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Les Gitans de Grenade font vibrer les Oranais

par El-Kebir A.

«Qui le premier pourra chanter les accords de la liberté ? Qui chantera le flamenco dans une Espagne sans Franco ? Ce sera fête ce jour-là et moi je voudrais être là...». Ainsi a chanté, durant les années soixante-dix, le chanteur Georges Moustaki. Et force est de dire que la fête en Espagne, depuis ce temps, a non seulement eu lieu, mais continue à être célébrée jusqu'à ce jour, au point même de s'exporter hors des frontières espagnoles. Ce fut le cas, dimanche dernier à Oran, où un groupe nommé «Curro Albaicín» a joué du flamenco, et ce, à la grande joie du public présent.

C'est à l'auditorium de l'USTO que le spectacle a eu lieu, spectacle intitulé «Gitanos de Granada» ; et dont l'interprétation a été assurée par Verónica Fernández Bustamante, Francisco Guardia Contreras, Juan Andrés Heredia Maya, José Fernández Rodríguez, ainsi que José Santiago Ruiz. L'engouement suscité par cet événement a drainé une foule tellement grande que toutes les places de l'orchestre ainsi que des deux balcons ont étaient prises d'assauts. Beaucoup même, ne trouvant pas de places disponibles, se sont résignés à demeurer debout, décidés à ne rien rater de ce spectacle grandiose. Le show, qui a débuté aux alentours de 19h, a duré presque deux heures. Deux heures donc de chant, de danse de flamenco et de guitare. Les artistes ont, d'ailleurs, rendu un vibrant hommage à Federico Garcia Lorca, le poète rebelle assassiné par les franquistes pendant la guerre civile. Ils ont déclamé quelques-uns des poèmes de ce grand homme, auteur notamment de «La maison de Bernarda Alba», et dont l'assassinat en 1936 a suscité une telle émotion de part le monde que beaucoup d'artistes, par la suite, lui ont régulièrement rendu hommage. On peut se souvenir aussi de cette belle chanson de Jean Ferrat, intitulée justement «Federico Garcia Lorca» et dans laquelle il dit : «il n'y a plus de prince dans la ville pour rêver tout haut depuis le jour où la guardia civile t'a mis au cachot (...) ton sang inonde la terre d'Espagne, ô Federico !» «Gitanos De Granada», à l'instar de «soleá», «les alegrías» ou les «tangos granadinos», reprend les rythmes de la tradition «Flamenca» de Grenade. Il est à dire à ce propos que toutes ces sortes de musiques ont des réminiscences de la tradition musicale arabe. Pour s'être produit dans les plus importants festivals «flamenco» d'Espagne, ce spectacle s'est également joué un peu partout dans le monde, au Japon par exemple, mais aussi au Maroc, en Tunisie, en Egypte, en Syrie, ou encore aux Etats-Unis.

Il se joue en Algérie pour la première fois, dans le cadre du Festival espagnol à Oran, festival qui durera tout au long de ce mois.