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L'année 2009 nous rappelle le tragique et inoubliable souvenir des relations hispano-musulmanes : il s'agit du 5ème Centenaire de la conquête d'Oran (1509-2009) et du 4ème Centenaire du décret de 1609, ordonnant l'expulsion définitive des Morisques de l'Espagne inquisitoriale (1609-2009). En effet, deux événements majeurs de l'Histoire de l'Algérie et du monde musulman nous renvoient à la confrontation historique avec la Péninsule ibérique. L'Histoire nous rattrape et c'est tant mieux. Elle nous permet de revisiter notre passé et de se réapproprier un pan capital de notre historique relation avec l'Espagne, souvent mal connue ou plutôt connue à travers les autres, un regard étranger avec une vision unilatérale. Aujourd'hui, grâce à la recherche scientifique en sciences sociales et notamment à l'outil fondamental des langues étrangères, nous pouvons, fort heureusement, accéder à toute sorte de documentation étrangère ayant de profonds liens avec l'Histoire de l'Algérie moderne. Dans ce contexte précis, il s'agit de la langue espagnole, l'Espagne, l'Algérie, le Monde musulman et leur rapport avec notre conscience du passé, notre Histoire et Mémoire.. En effet, la langue espagnole, la langue de Miguel de Cervantes, cet illustre romancier, ancien captif d'Alger et envoyé spécial de Philippe II à Oran en 1581, nous a légué trois oeuvres qui nous évoquent sa dure captivité ainsi que de nombreuses références à la vie quotidienne de la cosmopolite ville d'Alger, capitale méditerranéenne d'alors. Son précieux témoignage sur certains événements militaires, notamment le siège d'Oran de 1563 par Hassan Pacha, venu d'Alger pour libérer Oran et Mers El-Kébir, est émouvant et reflète la réalité historique. Dans sa pièce dramatique El Gallardo español (le vaillant espagnol), Cervantes nous relate les durs combats et batailles menés entre les deux armées durant plus d'un mois pour occuper le fort de Mers El-Kébir, où s'étaient réfugiés les derniers soldats espagnols. Mais, l'arrivée de renforts de l'armada espagnole par mer a fait reculer les forces de Hassan Pacha. Conquise en 1509 par le cardinal Cisneros Ximenes et l'armée du comte Pedro Navarro, quelques années après la place de Mers El-Kébir en 1504, Oran s'est vue dépouillée de tous les ouvrages arabes, butins répartis entre les militaires et quelques richesses rapatriées vers l'Espagne, en l'occurrence les canons de bronze qui ont servi plus tard à forger les cloches de l'église de Tolède. Trois siècles à Oran Trois siècles environ de présence espagnole dans les forteresses d'Oran et de Mers El-Kébir (1509-1792) ont donné lieu à une considérable documentation et archives réparties actuellement dans certaines bibliothèques madrilènes et ailleurs, principalement à Simancas, où nous retrouvons tous les documents relatifs à l'histoire d'Oran. Cela étant, le premier événement concerne l'histoire des relations hispano-algériennes. En effet, le mois de mai 2009, représentera le 5ème Centenaire de la conquête espagnole d'Oran par Cisneros. Cet événement marqueur de notre Histoire nationale, et plus particulièrement régionale, connaîtra très prochainement l'organisation d'une Rencontre internationale à l'Université d'Alcalà de Henares (Espagne) en partenariat avec l'Université et le Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle (CRASC) d'Oran. D'ailleurs, l'intitulé de la thématique est très significatif et nous renvoie à notre histoire commune avec toutes ses conséquences : «Les cloches d'Oran» : Rencontre internationale Alacalà-Oran, 1509-2009». Les axes proposés concernent : Cisneros, Alcalà et Oran - Oran sous la monarchie espagnole - Une architecture militaire exemplaire moderne - Oran sous l'occupation française et les migrations espagnoles. Les émigrés et exilés. Les Migrations contemporaines... etc. L'inoubliable expulsion Le deuxième événement historique concerne le Monde musulman de Al Andalus et la Péninsule ibérique. Il nous rappelle le quatrième Centenaire du Décret espagnol de 1609, qui décrète carrément l'expulsion des Morisques de leur pays natal, l'Espagne. Ce souvenir inoubliable caractérisé par l'exil obligatoire et forcé des musulmans d'Espagne vers le Maghreb, notamment le Maroc qui avait accueilli 50.000, l'Algérie 25.000 et la Tunisie 100.000, musulmans. D'autres pays de l'exil de ces musulmans hispano-arabes furent la France, la Turquie, l'Amérique latine,... etc. En effet, lors du décret de 1609 et bien avant, ces Morisques étaient confrontés quotidiennement à la répression morale et physique de l'Eglise catholique qui leur interdisait catégoriquement toute pratique culturelle et religieuse arabo-musulmane. Les familles étaient déchirées, séparées de leurs enfants, éparpillées dans toute la Péninsule ibérique et dépouillées de leur fortune. A cette occasion, la prestigieuse Fondation Temimi pour la Recherche Scientifique et l'Information, qui est à l'avant-garde de la recherche scientifique au Maghreb depuis environ trois décennies, organisera à Tunis, le XIVè Congrès international et exceptionnel d'études morisco-andalouses sur : Le 4e Centenaire de l'expulsion des morisques d'Andalousie (1609-2009), le 20-21-22-23 mai 2009. La présentation de la problématique du Congrès telle que annoncée par les organisateurs est la suivante : «Dans ce cadre, la Fondation s'engage à organiser un congrès international exceptionnel à l'occasion du 4e Centenaire de l'expulsion des Morisques de leur pays, l'Andalousie (1609-2009). Nous ne doutons pas que ce congrès exceptionnel a une portée historique indéniable, en plus de son enjeu, du fait qu'il s'insère dans un contexte international, qui oeuvre pour le dialogue entre les civilisations, les cultures, la coexistence pacifique, la reconnaissance de l'Autre, le droit à la divergence et le multiculturalisme. Ces valeurs n'ont pas bénéficié aux Morisques dans leur pays au cours du 16e siècle, du fait de la posture des terribles tribunaux de l'Inquisition à leur égard, alors que ces Morisques ont pu bénéficier de ces valeurs universelles, à divers degrés, dans leurs pays d'accueil, principalement dans les pays du Maghreb, mais aussi dans des rivages de la Méditerranée et dans le Nouveau monde. Deux thèmes majeurs se dessinent pour ce congrès exceptionnel : Primo : les conséquences humaines, économiques sociales et cultuelles de l'expulsion des Morisques d'Andalousie (1609-2009) : - Les conditions inhumaines de l'extradition forcée des morisques de leur pays andalou. - Au niveau de l'Espagne : poids démographique et économique des Morisques Andalous ; - Au niveau des pays d'accueil : les contributions andalouses professionnelles et civilisationnelles. Secundo : leçons à tirer des malheurs de l'expulsion des Morisco-andalous : - La dénonciation de l'attitude des tribunaux de l'Inquisition, aussi bien les anciens que les modernes ; - La mise en valeur des principes de la tolérance, de la coexistence et de la reconnaissance de l'Autre ; - Combattre les drames de l'humanité à venir sur la base d'un nouveau système, centré sur l'humanisme, la coexistence et le partenariat. D'autres manifestations scientifiques sur ces questions seront organisées par les hispanisants chercheurs à l'Université et au CRASC. *Universitaire et chercheur |
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