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L'été a frappé aux portes et est entré dans la ville charriant avec lui
son lot de désagréments. Des petits «inconvénients» propres à un quart de
l'année où la canicule se la dispute aux sempiternels moustiques voraces et à
l'ennui, des constantes nationales qui trouvent leurs véritables mesures
pendant les longues journées estivales. «Ils font littéralement peur», lâche
Slimane, longiligne brun d'une cinquantaine d'année, à propos des «namous».
Entre deux gorgées de café, il se gratte l'avant-bras qu'il a constellé de
piqûres. «Rien à faire, on ne peut même pas mettre de pastille à cause de la
présence du gosse et de son allergie, lui il est protégé par une moustiquaire,
mais nous...» , et il montre sa main qui n'a pas non plus échappé à l'agression
nocturne, en guise de preuve supplémentaire. En effet, et comme à pareille
période de l'année, tous les quartiers de la ville sont systématiquement
envahis et quadrillés par des essaims de moustiques prêts à s'abattre sur
chaque carré de peau nue qu'ils rencontrent. Cette prolifération est rendue
possible par l'état de la ville qui balance entre l'absence totale d'hygiène
publique et entre un incivisme qui prend toute sa forme dans les décharges
publiques sauvages, improvisées par des citoyens au sens aiguisé de la
citoyenneté et du civisme. Le décor étant planté entre eaux stagnantes, égouts
à ciel ouvert, réseaux d'assainissement défaillants et absence de
débroussaillement, et il n'y a plus qu'à attendre les moustiques qui
s'installent pour tout l'été en terrain conquis. La situation est d'autant plus
«ingérable» au niveau des cités nouvellement construites et qui n'ont pas été
encore touchées par les campagnes de démoustication chères à l'APC d'Oran. Ce
véritable fléau sévit un peu partout et même dans des quartiers pourtant
réputés pour leur cadre de vie, ce qui a fait réagir des citoyens qui pointent
un doigt accusateur vers les services de l'Hygiène de la mairie d'Oran qui
n'assument pas pleinement leur rôle. Hacène, résident au Boulevard Mâata, est
catégorique quant à dénoncer la «défaillance» des services de l'Assainissement
de l'APC, en ne procédant pas à temps aux campagnes de démoustication qui
n'interviennent jamais au moment opportun. «Même si elle existe, elle
intervient toujours tardivement. A quoi servent les opérations de fumigation si
les cités regorgent de moustiques, beaucoup trop nombreux pour être éradiqués
par des interventions occasionnelles», abondera dans le même sens Hafeda,
habitant un F3 à Essedikia qui avoue avoir recours à une bonbonne
d'insecticide.
Attention à la contrefaçon ! Du côté des services municipaux, on impute cette situation au manque criard de moyens qui se résument à seulement deux camions de fumigation qui font le tour de la commune, ce qui est, selon le bureau de l'Hygiène, très insuffisant pour mener la guerre contre les moustiques qui envahissent chaque nuit la ville et que les insecticides domestiques ont échoué à éradiquer, car, pour que la lutte anti-moustique soit efficiente, il faut s'attaquer à la source, autrement dit, aux larves, en vidangeant les vides sanitaires, car leur développement s'effectue dans l'eau. Dans cette guerre perdue d'avance, il reste les batailles «individuelles» qu'on peut conclure contre les moustiques. En effet, tous les moyens sont bons pour tenter de stopper cette invasion de moustiques. Si certains s'en tiennent à l'usage des pastilles ou des différents insecticides ou en recouvrant les fenêtres et les balcons de moustiquaires, faisant ainsi le bonheur des commerçants, d'autres par contre préfèrent s'abonner chez les remèdes de grand-mère. «Le basilic est très conseillé contre les moustiques», affirme Hichem qui ne jure que par le miracle des plantes. «Tu disposes un pot de basilic dans la chambre et je peux te jurer que tous les moustiques s'en iront». Pour Salah, c'est une méthode importée de son passage sous les ordres qu'il conseille vivement. «Tu mets un peu de sucre dans une cuillère et tu y verses de l'eau, résultat garanti», insiste-t-il. Mais, au-delà de ces solutions inefficaces pour certaines, il existe des parades qui peuvent avoir des répercussions néfastes sur la santé du citoyen. Ainsi, les pastilles contrefaites peuvent constituer un facteur de risque pour la santé, occasionnant des crises d'asthme, notamment aux personnes prédisposées. Ainsi, chaque année, les responsables de la DCP tirent la sonnette d'alarme et sensibilisent la population sur les risques des pastilles contrefaites. Des commerçants proposent aux citoyens des pastilles parfumées et colorées mais pauvres en matière active. En Algérie, les ménages utilisent des quantités énormes, qui se situent à quelque 30 à 35 millions de bouteilles d'insecticide par an pour combattre les 46 espèces de moustiques recensées dans le pays. Seulement, il se trouve que la majorité de ces produits douteux et sous-évalués proviennent de pays réputés pour la contrefaçon à savoir la Chine, la Turquie et l'Espagne. |
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