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L'allaitement
maternel est une pratique qui a été abandonnée par beaucoup de familles algériennes,
pourtant si conforme à leur tradition, et bien que les spécialistes soient
unanimes pour déclarer que le lait permet d'éviter 13% de la mortalité
infantile durant les 6 premiers mois de vie du nouveau-né. L'allaitement
maternel prévient les hémorragies de la délivrance, souvent à l'origine du
décès des femmes enceintes, des cancers du sein et du col de l'utérus et de
l'ostéoporose. L'allaitement au sein est un vaccin naturel et une forme de
«médecine préventive» efficace et peu coûteuse pour la société. Les enfants
nourris au lait maternel ont trois fois moins de risques d'être hospitalisés
pour une infection bactérienne sévère ou une méningite que les enfants nourris
au lait industriel. C'est pour cela que l'allaitement naturel figure parmi les
25 objectifs de la déclaration mondiale en faveur de la survie, de la
protection et du développement de l'enfant et le programme national de
périnatalité et du programme «Hôpital ami des bébés».
La wilaya d'Oran a été la première à se lancer dans cette expérience au niveau national, suite à l'initiative du Dr Benbrahim Fatiha. «L'hôpital ami des bébés est né d'une formation que j'ai reçue en 1995 au laboratoire de biostatistiques à l'INESM et à l'ITSP. Je me suis posé la question: pourquoi pas un hôpital ami des bébés en Algérie?», dira Mme Benbrahim, coordinatrice du projet des hôpitaux des amis des bébés, qui occupe actuellement le poste de directrice de l'établissement hospitalier spécialisé en gynécologie, maternité, pédiatrie et chirurgie infantile (Les Pins) au quartier populaire des Planteurs. « A l'époque, j'étais médecin de cité universitaire. J'ai alors commencé les démarches par la création d'une association pour la promotion de l'allaitement maternel, conformément aux recommandations de l'UNICEF. J'ai reçu ensuite une bourse de la part du ministère de la Santé pour une formation en France. A mon retour, j'ai déposé une demande pour un projet de recherche sur l'allaitement maternel auprès de l'Agence nationale de développement et de recherche en santé. Mon projet a été agréé et c'est ainsi que j'ai lancé mon enquête». «J'ai fait une étude comparative sur l'allaitement maternel sur un échantillon de 3.000 femmes en âge de procréer». Le projet de Mme Benbrahim, qui consiste en la prise en charge totale durant la grossesse et l'accouchement, avec un suivi de l'état du bébé jusqu'à sa sortie de l'hôpital, a été effectivement concrétisé à Oran à travers deux expériences : la première a donné lieu à la réalisation d'un service de maternité au quartier Es-Sanaouber, baptisé actuellement «Etablissement hospitalier spécialisé de gynécologie, maternité, pédiatrie et chirurgie infantile». Cet hôpital a réalisé des résultats probants en matière d'allaitement. Selon les statistiques recueillies auprès de la directrice de cet établissement, le taux de l'allaitement naturel exclusif au 8e jour de la naissance a été estimé, de mars à septembre 2008, à 95,12%. Pour la mise au sein précoce, soit durant la première demi-heure après l'accouchement, le taux est de 77,81%. Pour la période allant d'octobre à décembre, l'allaitement exclusif au 8e jour est estimé à 93,39%. Et il est estimé à 87,61% pour les mois de janvier et février 2009, contre 32,6% pour la mise au sein précoce. La deuxième expérience a été réalisée au sein de l'établissement hospitalier spécialisé en gynécologie, maternité, pédiatrie et chirurgie infantile Benyahia Zahra en 1997. Ces établissements ont reçu la visite de nombreuses délégations de la tutelle et de l'UNICEF pour évaluer sur place l'état des lieux. L'équipe qui supervise ces deux expériences a bénéficié de neuf cycles de formation de 1996 à 2007, lesquels ont été encadrés par des spécialistes en la matière. L'obtention du label «Hôpital des amis des bébés» nécessite, a-t-on expliqué, la mise en application des dix recommandations, parmi lesquelles le taux de l'allaitement naturel ne doit pas être de moins de 70%. Abordant l'expérience du bébé «kangourou», qui consiste à mettre l'enfant né prématurément sur le buste de sa mère et à le nourrir avec le lait maternel, Mme Benbrahim se souvient toujours du bébé S., né après six mois et une semaine de grossesse, avec un poids de 700 grammes. Le premier à Oran qui a bénéficié de cette méthode, qui «a prouvé son efficacité car tous les bébés nés prématurément ont survécu et se portent bien». |
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