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Malgré la décision des autorités de sanctionner l'émigration clandestine
en instaurant un délit de «sortie illégale du territoire national», les
candidats à l'exil continuent de faire la fortune des passeurs, encouragés par
les récits colportés de bouche à oreille de ceux qui ont réussi la traversée.
Durant les cinq premiers mois de l'année en cours, les services de la police
judiciaire et de la Gendarmerie nationale d'Oran ont arrêté 96 personnes pour
tentative d'émigration clandestine dont 91 ont été écrouées. Selon un bilan
communiqué par les mêmes services en 2008, 140 harraga ont été interpellés et
12 tentatives ont été avortées, contre 17 tentatives et 177 arrestations en
2007. Les candidats à l'émigration clandestine, ou les «harraga», tentent de
rejoindre l'autre rive de la Méditerranée, à bord d'embarcations de fortune.
Ils finissent souvent dans les filets des gardes-côtes pour les plus chanceux
ou périssent dans le large. L'année dernière, les gardes-côtes ont repêché
quarante-huit corps de personnes noyées au large de ces côtes et enregistré la
disparition en mer d'une dizaine de candidats à l'émigration clandestine vers
l'Espagne. En effet, l'identité de harraga pose toujours problème pour les pays
de destination, ainsi qu'aux pays d'origine des migrants. Certains, ayant
réussi à traverser la Méditerranée, détruisent leurs documents d'identité. En
effet, pas moins de 70 demandes de recherches ont été déposées par les familles
de «harraga» auprès du service de rétablissement des liens familiaux (RLF) de
la section du Croissant-Rouge d'Oran. Selon la responsable de se service,
toutes les demandes sont restées sans réponse. En outre, le projet de loi
portant sur les nouveaux amendements du code pénal discuté par le Conseil de la
nation en janvier dernier prévoit une peine d'emprisonnement de 2 à 6 mois et
une amende de 20.000 à 60.000 DA ou de l'une de ces deux peines seulement à
l'encontre de tout Algérien ou étranger résidant qui quitte le territoire
national d'une façon illicite. Conformément au projet de loi, la même peine est
applicable à toute personne qui quitte le territoire national en empruntant des
lieux de passage autres que les postes frontaliers.