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Collectivités locales: De nouvelles agglomérations seront créées dans le Sud

par Ghania Oukazi

«Au niveau du ministère de l’Intérieur, nous avons pour mission d’approfondir la réflexion sur un nombre de projets d’aménagement, de développement, de création de centres de vie autour de l’axe In Salah - Tamanrasset», a déclaré le ministre délégué auprès du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales.

L’aménagement du territoire, Dahou Ould Kablia en a parlé samedi dernier, à partir de Tamanrasset quand il a accompagné Abdelmalek Sellal pour superviser les travaux du projet de transfert de l’eau potable. Il l’a fait à l’attention des journalistes qu’il a rencontrés à l’hôtel Tahat. «Je suis là non pas parce que j’ai assuré l’intérim du ministre des Ressources en eau et suivi un certain nombre de projets, j’ai visité le MAO à l’Ouest et d’autres projets à l’Est, mais celui de Tamanrasset, je ne l’avais pas vu. Je suis venu donc le voir. Mais ce n’est pas là l’essentiel. Au niveau du ministère de l’Intérieur, nous avons pour mission d’approfondir la réflexion sur un nombre de projets d’aménagement, de développement et de création de centres de vie autour de l’axe In Salah - Tamanrasset», a-t-il souligné.

Ould Kablia rappelle les projets phares de la région du grand Sud: la transsaharienne, la fibre optique, le gazoduc africano-méditerranéen, l’adduction d’eau. «C’est une zone qui va connaître un grand nombre de mouvements», a-t-il relevé. Il explique: «Il faut organiser le territoire en amont d’In Salah jusqu’à Tamanrasset. Nous allons restructurer les territoires comme El Menaia... Le ministère de l’Intérieur a commencé à définir les PDAU pour lancer trois ou quatre petites agglomérations.» Le ministre délégué fait savoir que par exemple, la commune de Tit dans la wilaya de Tamanrasset aura 9 milliards de centimes pour les travaux d’assainissement, de voirie... In Amguel aura aussi, a-t-il affirmé, des crédits «pour un certain nombre d’aménagements. Vous avez dû remarquer un nouveau CEM, il va être ouvert bientôt.»

Ould Kablia rappelle qu’entre Arak et In Salah, sur 300 km, «il n’y a rien. Vous trouvez des véhicules bloqués par centaines à In Eker parce qu’à partir de minuit, ils ne peuvent pas aller vers In Salah pas pour une question de sécurité mais en cas de panne, il n’y a pas de secours, pas de dépannage, en plus, c’est une zone non couverte par la téléphonie mobile.» La création de centres de vie signifie, selon lui, la construction de logements de fonction et «ce qui est important, c’est qu’il y ait des services publics qui vont être créés, des antennes administratives, des stations d’essence, des services de gendarmerie, de protection civile, de garde communale...»

Le ministère de l’Intérieur prévoit donc de créer, selon lui, «des petits pôles qui rayonneront». Ould Kablia a dit avoir «engagé tout à l’heure (ndrl: samedi dernier) la discussion avec Sellal et le wali de Tamanrasset mais elle sera aussi menée avec d’autres ministères comme les Travaux publics pour la construction de maisons cantonnières, comme fait l’Intérieur pour la protection civile et les antennes administratives, l’Environnement pour la protection des espaces, les TIC pour la téléphonie mobile et fixe...»

Les programmes seront pilotés et coordonnés par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités. Instruction en a été donnée, note-t-il, par le président de la République au cours des auditions des ministres qu’il a reçus Ramadhan dernier. «Le président de la République a dit qu’il fallait occuper le territoire d’une manière équilibrée», a indiqué le ministre délégué. Les évaluations de ces programmes se feront alors par secteur. «Ce ne sont pas des dépenses excessives, ça ne rentre pas dans les grands projets mais relève des dépenses du ministère de l’Intérieur», a-t-il affirmé. Chaque année, a-t-il souligné, «on définit ce qui doit se faire en fonction des lois de finances».

Il précise encore «nous partirons de ce qui existe déjà et développerons à partir des noyaux urbains qui seront réalisés au niveau des 7 stations de refoulement de l’eau». Il faut dire que Sellal parle de ces centres urbains quand il explique au sujet du projet de transfert de l’eau potable au Sud que «les incidences du projet sont tout d’abord bénéfiques pour un certain nombre de centres de vie disséminés tout au long de son tracé autant que pour ceux qui seront générés sur les sites des stations de pompage». Le ministre des Ressources en eau a eu à souligner que «ces centres de vie se voient ainsi assurer, et tout autant que la ville de Tamanrasset, la sécurité en matière d’alimentation en eau potable».

La réflexion du ministère de l’Intérieur s’inscrit dans le cadre du schéma national d’aménagement du territoire et, ajoute Ould Kablia, «en fait partie comme les nouvelles villes. Mais celles-là, elles seront construites pour 100.000 habitants alors que les centres urbains au Sud, c’est une échelle plus réduite, de 10.000 hab». Pour lui, «ce qui nous intéresse, ce sont les pôles urbains pour que les gens puissent faire des haltes pour se ravitailler, se faire secourir en cas de besoin. Les plus gros, ce sera des communes mais les autres, ce sera des annexes de communes». Le chargé des collectivités locales saisira l’occasion pour préciser à propos du code communal que «j’ai dit qu’il était inscrit dans les points d’action du gouvernement et non au Conseil des ministres. Il y a 200 points qui sont inscrits dans le plan d’action. Les services du gouvernement sont certainement en train de définir pour ce qui est des priorités.» La programmation des projets de création de centres urbains est d’ailleurs, tient-il à souligner, «une affaire du gouvernement. C’est à lui de la décliner en séquences annuelles et à accorder la priorité à chaque projet. L’essentiel est que lorsque le gouvernement ou le Premier ministre décide de l’inscrire, le ministère sera prêt à y répondre.»

A retenir que ces centres n’ont rien à voir avec le découpage administratif au sujet duquel «nous en sommes, a-t-il dit, au niveau des concepts et des critères à savoir comment créer une wilaya déléguée, en fonction du nombre d’habitants ou de la surface au niveau des wilayas. Il y a aussi des critères stratégiques, des raisons économiques ou socio-politiques, en fonction des régions qui marchent mal pour des considérations historiques, comme il faut peut-être en créer dans des zones où il faut protéger les frontières. Il faut également préparer les hommes parce qu’une wilaya déléguée, c’est un wali délégué, un exécutif, et pour qu’elle soit plus tard wilaya.» Il estime que «c’est un travail de préparation assez rigoureux». Son autre précision «le projet du ministère de l’Intérieur n’est pas définitif. Il le proposera comme avant-projet pour être discuté par le gouvernement, par le Conseil des ministres et descendra au parlement pour être transformé d’avant-projet en projet. Le fin mot revient au parlement.»

Ould Kablia n’aime pas quand on lui parle échéances mais il estime que «ces programmes doivent être réalisés durant ce quinquennat». En plus, «ça dépendra de l’avancement des études relatives aux plans communaux de développement (PCD) qui sont des programmes annuels et non quinquennaux, qui seront élaborés d’une manière sectorielle et par wilaya». En ajoutant en dernier encore «je ne peux pas donner de date pour leur réalisation, je ne suis pas le maître d’ouvrage mais je prépare ce qui sera retenu par le gouvernement».

En attendant, à Tam, la population n’est pas contente des services de la compagnie nationale aérienne. «Air Algérie nous fait vivre le calvaire en programmant des vols de nuit. Si en prenant le bus pour aller à Alger, nous passons deux jours, en prenant l’avion nous passons quand même une nuit entière debout et dérangeons tout le monde avec nous.» C’est un cri de détresse lancé par plusieurs habitants de la wilaya qui ne comprennent pas pourquoi les vols sur Alger sont uniquement la nuit «et tard !». Ils reprochent à la direction générale d’Air Algérie de tourner le dos à leur seule revendication, «bénéficier de vols aériens à des heures convenables, parce que des familles entières en souffrent». Qui plus est les vols ne sont jamais à l’heure. Les passagers restent ainsi indéfiniment dans l’attente d’un avion qui s’il doit décoller sur Alger à 2h 45, il ne le fera en général que vers 4h du matin et plus. Il arrivera à l’aube dans une ville encore endormie. Il faut aussi relever que les avions ne sont pas nettoyés au départ de Tam. «Il a fait Dakar et Djanet pour arriver ici et repartir sur Alger, on n’a pas le temps de le faire», nous explique un steward. «Pitié, faites qu’on nous change les horaires, on ne sait pas pourquoi ils nous font ça», nous dit un cadre en mission. A noter que le PDG d’Air Algérie a promis de corriger cette situation.