|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
L'Egypte a fermé, depuis le 15 juin dernier, un point de passage
frontalier avec la Libye dit «Salloum» après l'apparition de la peste bubonique
dite «noire» à Tobrouk (Libye), à 125 km de la frontière égyptienne. Le
gouvernement égyptien a décrété un état d'urgence dans cette région
frontalière.
La situation est aussi inquiétante pour l'Algérie qui partage 982 km de frontières avec la Libye. Mercredi 17 juin, dix-huit cas de peste avaient été détectés dans l'extrême-est de la Libye, près de la frontière égyptienne, a rapporté l'OMS. Dépassée par l'événement, Tripoli avait sollicité une assistance de l'Organisation mondiale de la santé avant que cette dernière ne dépêche une équipe pour évaluer la situation. Pour l'heure, l'OMS dit ne pas posséder «un tableau complet» de la situation. La peste bubonique, transmise par des insectes comme la puce du rat, se traduit notamment par de la fièvre, des inflammations des ganglions et des douleurs musculaires et articulaires. Elle tue près de 200 personnes par an à travers le monde. Le journal égyptien «Qurayna» a rapporté que le ministère égyptien de la Santé a déclaré l'état d'urgence sur le poste frontalier ouest avec la Libye, de crainte de la transmission de la peste bubonique en Egypte. A l'opposé des Egyptiens, la presse libyenne se veut plus rassurante. Le ministre libyen de la Santé et de l'Environnement, Mohamad Hijazi, cité par la presse libyenne, a rassuré que la situation était «sous contrôle. Onze personnes ont déjà quitté l'hôpital», a indiqué le ministre, sans évoquer de cas mortels. Des médias libyens en ligne ont fait toutefois état de un à trois morts. «Nous menons une campagne massive pour nettoyer et désinfecter les lieux», a ajouté Hijazi, précisant que «la maladie est due notamment aux rats qui ont proliféré en raison de l'élevage des animaux à proximité des habitations». Selon ce ministre, les étables ont été détruites et une compagnie anglaise qui opérait à Tripoli a été dépêchée sur les lieux pour agir contre les rats. Dans le même sillage, le directeur d'un hôpital de Benghazi a indiqué à un journal libyen que l'épidémie de la peste bubonique a été entièrement maîtrisée et que l'ensemble des cas ont été guéris. La maladie avait déjà touché la Libye deux fois, dans les années 1970 et 1980. L'Egypte, déjà en butte à une épidémie de grippe A (H1N1) (avec 40 cas avérés déclarés), a dit n'avoir enregistré aucun cas de peste. Les deux pays coopèrent pour éradiquer cette épidémie. Le docteur Abderrahmane Chahine, porte-parole de la commission mixte des deux ministères libyen et égyptien de la Santé, cité par la presse égyptienne, a indiqué que les forces armées participent aux efforts de prévention, surtout à travers une campagne de désinfection par des moyens aériens des habitations et des échoppes de tous les villages frontaliers. Selon l'hebdomadaire égyptien Al Ahram, le ministre de la Santé, Hatem Al-Gabali, a fait le déplacement le 17 juin au point de passage de Salloum pour s'assurer que toutes les mesures nécessaires sont prises pour empêcher la peste bubonique de se propager en Egypte. Le ministre égyptien avait inspecté le service de mise en quarantaine du terminal et les opérations de nettoyage et de désinfection des véhicules provenant de Libye en vue d'éviter toute propagation de l'épidémie en Egypte. Jusqu'ici, aucun cas de peste n'a été enregistré. «L'Egypte est jusqu'à maintenant exempte de la peste, mais le danger réside dans les rats», a mis en garde le ministre égyptien de la Santé. Quelque 3.000 à 4.000 Egyptiens traversent quotidiennement le passage de Salloum, pour travailler de l'autre côté des frontières. 25 médecins ont été dépêchés à la frontière pour aider aux efforts de détection de la maladie chez les passagers, aidés notamment par des détecteurs thermiques. «Le vrai problème est celui des travailleurs égyptiens en Libye qui restent des jours avant de pouvoir traverser la frontière pour retourner chez eux, à cause de leur incapacité de payer les frais de passage qui s'élèvent à 500 dinars. Ceci est très propice à la propagation de la maladie», souligne de son côté un député égyptien cité par la presse du Caire. Des négociations sont actuellement en cours entre les gouvernements des deux pays pour trouver une solution à ce problème. A signaler qu'au XIVe siècle, la pandémie de peste bubonique connue sous le nom de peste noire fit environ 75 millions de morts, selon des estimations, dont plus du tiers de la population européenne. On pense qu'elle était apparue en Asie avant de s'étendre au Moyen-Orient, à l'Afrique et à l'Europe. |
|