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Distribution de courrier: Des bénévoles à la rescousse d'Algérie Poste

par Salah C.

Chaque jour, au centre de tri postal de Saint Charles, des dizaines de citoyens viennent chercher eux-mêmes leur courrier. Une situation née du manque flagrant de facteurs au niveau de plusieurs quartiers d'Oran. Unanimement, ces facteurs occasionnels considèrent que cette corvée leur a été imposée de fait et, attendant parfois des correspondances importantes comme les avis d'arrivée de mandats, ils préfèrent venir eux-mêmes le retirer car dans le cas contraire l'attente peut durer indéfiniment. Tous avancent qu'ils n'ont pas vu leur facteur depuis des mois et qu'il ne leur restait que cette alternative. Dans la foulée, ils profitent de l'occasion pour retirer le courrier de leurs voisins immédiats. Mais parmi eux, un vieux, El Hadj Miloud, un retraité, en a fait de cette besogne une raison d'être et affirme qu'il le fait avec conviction. Il affirme que cette manière d'agir constitue le véritable bénévolat et sans attendre la moindre contrepartie. «Je suis retraité et le fait de venir ici me fait une trotte pour me maintenir en forme», devait nous expliquer ce septuagénaire. Pourtant, la solution est bien simple: recruter de jeunes facteurs, ce qui ne nécessite qu'une formation légère et une imprégnation sur le terrain en compagnie d'un ancien facteur.

Or et à entendre parler les postiers, qui ont préféré garder l'anonymat par crainte de représailles, le manque de personnel se fait sentir cruellement dans ce secteur et tous les départs en retraite de dizaines d'agents n'ont pas amené les responsables à lancer un plan de recrutement en fonction des besoins en continuelle hausse. «Cette situation de blocage a été engendrée, selon nos interlocuteurs, par le passage du secteur des postes vers le statut d'EPIC, un statut exigeant plus de rigueur dans les dépenses et notamment sur le plan de gestion», devait nous expliquer un cadre. Il est vrai qu'à l'ère des PTT, c'était le Trésor public qui versait les salaires. Néanmoins, ce passage à un autre statut ne peut à lui seul expliquer cette austérité en matière de recrutement, devait également argumenter notre interlocuteur.

Au centre de tri de Saint Charles, quelques agents s'efforçaient à convaincre les nombreux citoyens sur leur courrier et que ce n'était qu'une question de temps. Mais, ces derniers ne l'entendaient pas de cette oreille et demandaient des explications que personne ne pouvait leur fournir. «J'attends une convocation importante pour un concours et dont dépend mon avenir professionnel et en l'absence du distributeur de courrier dans notre quartier, je viens chaque jour me renseigner», a abondé une jeune fille visiblement irritée par ce va-et-vient. Dans les rues d'Oran, plusieurs facteurs approchés disent que la charge de travail qui leur est imposée est inhumaine notamment dans les grandes cités souffrant grandement de l'absence des boîtes aux lettres.

Ce manquement a donné à réfléchir à certains gérants de KMS qui ont conçu un espace réservé pour des boîtes aux lettres. Selon l'un d'eux, «devant la colère des riverains née de l'absence du facteur parti en retraite et jamais remplacé, l'idée m'est venue de créer ces boîtes aux lettres pour la modique somme de 200 DA par mois et la centaine que j'ai installée a été entièrement louée et les usagers viennent vers 11 h chercher leur courrier». Une alternative qui semble arranger les affaires des gérants des KMS, mais pas ceux des services postaux.