Les 4.062 handicapés moteurs et mentaux que compte la ville de Constantine attendent depuis cinq mois jour pour jour le versement de leur pension. Pour manifester leur mécontentement, et pendant près d'une semaine sans discontinuer, des pensionnés se déplaçant péniblement à l'aide de béquilles ou en fauteuil roulant se sont manifestés bruyamment aux alentours de la recette communale en charge de régler le paiement des handicapés constantinois.

«Comment vivre, ou plutôt survivre, sans ce modeste pécule ?», nous confient plusieurs d'entre eux, dont certains en larmes. Mais ce qui semble faire le plus de dégâts, c'est surtout le manque d'explication et l'absence de dialogue entre les différentes parties.

«Cette impression d'être une quantité négligeable, voilà ce qui dérange le plus et qui cause les plus grosses douleurs», disent-ils. En un mot, les nombreux handicapés agglutinés aux alentours de la recette sont unanimes à déclarer «leur ras-le-bol face à ce qu'ils qualifient d'injustice et de mépris».

Parmi ce groupe, de nombreux handicapés ont compris que seule la voie de la sagesse pouvait payer. Prenant leur mal en patience, ils attendent cette pension bien maigre. Souvent déjà hypothéquée.

Mercredi dernier vers midi, une jeune femme au bord de l'hystérie a littéralement barré momentanément la route aux automobilistes provoquant un embouteillage sur le boulevard Zighoud Youssef aux alentours immédiats de la recette précitée. Elle réclamait sa pension et criait son désarroi face à ce qu'elle qualifie de mépris.

Contacté au sujet de ces retards, le régisseur (un agent communal détaché) avoue son impuissance à pouvoir régler le problème. «Pour ce qui nous concerne, nous sommes prêts à assainir cette situation très rapidement, mais encore faut-il que la DAS débloque la situation en nous adressant l'argent destiné à ces gens». A ce sujet, M. Benkobbi, directeur par intérim à la direction de l'action sociale, nous a appris, hier matin, que le retard était indépendant de la volonté de la DAS. Les «états comptables viennent d'arriver d'Alger, et sont en cours de traitement. Les handicapés pourront, dès aujourd'hui dimanche, voir demain lundi au plus tard, commencer à percevoir leur argent. Ceci est une pension, précise notre interlocuteur, et non pas une paie comme on pourrait le penser et c'est ce statut administratif qui fait toute la nuance entre une rente et une mensualité, dans ce sens où les salariés peuvent le cas échéant percevoir leur traitement ou à défaut une avance sur salaire, contrairement aux pensionnés qui doivent attendre l'arrivée des états comptables pour pouvoir être réglés».