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La mauvaise cible

par Kharroubi Habib

La dissolution de l'Assemblée populaire nationale et des élections législatives anticipées ne résoudront en rien le problème politique que l'obsolescence du système en place entretient dans le pays. Les partis et personnalités qui font de ces deux exigences leur cheval de bataille sont totalement à côté de la plaque en laissant entendre qu'une nouvelle APN sortie de ces élections législatives anticipées auxquelles ils appellent, ne sera plus l'institution croupion qui est celle qui siège présentement. Le soutenir, c'est faire preuve de naïveté candide.

Ceux qui le font semblent en effet penser que le système et le régime ne seraient pas totalement réfractaires à une évolution démocratique. Cela veut dire qu'ils ne voient ou ne veulent pas voir que ce système et ce régime sont sur une logique qui exclut l'idée de leur ouverture démocratique et celle du champ politique. Tout dans leur démarche et dans les comportements qu'elle leur inspire montre pourtant que c'est le verrouillage hermétique qui est leur objectif. Leur demander alors de consentir à l'existence d'une assemblée nationale véritablement représentative, en situation par conséquent de permettre l'expression d'autres visions et points de vue que ceux qu'ils imposent, revient, comme l'a crûment déclaré Belkhadem, à leur suggérer de se faire hara-kiri.

La dissolution de l'Assemblée populaire nationale, même si celle-ci est unanimement désavouée par l'opinion publique, n'est pas la priorité du combat pour la démocratie. Tout bonnement parce qu'il est des exigences préalables que les combattants pour la démocratie doivent faire valoir avant de songer qu'ils soit possible d'aller à des élections législatives anticipées susceptibles d'aboutir à une représentation nationale digne de ce nom.

En l'état de ses lieux actuels, l'opposition dans notre pays est dans l'incapacité d'être audible et encore moins de forcer le pouvoir à des concessions démocratiques. Pourquoi alors celui-ci consentirait à lui en faire alors qu'il est le seul à occuper le terrain politique ? Il est dans l'air du temps dans certains cercles de cultiver des lunes en considérant que Bouteflika, après avoir obtenu son troisième mandat, serait devenu plus réceptif aux demandes de changements démocratiques qui s'expriment dans l'opposition et dans l'opinion publique. Ce n'est pas, après avoir rassemblé tous les clans du système autour de lui et s'être ainsi présenté comme le rassembleur de celui-ci à l'occasion de l'élection présidentielle, que le Président réélu va se fixer comme objectif la démocratisation de son fonctionnement et de celle du champ politique. A un système nageant en pleine euphorie et conforté par la faiblesse de l'opposition qui le conteste, l'on ne demande pas des élections législatives anticipées.

Si l'opposition aspire réellement au rôle d'alternative allant au-devant des aspirations et des attentes populaires, elle doit d'abord et dans l'urgence se remettre en cause et retrouver le chemin de la confiance et de l'adhésion des citoyens.

En tout cas, pour l'heure, l'Assemblée nationale n'est perçue par l'opinion publique ni comme le problème ni comme la solution de l'ossification du champ politique national.