Aux grands maux, les grands remèdes. La flambée des prix de la sardine
sur les étals, dépassant parfois la barre fatidique des 300 dinars, fait réagir
le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques qui annonce des mesures
drastiques, destinées à garantir le renouvellement de la biomasse marine.
L'arrêté ministériel du 24 avril 2004 fixant les limitations
d'utilisation des chaluts pélagiques, semi-pélagiques et de fonds dans le temps
et dans l'espace, est entré en application. Une période de repos biologique
entre le 1er mai et le 31 août de chaque année, à l'intérieur des trois miles
marins, est désormais instaurée pour assurer une régénération des stocks de
poissons. La direction de la Pêche et des Ressources halieutiques de la wilaya
d'Oran promet l'application avec rigueur de la nouvelle législation contre tout
contrevenant. « Des contrôles sur le terrain seront effectués par des brigades
spécialisées qui seront également épaulées par les gardes-côtes et les équipes
de la DCP. La loi sera appliquée dans toute sa rigueur. Il y aura des amendes,
des peines d'emprisonnement et même un retrait partiel ou définitif du
fascicule ou livret marin du contrevenant. La direction de la Pêche pourra
également ester en justice l'armateur pour exiger un dédommagement », affirme
le directeur de la Pêche et des Ressources halieutiques fraichement désigné à
Oran. L'article 89 de la loi N° 01/11 prévoit des peines de prison allant de
six mois à une année et/ou une amende de 500.000 à 1.000.000 dinars contre tout
transgresseur des périodes d'interdiction ou de fermeture de la pêche. Cet
éveil soudain des services concernés par la pêche est justifié par la sérieuse
menace qui pèse sur les stocks de poissons en Algérie. 80 % de nos ressources
halieutiques vivent près des côtes, dans la zone des six milles marins, là où
l'exploitation est en nette croissance. Notre interlocuteur annonce aussi le
lancement de contrôles inopinés de la qualité et du calibrage du poisson
commercialisé dans les pêcheries et les marchés de détails. « Nous allons
imposer à la lettre la réglementation au niveau des ports de pêche de la wilaya
», martèle notre source. A propos de la situation des stocks de poissons sur
nos côtes, il avoue que nos ressources halieutiques diminuent chaque jour davantage
en raison de la surexploitation et des pratiques illégales de pêche. Pour notre
interlocuteur, il faut redoubler aujourd'hui de sévérité pour sauver nos
ressources halieutiques de la disparition. « Sur une biomasse estimée à 500.000
tonnes, l'Algérie a la possibilité d'en exploiter seulement le tiers, soit
170.000 tonnes annuellement », précise notre source. Preuve du durcissement des
contrôles, la direction de la Pêche a recensé, rien que pour le début de
l'année, 8 infractions et promet davantage dans les prochaines semaines avec
l'entrée en application du nouveau dispositif. L'année dernière, 53 infractions
avaient été recensées dans la wilaya d'Oran. Cette direction va également
organiser, conjointement avec la chambre de la Pêche, une journée sur le repos
biologique le 12 mai prochain à Oran, dans le souci de sensibiliser et les
professionnels et les consommateurs sur l'urgence de préserver nos stocks de
poissons. Une panoplie de mesures destinée à sauver la sardine pour qu'elle ne
connaisse pas le malheureux sort du mérou ou de l'anchois, aujourd'hui en voie
d'extinction sur nos côtes.