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Après l'examen dans le fond de la demande de l'Algérie auprès des instances judiciaires britanniques pour l'extradition de Rafik Abdelmoumène Khalifa, condamné par contumace en 2007 par le tribunal criminel de Blida à la prison à perpétuité, et qui aura duré près de 7 mois, le juge Timothy Workman du tribunal de Westminster, près de Londres, a accepté jeudi l'extradition de l'ex-milliardaire algérien. A l'énoncé du verdict, pour le moins très attendu par les autorités algériennes, le juge Timothy Workman a estimé que «l'extradition de Khalifa ne contrevenait pas à la Convention internationale des droits de l'homme». Le magistrat a précisé qu'il était «convaincu que les assurances données par l'Algérie quant au respect des droits de M. Khalifa étaient à la fois fiables et de toute bonne foi». Le juge a souligné cependant et en utilisant le conditionnel que «si Khalifa revenait dans son pays, sa condamnation serait annulée et qu'il aurait droit à un nouveau procès équitable et dans un délai raisonnable». M. Workman a également déclaré «n'avoir trouvé aucune preuve permettant de soutenir que l'accusé était victime d'un règlement de compte politique, comme l'affirme sa défense, de la part du président de la République». De son côté, le ministère de la Justice a publié un communiqué à l'issue de cette décision, en indiquant que «la décision d'extradition a été prise suite à une série de procédures qui ont abouti à l'annonce de l'acceptation de la demande algérienne en la forme et à l'examen ensuite de l'objet de la demande, la vérification des pièces à conviction, en s'assurant que les conditions qui garantissent un jugement équitable du concerné devant les tribunaux algériens sont réunies, et ce au cours de nombreuses séances d'audition des témoins, d'experts et des plaidoiries des avocats». Le même communiqué rappelle tous les griefs retenus contre Rafik Abdelmoumène Khalifa en fournissant aux instances judiciaires britanniques tous les documents relatifs à la falsification de l'hypothèque de la villa familiale et d'un local commercial jusqu'à la constitution du groupe Khalifa, dont le seul propriétaire est également accusé de vols survenus au niveau des différentes agences d'El Khalifa Bank sur son ordre, la gestion anarchique et la négligence ayant marqué les transferts de devises sous le couvert de diverses transactions qui étaient en réalité, selon la liste des chefs d'accusation, des détournements organisés. Réfugié au Royaume-Uni en 2003, Khalifa a été arrêté le 27 mars 2007 sur le territoire britannique dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen délivré par le tribunal de grande instance de Nanterre, près de Paris, qui avait, pour rappel, ouvert en fin 2003 une information judiciaire pour abus de confiance, banqueroute par détournement d'actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée. Paris avait introduit auprès du gouvernement britannique une demande d'extradition, une demande dont l'examen a été gelé dans l'attente d'une décision définitive de la demande algérienne qui avait pris le pas sur celle du gouvernement français. Il ressort de cette décision que les garanties données par la partie civile, en l'occurrence la justice algérienne, quant à la tenue d'un procès équitable de l'un des auteurs du plus grand scandale financier qu'a connu l'Algérie, ont été déterminantes. Ce volet avait constitué le cheval de bataille des avocats de la défense qui ont à chaque fois mis en avant les inquiétudes de l'accusé de se voir jugé dans des conditions défavorables, en allant même jusqu'à évoquer les risques de torture que pourrait subir leur client, et n'ont à aucun moment relevé des anomalies dans les chefs d'inculpation retenus contre l'accusé. Après l'annonce de la décision, les avocats de l'ex-milliardaire, dont Maître Anna Rothwell, ont fait savoir qu'ils allaient faire appel, alors que l'accusé n'aurait nullement réagi. |
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