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Le match Algérie-Zambie n'était pas encore terminé que les youyous, les
cris de joie et les klaxons des voitures un peu partout à Oran ont reproduit
presque la fête de la victoire contre l'Egypte. Deux jeunes hommes sur une moto
se dégagent de la cohue qui s'est constituée au croisement de la rue Thiers et
la rue Larbi Ben M'hidi. Ils étaient pressés de se donner à voir parce qu'ils
portaient un parasoleil aux couleurs nationales. Sûrement, ils ont fait des
jaloux. Ceux qui ont marqué la première halte à ce niveau de la rue principale
d'Oran ont restitué à l'identique les danses du stade. Avec cette différence,
cependant: c'est le drapeau national qui a été à l'honneur. Leur joie et leur
excitation ne leur ont pas fait perdre leur sens du civisme. Ils ont laissé
filer deux bus et quelques voitures. Mais, rapidement, ce point s'est
transformé en goulot d'étranglement pour la circulation. Et pour cause, des
véhicules de fêtards se sont joints à ce groupe.
Les magasins des alentours n'ont pas baissé leur rideau, sauf une vitrine de chaussures détenue par des étrangers. Ceux-là n'ont sûrement pas encore surmonté le choc de mai de l'an dernier. Pour rejoindre l'autre cortège qui s'est formé plus loin, les conducteurs des voitures ont rompu le regroupement. Avec des scènes d'inconscience pour certains. Des gosses se sont agrippés sur le capot d'un véhicule qui faisait de la vitesse. Heureusement que la scène s'est terminée sans dégâts. Profitant de la fermeture de la rue Kerras Aoued où se trouve le consulat d'Espagne, une bande de jeunes a sorti tout un attirail de fête: des tambourins, des castagnettes en métal, entre autres. Ils ont essayé vainement d'attirer la foule. Leur «cacophonie» a été presque étouffée par les klaxons. Mais comme la fête est aussi une affaire de suivisme, certaines voitures se sont engouffrées par imitation dans le faisceau de ruelles parallèles et perpendiculaires à la rue d'Arzew. Un second important attroupement s'est constitué au niveau de la place des Victoires. Des jeunes venus des quartiers voisins ont investi ce carrefour important. Un premier spectacle a attiré l'attention des présents. Un jeune homme de constitution physique très forte est monté sur le toit d'un véhicule. Obéissant aux sollicitations de ses camarades, il a failli endommager le véhicule en se lançant en l'air pour chuter sur le toit. Mais vite, la foule a repris l'initiative. Déployant de grands drapeaux, des fans se sont livrés à leurs danses préférées. Pour associer les jeunes femmes qui se sont agglutinées aux abords de la place, ils ont commencé à crier «inchaallah elle ne se mariera pas celle qui ne déploiera pas sa gorge en youyous». Il ne fallait pas trop insister. Des jeunes filles, dont certaines portant le hidjab, se sont glissées au milieu des garçons. Ce mélange a eu lieu sans la moindre animosité. Deux gosses, venant de la rue Arago, commencent à tambouriner. Le rythme qu'ils ont produit a eu de l'effet. Des femmes ont fini par surmonter leur retenue et se sont jointes de bon coeur à la fête. Cette dernière a perdu pendant quelques moments son caractère juvénile et, surtout, celui de l'empreinte du stade. Elle devient populaire. Pendant ce temps-là, un dispositif sécuritaire s'est mis discrètement en place. Encore une fois, les fêtards ont fait preuve de civisme. Un jeune se dégage de la foule pour inciter ses semblables à laisser passer les bus. Cette fête qui manque d'entrain comparée à celle vécue suite à la victoire face à l'Egypte ne fait que commencer. La chaleur et surtout l'horaire où elle a démarré l'ont amputé de beaucoup de participants. La soirée et la nuit s'annoncent déjà chaudes. En attendant, des dizaines et des dizaines de citoyens ont déjà immortalisé ces moments. Celles et ceux qui ne participaient aux chants et aux danses avaient leurs portables à la main pour prendre des photos. Un vieux, apparemment émigré, ne s'est pas empêché de sortir un appareil photo d'un autre calibre. Exhibant son enfant et le drapeau national, il a demandé un passant de les prendre en photo. Un souvenir à étaler aux siens une fois dans le pays d'accueil... |
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