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Le climat dans tous ses états

par Belbachir Djelloul

C’est M. Mahi Tabet Aoul, pro-fesseur à l’université de Laval Canada et chercheur au CRASC et aux laboratoires LABSIS, qui a animé une conférence intitulée «Panorama sur les changements climatiques à travers des études faites en Algérie» pour célébrer la journée mondiale de l’environnement au siège de l’ASPEWIT, jeudi. Cette année, rappellera-t-il, le slogan de l’ONU pour la préservation et la protection de la planète est: «Unissez-vous pour le changement climatique». Et, bonne coïncidence, un extrait d’un de ces articles a été choisi comme texte support pour l’épreuve du BEM 2009.

Après un bref aperçu sur les concepts ayant trait à tout ce qui est environnement, M. Tabet Aoul explique que l’homme est devenu un acteur dans le réchauffement climatique et qu’une concentration d’ozone à la surface du sol en contact avec le soleil est un danger par oxydation et justement nous sommes un pays où le soleil est présent tout au long de l’année. «Le rayonnement solaire traverse directement l’atmosphère pour réchauffer la surface du globe, la terre à son tour renvoie cette énergie dans l’espace sous forme de rayonnement infrarouge. La vapeur d’eau, le gaz carbonique absorbent ce rayonnement renvoyé par la terre, ce qui empêche l’énergie de passer directement de la surface du globe vers l’espace et réchauffe l’atmosphère.»

Avant d’introduire le volet économique, M. Tabet Aoul rappellera le protocole de Kyoto en 1990 où l’année 1976 a été choisie comme année de référence pour faire l’inventaire des émissions pour les stabiliser. Seulement voilà, nous sommes à l’heure actuelle à 25% de plus que le niveau de 1976 (année de référence). Il y a vraiment urgence. La phase 2 du protocole étant de trouver des solutions aux effets des émissions de gaz à effet de serre. Cela devient difficile quand on sait que les pays riches produisent 5 tonnes de carbone par an et par habitant contre 0,2 à 1t/an/hab dans les pays pauvres. Des études faites en Algérie ont montré que la température a augmenté de 17° en 1926 à 19° en 2010, le double de la moyenne du pôle Nord qui est de l’ordre de 0,75°. Ces recherches faites dans les laboratoires algériens sont essentielles pour une négociation car il y aura un jour le phénomène de quotas qui induit automatiquement un embargo pour les pays qui ne le respecteront pas.

L’impact sur le Maghreb est d’autant plus alarmant en 2010 que les températures augmenteront entre 1 et 1,5°, les pluies baisseront de moins 28% ; en 2050 les températures s’élèveront de 2 à 2,5° et les pluies seront en baisse de moins 20% à moins 50% avec une forte réduction du ruissellement et donc de la mobilisation des eaux dans les barrages, avec une évaporation plus grande, une accentuation de l’érosion, une occurrence des incendies de forêts et une augmentation de la salinisation des sols.

Il y aura aussi, selon le professeur Tabet Aoul, une élévation du niveau de la mer à Annaba, région basse, mais aussi une intrusion des eaux marines salées dans les aquifères côtiers, une acidification des eaux marines à cause de l’absorption de CO2 et une occurrence de phénomènes extrêmes: inondation, sécheresse, vague de chaleur. Actuellement l’océan joue un rôle d’amortisseur en matière de concentration et d’absorption de gaz carbonique mais cela ne peut durer que 30 ans encore. Sur l’homme l’impact sera lamentable puisqu’il s’agira de déplacement massif de population dû à la hausse du niveau de la mer de 9 à 88 cm avec risque d’inondation ou de submersion surtout en Inde et au Bangladesh. Il y aura aussi une augmentation du phénomène d’immigration dans plusieurs régions d’Afrique et d’Asie et par ricochet de la pauvreté, des maladies cardio-vasculaires et respiratoires.

Sur l’agriculture au Maghreb, avec la baisse de l’hygrométrie, il se produira une prolifération des adventices et parasites, une propagation des maladies infectieuses et un déclin de la diversité biologique. L’alfa a déjà remplacé l’armoise dans les régions steppiques de Sebdou. On constate déjà une diminution de la production végétale, de la production animale due à la réduction des pâturages et de la productivité des pâturages. Cependant pour parer au plus urgent, certaines actions ont été mises en oeuvre. L’Algérie a créé une agence nationale du changement climatique et de quelques services chargés du M.D.P. Il y a aussi la création de décharges contrôlées par enfouissement qui, sous l’effet du pourrissement des déchets organiques, peuvent produire du méthane à long terme.