Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Terrorisme au Sahel: Le Mali veut renforcer sa coopération avec l'Algérie

par Mahrez Ilias

L'assassinat de l'otage britannique Edwin Dyer par la katiba «Tarek Ibn Zyad» ou «El-Fatihine», dirigée par Abou Zeid qui dirige cette cellule d'Al Qaïda au Maghreb au nord du Mali, a semble-t-il acculé les autorités de Bamako à réagir promptement à cet acte qualifié par le Premier ministre britannique de «barbare». Dorénavant, Bamako ne veut plus négocier avec les terroristes d'Al Qaïda qui écument cette large bande sahélienne, à cheval entre plusieurs pays, mais riposter. Avec des accords de coopération, notamment militaire et entrant dans la lutte antiterroriste particulièrement avec l'Algérie, les autorités maliennes veulent ainsi passer à l'action. Le gouvernement malien veut mener une «lutte sans merci contre les combattants islamistes», selon le ministère de l'Intérieur. Les autorités maliennes ont annoncé que «la lutte sans merci que nous allons mener contre tous les groupes terroristes sera une longue lutte. Nous en avons ras-le-bol. Tout le monde doit se donner la main pour lutter contre ces hommes sans foi ni loi qui tuent», a déclaré un responsable du ministère sous couvert de l'anonymat. Il a révélé ainsi que des contacts sont actuellement en cours entre différents services de renseignements et de sécurité de plusieurs pays pour coordonner la lutte contre les réseaux terroristes affiliés à Al Qaïda qui écument toute la bande sahélienne, entre le Mali, le Niger, la Mauritanie et même vers le Tchad. L'Algérie, les Etats-Unis et la France notamment seraient, selon des degrés divers, impliqués dans cette traque aux terroristes dans la bande sahélienne. «Nous allons renforcer la sécurité dans le nord du Mali» et «il faut prévoir l'intensification des patrouilles mixtes le long des frontières maliennes, notamment celles avec l'Algérie», ajoute le ministère malien de l'Intérieur. «Dès que les otages sont enlevés dans d'autres pays, on les conduit dans le désert commun à plusieurs pays, y compris le Mali. Et ce sont les pays dont sont originaires les otages, qui nous demandent de ne pas utiliser la manière forte, mais de négocier», a précisé le ministère malien de l'Intérieur. «Il y a un choix à faire désormais, et pour nous, c'est clair», selon un responsable malien qui a indiqué que «nous sommes en discussion avancée avec des pays comme la France, l'Algérie, les USA et le Canada, pour coordonner les actions de lutte contre les islamistes armés». Les autorités maliennes comptent associer dans cette lutte contre les bandes terroristes qui écument le nord du pays les notables et autres chefs de tribu de cette région du pays pour demander aux terroristes qui transitent par le nord du pays, de «quitter le territoire et de ne plus y revenir», selon le responsable du ministère de l'Intérieur malien. Pour de nombreux experts de la lutte antiterroriste, toute la bande sahélienne est devenue autant un refuge idéal pour les groupes terroristes qui fuient la pression des forces de sécurité en Algérie, qu'un endroit idéal pour «le repos des troupes». Les Etats-Unis ainsi que l'Algérie ont depuis plusieurs années averti contre le danger de laisser ces bandes terroristes écumer un aussi vaste territoire qui va au-delà du Mali, vers le Tchad où les caches idéales, notamment au Tibesti, sont idéales. L'activation de l'accord de coopération militaire algéro-malien, à quelques semaines du passage à Alger du ministre malien de la Défense, est ainsi à l'ordre du jour à Bamako. L'arrestation dimanche dernier de quatre membres de Al Qaïda au Maghreb est un premier pas dans cette nouvelle stratégie de lutte contre les terroristes que veut dorénavant mener le gouvernement malien avec le soutien (logistique) de pays amis, dont l'Algérie.