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Après la visite de Chakib Khelil en Argentine: Des relations au beau fixe

par Notre Correspondant A Buenos Aires Mohammed Bénamar

Suite à la visite à Alger en novembre dernier de la Présidente argentine, Madame Cristina Fernandez de Kirchner, et de la volonté de concrétiser un certain nombre d´objectifs convenus avec son homologue algérien, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, une importante délégation dirigée par Monsieur Chakib Khelil, ministre de l'énergie et des mines, s´est réunie du 17 au 22 mai avec de hauts responsables argentins, à leur tête l´architecte Julio De Vido, ministre de la planification fédérale, des investissements publics et des services, qui avait été chargé par son chef d´Etat de mener à bien cette rencontre décisive.

«Dans une certaine mesure les objectifs économiques de l´Algérie et de l´Argentine sont complémentaires» nous dira en substance le ministre Chakib Khelil qui mettra sur la table des discussions les potentialités énergétiques du pays auxquelles sont sensibles les Argentins qui, pour leur part, peuvent offrir leur technologie en nucléaire civil et leurs produits agro-alimentaires. Après tout l´Algérie constitue un marché annuel exceptionnel de cinq à six milliards de dollars et les producteurs argentins pourraient accroître dans cette direction leur vente de blé, de viande, de lait et d´oléagineux. Selon les statistiques, l´Algérie serait le premier client mondial du lait argentin et ses capacités financières font rêver le secteur agro-alimentaire à la recherche de nouvelles opportunités commerciales.. Selon les paroles de Chakib Khelil cette visite algérienne à Buenos Aires est destinée à renforcer, à mettre à niveau la coopération commerciale et technologique entre les deux pays qui, depuis 1985 ont conclu de nombreux accords dont certains laissent espérer un approfondissement des relations.

En matière d´énergie nucléaire civile, l´Algérie a toujours eu une politique transparente qui lui permet de maintenir des relations très cordiales avec l´Agence internationale de l´énergie atomique. L´un des deux réacteurs dont elle dispose est d´origine argentine, permettant ainsi de bénéficier de l´assistance technique de Buenos Aires qui a formé de nombreux techniciens algériens. Malheureusement le terrorisme des années 90 a provoqué l´émigration de physiciens algériens qui auraient trouvé refuge au Canada, en France notamment. L´actualisation du réacteur «Nour»- tel est son nom - et la mise en place d´un centre de formation en génie nucléaire, sont deux objectifs prioritaires. Il est prévu la formation de spécialistes algériens dans le domaine de la physique nucléaire médicale et des étudiants algériens seront formés dans différentes disciplines. A cette fin M. Mohamed Ramadna, directeur de l´énergie nucléaire du ministère de l´énergie et des mines, ainsi que M. Mohamed Derdour, commissaire à l´énergie atomique, se sont entretenus avec Norma Boera, présidente de la commission argentine de l´énergie atomique ainsi qu´avec Horacio Osuna, vice-président de l´INVAP ( recherches appliquées), Lorena Capra, de la direction de la sécurité internationale des affaires nucléaires du ministère des relations extérieures. Dans le domaine des hydrocarbures les représentants de l´entreprise argentine ENARSA et de la SONATRACH se proposent de s´associer dans le financement et la réalisation de projets d´exploration et de production en Argentine, en Algérie et dans des pays tiers. En outre dès 2010 ENARSA souhaite acheter du gaz naturel liquide algérien (GNL). Cette perspective est encouragée par l´association entre la SONATRACH et des groupes privés argentins dans l´exploitation d´hydrocarbures au Pérou.

L´Argentine a également exprimé son souhait d´acquérir annuellement quelque 500.000 tonnes de phosphate algérien qui sera destiné à la fertilisation des sols. A cet effet un protocole d´accord a été signé par Farid Benhadji, directeur général de la société nationale FERPHOS GROUP. Les parties conviennent d´encourager la coopération et l´investissement pour la transformation de matières premières phosphatées. Une assistance technique est envisagée en faveur des fermes développées par la SONATRACH en plein Sahara en vue d´approvisionner en produits frais les bases pétrolières. Ce secteur facilitera sans doute la possibilité pour les Argentins d´exporter des machines agricoles. Tous ces objectifs vont nécessiter à court terme des visites d´expertise entre l´Argenti- ne et l´Algérie pour mieux préciser leurs contours. Comme l´a dit le ministre Khelil cette mission à Buenos Aires se situe pour le moment au niveau des intentions sans ignorer les capacités des deux parties et leur volonté d´intensifier et de diversifier leurs échanges. Il ne serait pas superflu de revenir sur un exemple majeur, celui de la vente de gaz liquéfié algérien. L´Argentine dispose d´un bateau de regazéification de la compagnie REPSOL. A long terme elle aurait intérêt à construire sur terre ferme des unités de regazéification. L´Algérie serait prête à investir dans un tel projet par l´intermédiaire de SONATRACH. Peut-être serait-il temps de démythifier l´énergie nucléaire; en tout cas de relativiser son importance pour un pays comme l´Algérie où l´énergie solaire, sans doute principale source prochaine des énergies renouvelables. Serait-ce une prophétie dans la bouche du ministre de l´énergie ? Malgré son agenda surchargé à la veille d´élections législatives partielles qui se tiendront le 28 juin, la Présidente Kirchner a trouvé le temps nécessaire pour recevoir et dialoguer avec M. Chakib Khelil. Pour le plus grand bien de la coopération sud-sud qui ne pourra que renforcer l´indépendance de pays émergents tels que l´Argentine et l´Algérie.