de baudet. Se rappelant que le compte à rebours a déjà
commencé depuis longtemps déjà. Chalachou tente de rattraper le train en marche
sans jamais consentir à payer un traître ticket. Arrivé à la station dite du
«cimetière de tous les destins», il tombe nez-à-nez avec une faune en voie de
prolifération et joue des coudes pour se placer, se persuade-t-il, à
l'intérieur du «bon cercle». Pour Chalachou, l'urgence vitale est de faire un
«bon placement» et ne pas se laisser larguer loin, à l'extérieur du «bon
cercle». Parce que, parait-il, se rappelle encore Chalachou, pour être à l'abri
des coups tordus du sort et des gifles cinglantes de la vie, il faut avoir
appris à marcher sur la neige sans jamais laisser de traces, ne pas commettre
le sacrilège de mettre des bâtons dans les girouettes aux mécanismes bien
huilés, ne jamais blasphémer son chef-cannibale en chef, veiller à ne jamais
faire semblant de roter sur les autres quand l'écho de la bedaine résonne trop
dans le vide. Fouillant dans sa mémoire en charpie, Chalachou se souvint encore
de ces bons conseils de son trisaïeul, semi-combattant des causes perdues, pour
lui apprendre à devenir, lui aussi, un homme «décorporé», amorphe, incolore,
inodore et même invisible à l'oeil nu, sauf par le chas d'un port-monnaie
géant. Trop soucieux de réussir le grand plongeon dans le marigot des caïmans,
Chalachou sera retrouvé les pieds et poings liés avec du fil barbelé, le corps
lesté au fond du marigot avec la momie d'un alligator édenté. Le corps déposé
par dix mètres sous le marigot, sa citrouille, décapitée et éviscérée de toutes
les mauvaises pensées, sera retrouvée pendue à un mât si haut que personne ne
put jamais l'atteindre pour récupérer ce gros machin dépassant de sa bouche, si
grand'ouverte qu'on put jamais la fermer, à jamais...