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Entre Alger et Paris, il y a des passerelles qu'aucun politique des deux pays ne veut rompre malgré le poids des contingences et des exigences nationales spécifiques aux deux Etats. Car si la France reste comptable envers l'Algérie sur de nombreux dossiers, dont le nucléaire n'est pas des moindres, à Alger on veut rester lucide, en dépit de toutes les raisons du monde d'exiger de l'ancienne puissance coloniale au moins la reconnaissance d'un lourd passif colonial. Ce message a été clairement lancé aux politiques et aux responsables français par M. Abdelaziz Ziari, président de l'APN, en visite à Paris. Il a, devant les députés français, rappelé que pour l'Algérie, la question de la repentance de la France vis-à-vis du peuple algérien n'est pas une condition posée par Alger pour ses relations futures avec l'ancienne puissance coloniale. La question de la repentance «ne constitue nullement un point d'achoppement, ni un préalable ou une condition fixée par l'Algérie» dans ses relations avec la France, a-t-il indiqué. M. Ziari rappellera que «la question s'est posée après l'adoption par la France de la loi du 23 février 2005 glorifiant le passé colonial de la France. Nous avons ressenti cela comme une provocation. Il est normal que nous réagissions chaque fois qu'il y a provocation», a-t-il précisé. Le président de l'APN, même s'il n'a pas esquivé la question, n'en a pour autant pas montré ses aspérités, alors que le ministre des Moudjahidine, M. Mohamed Chérif Abbas, avait au début du mois souligné que «l'Algérie maintient ses revendications liées à la repentance de la France sur les crimes commis» par le régime colonial entre 1832 et 1962". Les revendications de l'Etat algérien relatives à «l'incrimination et à la reconnaissance des crimes de guerre français sont toujours maintenues jusqu'à aboutissement», a déclaré le ministre des Moudjahidine en marge du troisième congrès de l'Association nationale des anciens condamnés à mort (1954-1962). La question de la repentance de la France sur les crimes commis par le colonialisme en Algérie est devenue un os qu'Alger et Paris tentent de polir au fil du temps, pour ne pas hypothéquer une reprise des relations bilatérales qui veut aujourd'hui, malgré la mise entre parenthèses du traité d'amitié entre les deux pays devant être paraphé du temps de Jacques Chirac, rebondir sur la coopération économique et énergétique. Un dossier sensible que les deux Etats ne veulent apparemment pas rouvrir pour le moment. Du moins pas avant une rencontre officielle entre les deux chefs d'Etat, à Paris ou Alger. Sur un autre dossier, celui des relations au sein de la Méditerranée, M. Ziari a rappelé la position circonspecte de l'Algérie vis-à-vis du projet de l'Union pour la Méditerranée. «Nous étions opposés à une politisation de ce projet régional. Nous sommes favorables à un projet qui initie et met en oeuvre des partenariats entre les deux rives de la Méditerranée», a-t-il précisé. Et de souligner que «l'agression de Ghaza et le blocage de l'UPM, qui en a suivi, ont conforté nos appréhensions et nos craintes au sujet de cette politisation de l'Union». M. Ziari a ajouté que la réussite de cette UPM ne peut aller sans la prise en charge du problème palestinien, avec l'avènement d'un Etat indépendant, ainsi que le règlement définitif de celui du Sahara Occidental. Deux conflits, a-t-il précisé, «qui perdurent». Avec les groupes politiques de l'Assemblée nationale française, M. Ziari a abordé ainsi de front certains problèmes qui «fâchent» entre les deux pays, mais des problèmes qui doivent être un jour ou l'autre discutés sans tabou, notamment celui des crimes commis par la colonisation en Algérie, et notamment les essais nucléaires et les massacres de civils. Le reste, l'histoire s'en est déjà chargée. |
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