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Union européenne: La commission européenne sous tutelle de la droite politique

par Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med

Après avoir critiqué fortement le rôle de la Commission européenne et son président Manuel Barroso pour sa léthargie et son manque d'initiative depuis le début de la crise financière et économique internationale, Paris et Berlin ont déclaré, soudain, leur soutien à la reconduction de M. Manuel Barroso pour un deuxième mandat à la tête de l'exécutif européen.

Quelle stratégie cache ce soutien inattendu ?

Le président français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont déclaré jeudi, lors d'une rencontre à Paris, ouvertement leur soutien à la candidature de l'actuel président de la Commission européenne, le Portugais Manuel Barroso, à un deuxième mandat de cinq ans à la tête de «l'exécutif européen». Ce soutien est d'autant plus inattendu que le président français avait critiqué, vertement, l'attitude de la Commission européenne et de son président pour son absence de réaction aux effets de la crise financière internationale qui a secoué l'Europe dès la rentrée sociale de 2008. Cela s'est passé durant la présidence française de l'Union au deuxième semestre de 2008. Rappelons que le président français avait pris les devants en convoquant un mini Sommet, début novembre à Paris, des principaux pays de l'UE, notamment ceux de l'euro-lande, avant d'appeler au 1er Sommet dit du «G 20» à Washington le 28 novembre 2008. Durant toute la présidence française de l'Union qui a coïncidé avec l'autre crise politique, celle de la guerre russe en Géorgie, le rôle de la Commission européenne a été complètement effacé par l'activisme (volontarisme diront d'autres) de Nicolas Sarkozy. Il est évident que la France s'est, depuis, attribuée un rôle de leader au sein de l'Union. Mais ce gain politique de la France n'est pas sans conséquence sur la solidarité européenne d'abord, ensuite sur le poids de l'Union dans le monde. En privilégiant «la méthode intergouvernementale» qui consiste à réunir deux, trois ou plusieurs pays de l'Union pour initier une quelconque action politique ou économique au nom de l'UE, le président français a porté un sérieux coup à la traditionnelle «méthode communautaire» qui se faisait par consensus entre tous les Etat-membres. L'exemple est édifiant avec l'actuelle présidence tchèque de l'Union : inexistante, allant jusqu'à la démission du président du Conseil, la plus haute autorité de l'Union. C'est pourquoi le soutien des deux pays leaders de l'UE, que sont la France et l'Allemagne, à Barroso, ne peut s'expliquer autre, que par la volonté de maintenir la Commission européenne dans un rôle secondaire, au profit de la liberté d'action des Etats selon leurs poids et intérêts nationaux au sein de l'Union. L'Allemagne est le premier contributeur au budget communautaire et la France, troisième contributeur, est le premier bénéficiaire des subventions (40 %) de la politique agricole commune (PAC). «Nous soutiendrons les choix de l'Allemagne - celui des commissaires - et l'Allemagne soutiendra les choix de la France», a déclaré Sarkozy lors de la conférence de presse conjointe avec Angela Merkel, avant d'ajouter «c'est Monsieur Barroso et un programme, ou un programme et Monsieur Barroso». Le ton ressemble, à s'y méprendre, à un «ordre» de route pour le prochain président de la Commission. Dans les circonstances des résultats des élections européennes du 7 juin dernier, M. Manuel Barroso n'aura aucune difficulté pour être reconduit à son poste. La vague bleue a déferlé sur l'Europe donnant aux libéraux conservateurs une majorité confortable au Parlement européen (PE). Rappelons que la candidature à la présidence de la Commission est tributaire de l'accord du PE. Jeudi dernier à Paris, Sarkozy et Merkel se sont rencontrés pour, selon le communiqué de l'Elysée, «préparer» le prochain Conseil européen qui se tiendra le 18 et le 19 juin. Est-ce à dire que les autres pays-membres de l'UE se présenteront au Conseil sans agenda, sans demandes précises ? Par ailleurs, que fait la Tchéquie qui assure la présidence actuelle de l'Union et à qui revient le rôle et le droit de fixer l'agenda du Sommet ? Elle aurait pu être invitée à Paris pour sauver au moins les apparences. A décharge de la France et de l'Allemagne la piètre présidence tchèque de l'Union. En revanche, il aurait été plus juste que les Etats dits «locomotive» de l'UE tels la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne ou l'Italie aient assisté et soutenu la Tchéquie dans ses difficultés à la tête de l'UE, affirmant ainsi le principe sur lequel s'est bâtie l'UE depuis un demi-siècle, celui de la Solidarité communautaire. La Suède, qui prendra le relais de la présidence tournante de l'Union au 1er juillet prochain, aura fort à batailler sur les dossiers «chauds» de l'UE, tels ceux de l'immigration, du réchauffement climatique et de l'énergie autant que de l'initiative européenne en matière de politique étrangère (Moyen Orient ; Partenariat transatlantique, Russie...). La Suède est gouvernée par un régime de gauche, de type social libéral. Elle aura en face 21 pays sur les 27 que compte l'Union, gouvernés par la droite libérale.