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Le LMD et les échecs du passé

par A. Mallem

Le système dit LMD (Licence, Master, Doctorat), introduit récemment au niveau de notre université, a été remis sur le tapis pour être discuté lors d'une rencontre-débat organisée, hier, au Centre national de formation du personnel handicapé (CNFPH) de Constantine par le Club de réflexion et d'initiative (CRI), avec la participation d'éminents professeurs, de spécialistes et beaucoup d'étudiants.

«Le but de cette rencontre est de susciter un débat autour de l'enseignement universitaire, en particulier le LMD, système né ailleurs », a indiqué le professeur Benkadri, président du CRI. Selon ce dernier, «ce système est basé sur les langues, alors que nos étudiants n'en maîtrisent pas beaucoup. De plus, le système appliqué chez nous est particulier. Aussi, dit-il, il serait préférable de l'étendre aux pays maghrébins voisins, à l'Afrique et à l'espace euro-méditerranéen, sinon il deviendra un système mort-né chez nous ».

M. Benkadri a précisé que «c'est un débat citoyen dont le but est de faire des propositions aux universitaires». Et de terminer par «en tant que médecin, je dirai qu'il faut faire tout pour que ce système LMD réussisse et pour que notre université ne soit pas portée en MLD (maladie de longue durée) !».

Dans ce cadre, la discussion et la critique du système ont été enclenchées par deux communications : la première sur la réforme de l'enseignement supérieur donnée M. Bous'haba, chargé du LMD au sein de la conférence régionale des universités de l'Est, qui a expliqué les nouveaux concepts introduits par le système LMD, l'organisation de l'enseignement, le passage d'une année à l'autre, les conditions de réussite, etc., alors que la seconde communication sur l'université algérienne, perçue entre la problématique de l'algérianisation et de la mondialisation, a été faite par le professeur Benkadri, président du CRI. Dressant un état des lieux depuis l'entrée en vigueur du système, M. Benkadri a fait la comparaison entre le système LMD en Europe, son actualité et les problèmes vécus par l'enseignant ici en Algérie, et plus particulièrement à Constantine. «Il faut beaucoup de moyens matériels et réduire le nombre d'étudiants par enseignant référent. Actuellement, les étudiants ne disposent pas de moyens pédagogiques, les bibliothèques ferment tôt, ne sont pas accessibles... Il y a enfin ce problème de la maîtrise des langues puisqu'il a été constaté que sur 1.000 étudiants, aucun ne connaît un mot de chinois, d'allemand ou d'espagnol. Sur 100 étudiants, aucun ne peut faire un paragraphe scientifique correct en français ou dans une autre langue, et j'en passe».

Par la suite, un débat a été engagé. Le professeur Aberkane Abdelhamid, ancien ministre et chef de service du SAMU de Constantine, est intervenu pour dire que «pour apprécier ou critiquer le système actuel, il faut partir de l'histoire de nos échecs en évitant les effets de mode, même s'ils sont assenés par les institutions mondiales. Celles-ci peuvent prêcher une mondialisation qui n'a pas que des avantages, qui peut nous fragiliser et nous rendre plus vulnérables. Je me demande, s'interroge M. Aberkane, si on ne peut pas employer ailleurs toute l'énergie qu'on met à des réformes qui reviennent finalement à quelque chose qui existait toujours, à savoir la recherche d'une meilleure pédagogie, d'un meilleur service de l'université à son environnement socio-économique, etc. Tout cela est très ancien et nous avons appliqué cela à la réforme de 1971. Il faut se demander pourquoi nous avons échoué. A mon avis, il faut s'armer de l'esprit d'analyse et d'une mentalité constructive !».