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Le CNIS plutôt que le FMI

par M. Saâdoune

Après la révision à la hausse de l'ampleur des pertes du système financier international, le FMI a procédé à une nouvelle révision, à la baisse, pour l'économie mondiale.

En janvier, le Fonds monétaire international tablait sur une croissance mondiale minimaliste de 0,5% ; désormais, il annonce une contraction de 1,3%. C'est sans précédent depuis un demi-siècle. Et sous l'effet de la globalisation économique, aucune région ni aucun pays n'est épargné.

Ces prévisions pessimistes confirmeraient qu'on est dans la plus grave récession économique mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale, sous le double effet d'une crise financière massive - dont l'ampleur n'est pas encore réellement établie, comme en témoigne la révision à la hausse des pertes du système financier - et d'une perte de confiance généralisée.

La conjonction d'une crise financière et d'une récession mondiale va  probablement entraîner une baisse de la production « d'une gravité et d'une longueur inhabituelles », écrit le FMI, en appelant à se « garder de conclusions hâtives » face à un « évènement rare ».

L'institution n'en prédit pas moins que la récession « risque fort de persister et d'être suivie d'une reprise plus faible que la moyenne».

La contraction de l'activité est plus marquée dans les économies avancées (3,8%), les Etats-Unis enregistrant un recul de 2,8%. Les économies émergentes et en développement ne connaîtront pas de recul mais leur croissance restera modeste, et très en deçà des besoins, avec 1,6%.

C'est une mauvaise nouvelle pour une économie qui reste dépendante à plus de 97% des recettes d'hydrocarbures. Même si, formellement, l'Algérie a l'air de s'en « tirer » relativement mieux que d'autres avec une prévision de croissance de 2,1% en 2009, et qui pourrait atteindre 3,9% en 2010. Des prévisions proches de celles faites en mars dernier par la Banque mondiale, qui évoquait 2,2% en 2009 et 3,5% en 2010.

Cette croissance reste cependant modeste rapportée aux besoins en termes d'emplois et elle continue à être totalement soutenue par les programmes d'investissements publics. Les signes d'une diversification tant souhaitée de l'économie tardent toujours à venir.

A cet égard, les chiffres du commerce extérieur livrés récemment par le Cnis, sans être surprenants, sont plus significatifs de la réalité de l'économie du pays. Alors que les exportations ont baissé de 42% au premier trimestre 2009 par rapport à la même période 2008, les importations ont augmenté de 10,7%. Ces deux chiffres donnent une photographie réelle de l'économie algérienne : on exporte des hydrocarbures et on continue d'importer de presque tout. Les mesures gouvernementales destinées à brider les importations ne semblent pas avoir de l'effet. Les chiffres du commerce extérieur continuent à délivrer une photographie, toujours inquiétante, de la vulnérabilité structurelle d'une économie qui continue de fonctionner sur la rente et qui ne produit pas grand-chose.

Il ne faut pas donc pavoiser quand le FMI nous crédite d'une petite croissance positive. Les chiffres du Cnis méritent davantage d'attention. Et d'appréhensions...