L'épidémie de la grippe porcine tient en haleine le monde entier.
L'Organisation mondiale de la santé a averti, lundi soir, que plus aucune
région du monde n'est désormais à l'abri, puisque «le virus s'est déjà propagé»
sur la planète. En moins d'une semaine, le niveau d'alerte sanitaire mondiale
est passé à 4 sur une échelle de 6, un niveau d'alerte pandémique qui pourra
être relevé à 5 dans les tout prochains jours après la «confirmation finale» de
nouveaux cas aux Etats-Unis. Le passage à la phase 5, avant-dernier niveau
avant la déclaration de la pandémie, signifie que celle-ci est non seulement
imminente mais surtout inévitable. Le déclenchement du niveau 5 est justifié,
selon les critères de l'OMS, par l'apparition d'un foyer infectieux dans un
deuxième pays. «S'il y a une confirmation de cas locaux aux Etats-Unis, nous
pourrions en principe passer à la phase 5», a expliqué lors d'un point de
presse un porte-parole de l'OMS, Gregory Hartl. Les autorités américaines, qui
ont dénombré plus de 44 cas de grippe porcine sur leur territoire, ont fait
état lundi de 28 malades avec des symptômes légers confirmés dans une école de
l'est de New York, et de 17 malades «probables». «Nous attendons toujours une
confirmation finale des autorités américaines», mais si tel était le cas, alors
le «Comité d'urgence de l'OMS pourrait prendre la décision de relever une
nouvelle fois le niveau d'alerte pandémique», a précisé M. Hartl. «Si nous
passons à la phase 5, ce sera un changement majeur», a-t-il insisté. Face à la
recrudescence de cas dans le monde, l'OMS a déjà relevé, lundi soir, son niveau
d'alerte pandémique le faisant passer de 3 à 4, indiquant une «montée en
puissance significative du risque de pandémie» en raison d'une transmission
avérée du virus entre humains. Au Mexique, foyer de l'épidémie, on annonce un
bilan aggravé de 152 décès, dont 132 sous réserve de confirmation. L'épidémie,
qui continue de se propager avec la confirmation de cas en Nouvelle-Zélande, en
Espagne, en Grande-Bretagne et au Canada, fait craindre aux autorités
sanitaires une pandémie d'ampleur mondiale. Face à la menace, les autorités
sanitaires mondiales se préparent à relancer la riposte. Une réunion est
annoncée, aujourd'hui, entre la commissaire européenne à la Santé, Androulla
Vassiliou, et les principaux groupes pharmaceutiques pour «un point sur les
possibilités de riposte». Les groupes pharmaceutiques sont les premiers «
bénéficiaires » de la propagation de cette épidémie, leurs valeurs boursières
progressent dans les Bourses asiatiques et européennes malgré une tendance à la
baisse. La Banque mondiale s'est aussi engagée pour lutter contre la
propagation inquiétante de la grippe porcine en accordant un prêt de «plus de
205 millions de dollars au Mexique». L'argent sera destiné pour l'achat de
traitements pharmaceutiques.
Au Moyen-Orient, quatre pays annoncent des mesures de précaution et le
rassemblement régional du Conseil de coopération du Golfe (CCG) a décidé de
tenir une réunion de coordination au Qatar samedi. Le ministre saoudien de la
Santé, Abdallah al-Rabia, avait rassuré tard lundi qu'aucun cas de grippe
porcine n'avait été détecté dans le royaume. Il a déclaré qu'un comité
scientifique de son ministère avait passé en revue les mesures de précaution à
prendre et conclu que le pays disposait de stocks suffisants de médicaments.
Les yeux sont tournés vers l'Arabie Saoudite qui accueille actuellement des
centaines de milliers de visiteurs durant cette campagne Omra 2009. Une
diffusion de l'épidémie entre les hôtes des Lieux Saints aurait des
répercussions sanitaires fâcheuses. En Algérie, le ministère de la Santé, de la
Population et de la Réforme hospitalière a affirmé hier, dans un communiqué
publié, que le pays dispose des «moyens nécessaires» pour lutter contre la
grippe porcine. Le ministère a mis en place un « comité ad hoc » chargé de
suivre l'évolution de la situation de cette maladie infectieuse au niveau
international et de proposer les mesures à prendre au niveau national en termes
de surveillance, de prévention et de dispositif de lutte. «Bien que l'évolution
actuelle de cette épidémie semble réduire le risque d'une extension mondiale
pouvant toucher notre pays, le comité a pris, sur la base du principe de
précaution, un certain nombre de mesures urgentes relatives à la surveillance
épidémiologique et de préparation à la mobilisation si nécessaire et en
fonction de l'évolution épidémiologique internationale», assure le ministère.
Il y a lieu de noter que le virus de la grippe porcine parti en mars du Mexique
a fait de nombreux cas humains non mortels diagnostiqués aux Etats-Unis, au
Canada, en Espagne, en Grande-Bretagne et en Nouvelle-Zélande. Tous les cas
confirmés hors Mexique par l'OMS concernent des personnes revenant du Mexique
ou leurs proches. L'Organisation onusienne tente par tous les moyens de
déterminer les caractéristiques du virus afin de mieux en contrôler la
diffusion. «Nous n'avons pas d'information sur la façon dont il fonctionne,
dont il se transmet», a reconnu M. Hartl, soulignant que les réunions à haut
niveau se succédaient au siège de l'OMS y compris avec des partenaires privés.
Ce que l'OMS craint le plus aujourd'hui, «c'est la transmission», a-t-il
expliqué soulignant l'incompréhension des experts de l'organisation devant le
fait que le virus ait pris des formes mortelles au Mexique et soit resté peu
virulent aux Etats-Unis. «On ne peut l'expliquer. La grande inconnue, c'est
également comment le H1N1 va se présenter dans ses transmissions futures», a
ajouté le porte-parole répétant les craintes formulées dimanche par le numéro
deux de cette organisation.