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Régime iranien affaibli

par Aïssa Hirèche

Déjà dans le collimateur des Occidentaux pour son refus de renoncer à son programme nucléaire, le régime iranien a offert à ceux-ci l'occasion d'engager contre lui une vaste nouvelle campagne de diabolisation sur le thème, cette fois, de la dénonciation de la répression brutale dont il use pour faire taire la protestation populaire qui s'est élevée dans le pays, en rejet du résultat de l'élection présidentielle qui a donné vainqueur le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad. Comme tout pouvoir autocratique, celui de Téhéran a fait donner la force contre la colère des citoyens. Il est naturel et de saine réaction pour tous les démocrates d'en dénoncer le comportement répressif et d'exprimer leur solidarité aux citoyens iraniens qui expriment pacifiquement leur refus de la spoliation électorale dont ils s'estiment les victimes. Aussi, ne peut-on que souscrire à l'élan de solidarité internationale qui s'exprime en faveur du peuple iranien, interdit d'expression et réprimé de manière sanglante. En engageant la répression contre le mouvement de contestation, le régime iranien parviendra peut-être à briser sa dynamique, mais il a à coup sûr perdu l'atout qui faisait la force de sa position dans le bras de fer qui l'oppose aux Occidentaux sur la question de son programme nucléaire. Jusqu'à l'embrasement provoqué par le résultat de l'élection présidentielle, le pouvoir iranien a eu en effet beau jeu de présenter sa position sur le dossier du nucléaire comme découlant d'un consensus national auquel dirigeants et peuple ont adhéré. Même s'ils ont mis en doute la réalité de ce consensus, les Occidentaux n'ont pu convaincre l'opinion internationale que le peuple iranien est contre le projet nucléaire poursuivi par le régime. Il leur est désormais plus aisé de «surfer» sur cet argument en faisant l'amalgame des raisons du peuple iranien l'ayant poussé à la confrontation avec le pouvoir en place à Téhéran et sa prétendue opposition au programme nucléaire de celui-ci. Et cela quitte à attiser par différentes voies les brandons de la discorde interne survenue en Iran suite à l'élection présidentielle. Que le mouvement de protestation déclenché par le résultat électoral cesse, n'est pas pour arranger les calculs occidentaux.

L'Iran sera de ce fait et pour longtemps encore la cible des gouvernants et des médias de cet Occident, dont on sait par ailleurs que l'indignation s'agissant du déni de démocratie et d'atteintes aux droits et libertés humaines est sélective et pour tout dire à la carte, en fonction de leurs intérêts nationaux.

En Georgie par exemple, les opposants manifestent tous les jours depuis le 9 avril pour obtenir le départ du président Mikhail Saakachvili qu'ils jugent responsable d'une situation économique et politique désastreuse. Les chancelleries et médias occidentaux ignorent absolument cette «protesta» géorgienne. Et cela parce que si Saakachvili s'est mué en un potentat autocrate, il conserve à leurs yeux le mérite de diriger un pouvoir qui fait de la Géorgie un terrain de manoeuvre aux opérations de déstabilisation contre la Russie proche.

Raison donc pour bien décrypter les motifs de la grande sollicitude occidentale à l'égard du peuple iranien et mettre en garde contre son aspect cyniquement intéressé.