Il faut dire que le travail du tribunal
criminel de Blida était fort difficile lors de ce procès tenu la semaine
écoulée, et au cours duquel deux jeunes, âgés respectivement de 20 et 22 ans,
comparaissaient pour meurtre avec préméditation. Quand le juge, ses adjoints,
le jury et le procureur général revinrent dans la salle pour prononcer la
sentence, un silence de mort, comme si le spectre de l'homme tué flottait
au-dessus des têtes et réclamait justice. Les deux accusés et leurs parents
attendaient les yeux baissés alors que ceux de la victime ne savaient que
faire. Le juge fit signé à tout le monde de s'asseoir et, au bout d'un moment
qui sembla une éternité, prononça le verdict : l'acquittement ! C'est
l'épilogue, heureuse ou malheureuse, cela dépend, d'un long parcours qui a
commencé le 25 septembre 2009, quand le propriétaire d'une station-service
située à la sortie de la ville de Chiffa avertit la gendarmerie de la
découverte du cadavre d'un homme sur le bord de l'autoroute reliant Blida à
El-Affroun. Sur place, les gendarmes se rendirent compte que l'homme avait été
blessé à la cuisse et qu'il avait perdu tout son sang par cette blessure.
L'autopsie confirma le décès pour cause d'hémorragie due à cette blessure. Dès
le début de l'enquête aussitôt diligentée, les enquêteurs firent le lien avec
d'autres plaintes déposées par au moins deux personnes qui ont été agressées à
cet endroit et dépouillées de tout l'argent qu'ils portaient sur eux ainsi que
de leurs portables.
D'ailleurs, c'est la puce de téléphone de
l'une des victimes d'agression qui a été découverte sur le dénommé B.Mokhtar et
qui fut donc arrêté pour ce meurtre, car il y avait une grande similitude entre
les deux agressions qui ont vu les victimes obtempérer et celle où la victime,
Kouider Ayad Mohamed, a été assassinée, car il aurait refusé de leur remettre
ce qu'il possédait. B. Mokhtar, questionné sur la mort de Kouider, nia avoir eu
connaissance de quoi que ce soit le concernant, bien qu'il avoua les deux
agressions perpétrées en compagnie de S. Khaled. Ce dernier, arrêté lui aussi,
confirma les dires de son acolyte concernant les deux agressions et affirma
qu'il n'avait à aucun moment tué Kouider et donna même un alibi, ainsi
d'ailleurs que B. Mokhtar. L'enquête et l'instruction qui suivit permirent au
magistrat de conclure à des similitudes entre les agressions et le meurtre et
il prit la décision de les inculper pour meurtre avec préméditation. Au cours
du procès, les deux accusés soutinrent qu'ils n'avaient pas tué la victime et
que, la nuit du meurtre, chacun se trouvait en un endroit différent et assez
éloigné de la ville de Chiffa. Les avocats de la défense axèrent leurs
plaidoiries sur le manque de preuves directes dans cette affaire et demandèrent
l'acquittement de leurs clients. Pour le représentant du ministère public, il
ne faisait aucun doute que les deux accusés étaient coupables du fait qu'ils
avaient l'habitude d'agresser les personnes esseulées en cet endroit, aux mêmes
heures, et qu'ils avaient même avoué leurs méfaits. Et il demanda la réclusion
criminelle à perpétuité au terme d'un réquisitoire très dur.