Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Hadj Benalla: modestie et sagesse

par Kharroubi Habib

Bien peu d'Algériens des générations post indépendance savent qui a été Hadj Mohamed Benalla qui s'est éteint samedi à Alger en sa quatre-vingt-quatrième année. Il a été pourtant un homme clef des toutes premières années de cette indépendance au côté du 1er président du pays, Ahmed Ben Bella, dont il fut l'ami et un proche dévoué. Avant cela, le défunt fut une figure marquante de la cause nationale et de la lutte de libération.

Né en 1923 à Ouadane (Oran) dans une très modeste famille, Hadj Benalla a dû très tôt abandonner ses études pour exercer dès l'âge de 14 ans divers métiers. Il adhère et devient membre du Parti du Peuple algérien (PPA) en 1937. Il devient militaire, sous-officier, dans l'armée française après le débarquement allié de 1943 à 1945. C'est après cela, en tant que responsable d'un quartier PPA d'Oran, qu'il est approché par Ahmed Ben Bella qui l'enrôle dans l'Organisation secrète (OS) dont il était l'un des responsables nationaux et le régional pour l'Oranie.

Après le démantèlement en 1950 de cette organisation, Benalla est arrêté et condamné à 3 ans de prison ferme. Dès sa libération, il renoue avec l'activisme politique et s'engage dans la préparation et le déclenchement de la lutte de libération aux côtés de Larbi Ben M'hidi dont il a été l'adjoint pour la zone V. Ses autres compagnons les plus notoires en cette période ont été les regrettés Abdelhafid Boussouf, Ahmed Zahana, Fartas Benabdelmalek Ramdane et Si Othmane.

Membres de la direction historique de la wilaya V, Hadj Benalla a été arrêté le 16 novembre 1956 pour être libéré quatre ans après. Suite à quoi, il rejoint l'Armée de libération nationale dont il est l'un des commandants et devient membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) en 1962. Il fera partie du 1er Bureau politique du FLN désigné à Tripoli puis continuera à siéger dans cette instance jusqu'au 19 juin 1965. Nommé responsable du FLN en mai 1963, il assure également l'intérim de la présidence de l'Assemblée nationale constituante, après la démission de Ferhat Abbas en août 1963, jusqu'à son élection à la tête de l'Assemblée le 1er octobre 1963. Il est réélu à la présidence de l'Assemblée le 7 octobre 64, à l'issue des législatives du 20 septembre 1964. Au coup d'Etat du 19 juin, le défunt est arrêté, emprisonné puis mis en résidence surveillée à Biskra. Il a été définitivement élargi en 1978. Depuis, il s'est tenu à l'écart de la vie politique mais sans renier ses convictions et ses amitiés.

Dans le monde politique post-indépendance, Hadj Benalla s'est acquis la réputation de sage et de responsable, pondéré dans ses choix et décisions. Il a de ce fait bénéficié d'un préjugé favorable y compris de la part d'acteurs appartenant aux clans adverses du sien et du président Ben Bella. Une position qui lui aurait permis, aux dires de ceux qui l'ont intimement côtoyé, de jouer à maintes reprises le «M. Bons Offices» entre Ben Bella et nombre de ses détracteurs dont Boumediène évidemment. Et si, selon ces mêmes sources, Boumediène l'a si longtemps maintenu en détention, c'est par dépit de ne pas l'avoir convaincu de rejoindre son groupe d'opposants à Ben Bella. Hadj Benalla est resté jusqu'au bout fidèle à son image d'homme modeste, ferme dans ses convictions mais disponible à ceux qui sollicitaient ses conseils.

Il a été enterré hier au cimetière d'El-Alia à Alger. C'est un symbole des plus positifs qui s'en est allé.

A son épouse et à sa famille, nous présentons nos condoléances les plus attristées.