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Très probablement, le premier voyage en Europe du président Bouteflika,
deux mois après avoir été plébiscité pour un troisième mandat, aura comme
destination la France. Faudrait-il s'en étonner pour autant ? Non, car cette
visite, que le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a confirmée
jeudi, devait avoir lieu durant le 1er trimestre 2009, sur invitation du
président français, M. Nicolas Sarkozy.
Jeudi, Alger annonçait officiellement la visite du président Bouteflika en France, au lendemain de déclarations de l'ambassadeur de France à Alger, M. Xavier Driencourt, sur la non confirmation de cette visite en juin prochain. L'ambassadeur de France en Algérie avait précisé qu'une invitation à se rendre à Paris, transmise au président algérien Abdelaziz Bouteflika en juin, n'avait pas été confirmée. Jeudi, M. Medelci levait le voile sur cette visite et coupait court à toutes les hypothèses, d'un côté comme de l'autre, sur les zones d'ombre de cette visite. Il a ainsi affirmé que le président Abdelaziz Bouteflika a accepté le principe de l'invitation que lui a adressée le président français, M. Nicolas Sarkozy, pour effectuer une visite d'Etat en France. »Chacun de nous sait que le président Sarkozy a annoncé une invitation pour une visite d'Etat au président de la République, qui en a, bien entendu, accepté le principe», a déclaré M. Medelci à la presse en marge de l'audience qu'il a accordée au président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, M. Axel Poniatowski. Tout de suite après, il poursuit que «nous sommes en train de travailler, de part et d'autre, sur les questions qui pourraient être évoquées à l'occasion de cette visite ». Le programme de la visite de M. Bouteflika en France est en cours de maturation, selon le chef de la diplomatie, M. Medelci, qui n'a pas fait de mystère sur le fait qu'à Alger les questions de partenariat avec l'ancienne puissance coloniale seront recentrées sur des dossiers d'actualité, pour les deux pays: la communauté algérienne établie en France, la circulation des personnes et l'affaire des essais nucléaires français dans le Sahara, notamment à Reggane. M. Medelci insistera particulièrement sur ce point en rappelant, au détour de sa rencontre avec le SG du ministère français des Affaires étrangères, Pierre Sellal, à Cordoue en marge de la réunion des «5+5», que les deux présidents ont convenu déjà, il y a plus d'un an, de traiter de la question des essais nucléaires français à Reggane (sud de l'Algérie) «d'une manière plus diligentée», annonçant, à cet égard, qu'une réunion supplémentaire allait se tenir bientôt à Alger. Cette réunion permettra, selon M. Medelci, de «dégager les thèmes de référence d'un travail d'identification aussi exhaustif que possible de la situation qui est celle des zones contaminées et à partir de là, il pourra être élaboré un programme d'action pour la décontamination». La visite du président Bouteflika à Paris devrait, ainsi, être le prélude à une reprise plus cohérente des relations bilatérales entre les deux pays, autant sur le front économique, énergétique également avec le nucléaire civil, qu'humain avec une meilleure prise en charge de la question de la circulation des personnes entre les deux rives, mais également les grandes questions actuelles et à venir de la communauté algérienne en France, qui est la plus importante communauté étrangère résidant en France. Pour autant, cette visite était programmée au 1er trimestre 2009, mais elle a été retardée, un moment même compromise, du fait de la gestion musclée et peu protocolaire de l'affaire de l'arrestation du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni, arrêté à sa descente d'avion à Marseille-Marignane et accusé d'être le commanditaire de l'assassinat de l'avocat franco-algérien du FFS, Ali Mecili, en 1987 à Paris. L'affaire du diplomate a jeté un froid sur les relations algéro-françaises. Un froid qui s'est traduit, selon la presse de l'Hexagone, par un report de la visite du président algérien prévue au cours du premier trimestre de l'année en cours. Interpellé le 14 août 2008, à l'aéroport de Marignane, à sa descente d'avion, le diplomate Mohamed Ziane Hasseni a été placé sous contrôle judiciaire, dans le cadre de l'affaire de l'assassinat à Paris de l'avocat Ali Mecili. Le traitement de cette affaire avait traîné en longueur, avant que la Cour d'appel de Paris se prononce le 27 février sur la levée du contrôle judiciaire. Le chef du gouvernement M. Ahmed Ouyahia avait qualifié, au mois de mars dernier, la mise sous contrôle judiciaire de Hasseni d'»acte regrettable et incohérent», selon lequel l'Algérie a préféré «faire prévaloir la sagesse, et pour éviter une tension dans les relations entre les deux pays, ce qui n'aurait été ni dans notre intérêt ni dans l'intérêt de la France». Finalement, les mauvais nuages semblent s'être dissipés, ce qui a permis au chef de la diplomatie algérienne d'annoncer qu'Alger ne voit dorénavant, l'affaire Hasseni étant classée, aucune objection à une visite d'Etat de Bouteflika en France. M. Medelci résume en outre parfaitement ce qu'attend Alger de cette visite: «L'essentiel de nos préoccupations aujourd'hui tourne autour de la circulation des personnes et donc du développement humain, mais aussi autour de la nécessité de développer davantage la coopération économique, principalement à travers des investissements français en Algérie». Paris, de son côté, voudrait surtout être «privilégiée» dans les secteurs de l'énergie (dont le nucléaire), de l'industrie militaire, des transports, et les technologies de pointe. |
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