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«Gaza est venu également nous rappeler les risques considérables pris par
les acteurs de l'humanitaire.»
La phrase est de l'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, lors d'une réception qu'il a offerte lundi en l'honneur des acteurs de la société civile qu'il a réunis à l'occasion de la célébration du 150e anniversaire de la bataille de Solferino (24 juin 1859) coïncidant avec la naissance du droit humanitaire. «La bataille finale de la campagne d'Italie de Napoléon III aurait pu être retenue par les historiens comme un simple fait d'armes, mais le hasard a voulu que cet affrontement devienne à la fois l'un des symboles de l'horreur de la guerre moderne et le point de départ du droit humanitaire», avait-il fait savoir. Droit auquel s'est consacré tout en premier Henry Dunant, un Français qui s'était établi pendant quelques années en Algérie, «une terre qu'il a aimée» dit l'ambassadeur. «Choqué par l'ampleur des pertes humaines, il fut encore plus révolté par la carence et l'inorganisation des secours (...). Dunant a décidé donc de se consacrer jour et nuit aux blessés de toutes nationalités, aidant le personnel soignant, servant d'interprète ou écrivant aux parents des victimes», dit Driencourt. C'est par son témoignage «Un souvenir de Solferino» publié en 1862 que Dunant ou «l'homme en blanc» interpellera l'humanité sur le sort des blessés de guerre et proposera une idée révolutionnaire: la création d'une organisation permanente des secours aux blessés de guerre et la neutralisation des blessés et des services sanitaires en temps de conflit.» C'est ainsi qu'émergea l'idée de Croix-Rouge qu'une conférence internationale a débattue en 1863 à Genève à travers la présentation de la proposition de Dunant aux Etats. «Témoin pour la conscience humaine» Le Croissant-Rouge fera, lui, son apparition sur le champ de bataille en 1876 à l'occasion d'une nouvelle guerre russo-turque, à la demande de la Sublime Porte. Driencourt note que «le monde musulman rejoignait ainsi, presque dès l'origine, le mouvement humanitaire international, en confortant ainsi sept principes fondamentaux: humanité, impartialité, neutralité, indépendance, caractère bénévole, unité et universalité». Il a aussi affirmé que la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (qui) a fêté ses 90 ans en mai dernier à Paris en présence du président Sarkozy, est le plus vaste réseau humanitaire du monde avec 186 sociétés nationales et plus de 100 millions de personnes dans 34 pays. La fondatrice de l'infirmerie moderne, Florence Nightingale, est «l'autre pionnière du mouvement international de la Croix-Rouge» ou «la dame à la lampe» à laquelle a fait aussi référence l'ambassadeur de France. Driencourt a tenu à «saluer le travail réalisé il y a cinquante ans, malgré un manque cruel de moyens et des risques quotidiens, par les hommes et les femmes du Croissant-Rouge algérien, qui vinrent en aide aux blessés de l'ALN, aux populations réfugiées au Maroc et en Tunisie et aux prisonniers». Aussi, entre autres victimes auxquelles l'ambassadeur a-t-il demandé d'avoir une pensée, «les peuples d'Afrique et d'Asie qui ont consenti tant de sacrifices pour leur indépendance, notamment ici en Algérie !». Il rendra hommage par la même occasion «à l'action du CICR en Algérie et en France métropolitaine de 1955 à 1962 (...)». Il estime que le mouvement international de la Croix-Rouge a été «un témoin pour la conscience humaine et un acteur pour soulager le sort des plus vulnérables». Ce qu'il qualifie «d'oeuvre immense au service des hommes» qui lui a valu, a-t-il rappelé, «quatre prix Nobel de la paix: pour Henry Dunant en 1901, année de la fondation de ce prix, pour le CICR en 1917 et 1944, les dates parlent d'elles-mêmes, pour la Ligue des sociétés de la Croix-Rouge et le CICR en 1963». Mais, souligne-t-il, «des violations graves persistent, en même temps que des menaces nouvelles comme les catastrophes naturelles provoquées par le changement climatique ou la crise économique mondiale (...)». 2,6 milliards de personnes sont vulnérables «soit la moitié de la population mondiale». Celles de Gaza ont reçu, selon Driencourt, une aide d'urgence de la France de 6,5 millions d'euros sur une aide totale aux territoires palestiniens de 68 millions d'euros. «L'homme en blanc» et «la dame à la lampe» Le 60e anniversaire de l'UNRWA (agence des Nations Unies pour les réfugiés) sera célébré en septembre prochain à New York. Agence qui, selon l'ambassadeur, fournit des services multiples à près de 4,6 millions de Palestiniens. «Il est important aujourd'hui de rendre hommage à ses femmes et à ses hommes, car ils permettent aux Palestiniens de garder l'espoir de fonder un jour, que nous espérons tout proche, un Etat viable et démocratique vivant en paix et en sécurité aux côtés d'Israël», a-t-il souligné. Gaza, à ses yeux, «est venu également nous rappeler les risques considérables pris par les acteurs de l'humanitaire». En 2008, 260 agents humanitaires ont été tués, enlevés ou gravement blessés dans le monde entier. En Algérie aussi, ajoute-t-il, la communauté humanitaire a été endeuillée le 8 mai dernier par un accident de la circulation près de Tindouf qui a coûté la vie à trois humanitaires dont deux femmes. Il rendra «un hommage appuyé à l'ensemble de la communauté humanitaire d'Algérie, aux nombreuses organisations et associations algériennes et étrangères qui oeuvrent à l'amélioration des conditions de vie éprouvantes des réfugiés sahraouis de Tindouf, avec notamment le soutien de l'agence européenne ECHO, du HCR, du PAM et de la coopération espagnole». Il en fera de même pour «tous ceux qui sont intervenus aux côtés de la protection civile algérienne lors des inondations de Bab El-Oued en 2001, du terrible séisme de Boumerdès en 2003 ou des inondations de Ghardaïa l'an dernier». Il saluera tout autant «toutes les organisations qui viennent en aide aux plus vulnérables, aux handicapés, aux enfants, aux femmes victimes de violence ou aux migrants d'Afrique subsaharienne». Organisations qu'il qualifie, «aux côtés de celles des droits de l'homme, d'acteurs essentiels de la relation entre les peuples algérien et français dont les destins sont si imbriqués». Pour lui, «c'est pour faire fructifier cette dimension humaine de nos relations que la France a lancé en 2007 le programme concerté pluri-acteurs Algérie». Ce programme a, selon lui, permis de soutenir des dizaines de projets d'associations des deux rives de la Méditerranée dans les domaines de l'enfance et de la jeunesse. Le mot de la fin: «l'homme en blanc» et «la dame à la lampe» ont sacrifié leur vie au nom de leur engagement humanitaire. L'un, raconte Driencourt, «dut faire face à la ruine de sa société en Algérie (...) et vécut plus de trente ans dans le dénuement et l'oubli notamment en France (...); l'autre contracta aux côtés des blessés britanniques de la guerre de Crimée, une maladie rare qui la handicapa pour le restant de sa vie.» Mais, a-t-il dit, «c'est bien par la force de leur âme et de leur exemple que les acteurs de l'humanité essaient chaque jour sur le terrain (...) de faire taire les armes et les souffrances (...). C'est pour leur rendre hommage que nous nous sommes réunis ce soir.» |
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