Un Franco-algérien au sommet du mythique
Everest, c'est ce que vient de révéler le quotidien français Libération.
L'exploit ne se limite pas au fait d'avoir embrassé le toit du monde, Nadir
Dendoune, ce fils d'émigré né à Saint-Denis, puisque c'est de lui qu'il s'agit,
avait déjà défrayé la chronique en parcourant Paris-Sidney en VTT et en faisant
le bouclier humain à Bagdad en 2003. Sans aucune expérience en alpinisme,
Dendoune est le premier franco-algérien à avoir gravi le sommet du monde.
Auteur déjà de deux livres, le phénomène ne s'est pas empêché de se prendre en
photo au sommet de l'Everest, arborant fièrement sur un carton le numéro de son
département. Dans un entretien accordé au journal français, Dendoune, «qui rêve
d'une reconnaissance sociale», affirme qu'il en a marre des clichés sur la
banlieue. «Pour être un aventurier, il faut être blanc, s'appeler Vincent...
J'ai fait l'Everest parce que je voulais aller là où on ne m'attendait pas»,
dira-t-il. Rappelant les moments difficiles de sa jeunesse, il avouera que le
vrai déclic s'est opéré le jour où on l'a considéré comme un Français à part
entière. «J'ai quitté la France en1993, pour un raid en VTT jusqu'à
Sydney. Et c'est là que ma vie a changé», poursuivra-t-il. Après un séjour de
plus de sept années, Dendoune obtiendra la nationalité australienne en 2001 et
deviendra ainsi le premier australo-beur. «Aujourd'hui, j'ai
troispasseports (français, algérien, australien) mais pas de vraie
identité, c'est un peu triste», avouera-t-il. Abordant son exploit, il a
indiqué que l'aventure a commencé en 2001 lors de son passage à Katmandou à
l'arrivée au niveau d'un camp de base de l'Annapurna. C'est là que l'idée de
relever ce nouveau défi a germé dans sa tête. «Quitte à souffrir, que ce soit
pour la plus belle montagne du monde et la plus haute», dira-t-il. C'est à
Paris qu'il sera orienté par un chef d'expédition népalais vers une expédition
commerciale qui a facilité son inscription. Soulignant qu'il ne s'est pas
préparé spécifiquement à l'escalade mais qu'il s'était préparé à sa manière,
pendant cinq années, Dendoune, même s'il savait qu'il «allait en baver», a tenu
à relever le défi. Avant et pendant l'expédition, il avoue avoir été confronté
à d'énormes difficultés, mais cela n'entravera en rien sa volonté d'aller au
bout de son rêve. Les expéditions par la face nord (côté Tibet et Chine) ayant
été bloquées suite aux événements de Lhassa (avant les JO de Pékin), Dendoune
indique qu'il a dû aller vers le versant sud-népalais . «Seul problème : il est
beaucoup plus cher. J'avais environ 15.000euros de côté, il en fallait au
minimum 20 000, plus tous les frais», ajoutera-t-il. Grâce à un sponsor et à
l'aide de certains de «mes potes», la veille du départ, il réussira à réunir la
somme exigée. Au sein de l'expédition, Dendoune affirme qu'il existait une
vraie haine de la France au sein du groupe d'Anglo-Saxons dirigé par un
Ecossais.«J'ai été rejeté par tout le monde. Sept semaines tout seul dans
une tente, c'est ça qui a été le plus dur... En fait, tout le monde pensait que
j'étais une tache, que j'étais trop basané,etc.,. Comme d'habitude.
Bon, le fait que je ne sache pas grimper, ça les a aussi un peu énervés sans
doute », confiera-t-il. Aux ultimes tréfonds de ses tripes, l'aventurier
réussira son pari.
« Le dernier jour, sous oxygène, il n'y avait
plus que dixheures à tenir, et j'ai tout donné... Je tenais à peine
debout. Et le ressaut Hillary (dernier passage technique, à une centaine de
mètres du sommet), ce que j'ai pu galérer dans ces gros rochers ! Je l'ai
d'ailleurs redescendu sur les fesses. Maintenant, je sais que je ne ferai plus
jamais de montagne de ma vie», avouera-t-il. L'exploit ayant été réussi,
Dendoune affirme qu'aujourd'hui encore personne ne le croit vraiment, mais que
«heureusement» il possède un certificat. Pour conclure son interview et à
propos de son nouveau livre, il indique qu'il a déjà écrit l'équivalent de deux
ou trois tomes. «Il me fallait du recul mais, maintenant, je tiens l'angle : je
suis un tocard... sur le papier», conclura-t-il.