La montée en puissance de la contestation chez les étudiants de médecine
qui avaient tenu, mardi, des rassemblements à l'intérieur des Facultés de
médecine à Oran, Constantine et Annaba, fait bouger les deux ministères de
tutelle. Hier, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche
scientifique a tenu à exclure, par le biais de son directeur de communication,
Nourredine Kheraisia, le recours à l'année blanche, tout en assurant que le
conflit entre les pouvoirs publics et les hospitalo-universitaires pourra
connaître incessamment son dénouement. «L'année n'est pas compromise. Nous
allons recourir à un prolongement des études dans les Facultés de médecine
jusqu'à validation de l'année», a affirmé le même responsable sur les ondes de
la Radio nationale. Il a également réitéré les «appels au bon sens» en
direction des grévistes pour éviter aux étudiants l'année blanche. Le ministère
de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique annonce même une
journée de sensibilisation qui se tiendra, la semaine prochaine, dans les dix
Facultés de médecine dans l'espoir d'apaiser la gronde des étudiants. Des
assurances qui ne semblent pas rassurer pour l'instant les premiers concernés.
Du côté des deux syndicats autonomes des hospitalo-universitaires, on
accuse la tutelle de se cacher derrière des promesses «fallacieuses» tout en
évitant de relancer des négociations sérieuses sur leurs «légitimes
revendications». Pour le Pr Ouslim, du Syndicat national des professeurs et
docents en sciences médicales (SNPDSM), cette dernière «sortie médiatique» de
la tutelle n'est autre qu'une «fuite en avant destinée à gagner du temps» face
à une radicalisation du mouvement de contestation. «Il n'y a rien de concret.
Et ce n'est pas avec des promesses que la tutelle va nous convaincre de lever le
boycott des examens», soutient notre source. Pour le syndicaliste, ces
déclarations sont destinées uniquement à apaiser la gronde des étudiants, alors
que sur le terrain, les hospitalo-universitaires sont régulièrement harcelés
par la tutelle. «Les deux ministères de tutelle ne cessent de nous lancer des
menaces. Récemment, nous avons reçu une correspondance du directeur des Etudes
juridiques du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
scientifique contenant des menaces de ponction sur salaires», signale notre
interlocuteur. Questionné sur l'avenir du mouvement de contestation, il annonce
une assemblée générale des délégués syndicaux des hospitalo-universitaires,
mardi prochain à Alger, pour décider des actions à entreprendre dans les prochaines
semaines. Il est à noter qu'une centaine d'étudiants de l'Institut national de
l'enseignement des sciences (INESM) d'Oran avait observé mardi un sit-in à
l'intérieur de cet institut, pour «exiger l'ouverture de négociations sérieuses
entre les hospitalo-universitaires et les deux ministères de tutelle». Les
étudiants ont brandi des banderoles où on pouvait lire : «Les blouses blanches
contre l'année blanche», «Sauvez-nous du spectre de l'année blanche» et
«Science avec conscience». Le boycott des examens observé par les
hospitalo-universitaires depuis le 21 mars dernier dans les dix Facultés de
médecine du pays est à l'origine de ce désarroi des étudiants en sciences
médicales qui assistent, impuissants, à un pourrissement du bras de fer entre
les grévistes et les deux ministères de tutelle, à savoir le ministère de la
Santé et de la réforme hospitalière et celui de l'Enseignement supérieur et de
la Recherche scientifique.