Un simple coup d'oeil aux petites annonces parues dans la presse ou
encore un tour chez les agences immobilières vous renseignent sur la folie des
cours qui s'est emparée du rayon location depuis quelques mois. «C'est de la
folie furieuse», s'emportera Khaled, nouvellement marié, à la recherche d'un
petit F2. «Les prix sont devenus incontrôlables et on a l'impression que c'est
la porte ouverte à tous les excès», dira-t-il après avoir frappé à toutes les
devantures des agences immobilières. «Parfois, ils sont indisponibles même si
l'on met le prix». L'autre formule est celle des petites annonces qui évite de
passer par les agences immobilières «suspectées» de gonfler les prix et surtout
de prendre un treizième mois qui fait mal à la poche. Les mêmes mots reviennent
dans la bouche de Nadia et Hichem, un couple de fonctionnaires avec deux
enfants en bas âge. « Nous avons mis toutes nos économies et nous avons dû
emprunter le reliquat pour acheter un F3 dans un programme socio-participatif
mais en attendant, on est obligé de se débrouiller un toit, mais avec les loyers
exigés, c'est mission impossible», constate, amer, Hichem qui pense à emménager
chez sa belle-famille en dernier recours. Du côté des «professionnels» de la
location-vente, il n'y a pas d'explication rationnelle à cette envolée des baux
de location, si ce n'est l'implantation d'entreprises étrangères sur le sol de
la wilaya d'Oran. Pour Majid, gérant d'une agence immobilière, l'afflux des
étrangers a déréglé complètement les cours de la location et les particuliers
ne se privent plus pour augmenter les prix en ciblant particulièrement cette
catégorie de clients au détriment des nationaux, puisque les entreprises ne
marchandent généralement pas. Ces dernières trouvent également leur compte
puisqu'en termes d'économie, elles préfèrent louer un appartement pour leurs
cadres au lieu des chambres d'hôtels qui leur reviennent, à la longue,
onéreuses. L'exemple de la cité Akid Lotfi est
illustratif à plus d'un titre, des nouvelles moeurs régissant le secteur de
l'immobilier, compte tenu de la courbe ascendante prise par le marché de
l'immobilier sur ce site dédié exclusivement aux logements socio-participatifs.
«Les F2 se monnayent à partir de 450 millions, c'est de la pure folie»,
s'inquiète Mohamed, courtier de son état. Et de remarquer, incrédule, que ce sont
les particuliers qui ont décidé de cette nouvelle direction à donner au marché.
En effet, ces derniers, sentant le bon filon, se sont carrément détournés de
leurs clients traditionnels pour s'attaquer aux nouveaux locataires qui payent
«rubis sur ongle et ne créent pas de problèmes». C'est le cas de Farid,
propriétaire d'un F4 qu'il a rénové et loué à une entreprise étrangère à 10
millions par mois. « L'essentiel pour moi est de rentabiliser au maximum mon
investissement même s'il ne m'a pas coûté autant et j'espère dégager un
cash-flow à la fin de l'année». Les raisons qui l'ont poussé à traiter avec une
entreprise sont économiques, mais également « pour ne pas être contraint de
gérer les problèmes qu'on rencontre généralement avec nos concitoyens ». L'autre
cas de figure parlant est celui des nouvelles cités récemment inaugurées. Haï
Ennour, El Yasmine, des noms de fleurs où cela ne sent pas toujours la rose.
Les loyers y sont aussi « prohibitifs » qu'au centre-ville ou dans les cités à
l'intérieur du tissu urbain. Mehdi n'en revient toujours pas des prix demandés
par les agences. « Je voulais louer un simple F2 pour un bureau et,
sincèrement, je ne pensais pas que ça allait excéder les 6 ou 7 mille balles,
mais impossible de l'avoir à moins de 14 mille», racontera-t-il son aventure à
la recherche d'un F2. «La mode actuelle est à l'achat d'un appartement selon
l'une des formules mises en application, de le retaper et de le louer au plus
offrant, de préférence pour les étrangers», résumera Mohamed, le courtier, la
situation du marché de l'immobilier.