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Béni-Saf: Les armateurs de pêche réclament un plan de sauvetage

par Mohamed Bensafi

Une quarantaine d'armateurs investisseurs, exerçant au niveau des ports de Béni-Saf et Bouzedjar, se sont regroupés ce mercredi au siège de la direction de la pêche de Aïn Témouchent pour exprimer leurs inquiétudes quant aux retombées, de plus en plus angoissantes, de dettes impayées. Ces derniers ont contracté des crédits bancaires pour l'acquisition de bateaux de pêche, contrats qu'ils n'arrivent plus à honorer faute de recettes suffisantes due en majorité à la maigre production halieutique enregistrée depuis 2008. Et faute de remboursements, plusieurs d'entre eux ont reçu récemment des mises en demeure leur sommant de se mettre, dans un délai prescrit, à jour vis-à-vis de leur bailleur, faute de quoi ils seront poursuivis devant la justice avec toutes les conséquences qui s'ensuivraient allant jusqu'à la saisie de leurs bateaux.

Ainsi et dans une salle pleine à craquer, un porte-parole désigné par ses pairs a énuméré, devant un parterre de représentants de la presse locale, toutes les causes de la banqueroute que connaissent ces investisseurs. Les recettes se minimisant de plus en plus, les armateurs estiment qu'ils sont au bout d'un tunnel.

L'un d'eux nous aura même murmuré qu'ils sont tous sur le point de reposer les rôles, synonyme d'arrêt des activités. Selon l'intervenant, les remboursements graviteraient autour de 600 millions de centimes par année et pour chaque investisseur.

Cependant aujourd'hui avec un chiffre d'affaires qui varie entre 1 et 3 millions de dinars et pour un système de partage propre à la profession qui ne réserverait qu'à peine 27% à l'armateur pour faire face à la banque, ce qui représenterait à peine 2 mois de remboursements sur l'année, alors que les taux d'intérêt ne cessent de galoper et les pénalités de s'ajouter. Devant un tel calvaire, vécu au quotidien, explique-t-il, «certains d'entre nous voient chaque jour leur santé se dégrader».

Le directeur de la pêche, présent à la rencontre, s'est montré sensible à leurs préoccupations et s'est engagé à faire parvenir au ministre de tutelle une lettre qui lui a été remise par le groupe laissant même une porte ouverte à une solution. Ces armateurs endettés demandent, à travers les colonnes de la lettre, adressée au chef du gouvernement dont une copie a été remise à la presse, de surseoir aux calendriers des remboursements. L'accord signé avec la banque indiquant que les remboursements devront s'effectuer dans un délai égal à 5 années, les armateurs souhaitent cette fois-ci voir cette échéance se rééchelonner à 25 années. Mais comme une telle décision appartient au gouvernement, en attendant ils réclament un ajournement ou un gel des remboursements des crédits y compris des mesures administratives ou pré-juridiques prises à leur encontre, le temps de voir repartir la production halieutique et leurs portefeuilles souffler.

Ces armateurs rappellent qu'ils viennent d'essuyer un revers de 2 années de suite 2007-2008 avec des bilans négatifs. «2008 a été plus noire que 2007», soulignera le porte-parole. A l'origine, une production halieutique catastrophique et des temps d'immobilisation longs dus souvent à la météo ou encore aux problèmes techniques répétitifs et compliqués. Durant cette période 2008, ajoute encore un autre intervenant, il y eut à peine 110 journées profitables à la pêche. Ainsi, rappelle cet armateur, si cette situation venait de perdurer, elle menacerait au moins 500 marins-pêcheurs (2.000 emplois directs et indirects) de se retrouver subitement sans revenus. «A raison de 5 bouches à nourrir par personne, faites vous-même le calcul», ajoutera-t-il.

Enfin, notons que parmi les 48 projets déjà réalisés dans le cadre du PRSE, 44 sont des unités de pêche et enrôlent aujourd'hui près de 500 marins-pêcheurs. Treize autres projets dont 10 unités de pêche sont en cours de réalisation. Le coût global de ces projets s'élèverait à environ 2,7 milliards de dinars. L'objectif des responsables de ce secteur de la pêche de la wilaya de Aïn Témouchent reste bien sûr la concrétisation de tous les projets mais aussi la priorité à l'emploi, à la formation et à la production. Pour terminer, l'on sait qu'ailleurs, beaucoup de pays placent la pêche et l'agriculture dans le même département. Chez nous, c'était le cas, il y quelques années. Ce qui suppose que le cri est le même dans les 2 camps. Et comme leurs égaux, les armateurs, touchés eux aussi par la crise météorologique, souhaitent trouver un soutien du haut de la hiérarchie.