
En dépit des discours rassurants et autres déclarations que font les responsables
au niveau de la wilaya à propos de la levée des obstacles qui entravent le
développement de l'agriculture et le renouveau du monde rural, les blocages
subsistent encore, surtout auprès des institutions bancaires pour la délivrance
des crédits. Le constat est fait par un groupe d'agriculteurs et de
représentants d'associations agricoles de la wilaya de Constantine rencontrés
au niveau de la direction des services agricoles, qui se plaignent des
nombreuses tracasseries bureaucratiques qu'ils endurent auprès des banques pour
accéder aux crédits à l'investissement dans le cadre du programme national de
développement agricole.
Dépités, ces fellahs ont vivement critiqué les discours qui leur sont
régulièrement tenus par les responsables du secteur dans le cadre des campagnes
de sensibilisation et qui leur promettent monts et merveilles pour peu qu'ils
prennent la peine de se rapprocher des banques où des facilités, leur
assurent-ils, seront accordées pour l'obtention de crédits à l'investissement.
«En matière de crédit, il faut courir ! affirme, ironique, l'un d'eux.
Figurez-vous que la banque nous exige un dossier composé de pas moins de 14
pièces, dont la plupart n'ont aucune raison d'être. Cela va de la carte de
résidence à la carte d'identité et permis de conduire ensemble !». Un autre
nous dira qu'un de ses collègues avait attendu 12 mois pour pouvoir «sortir» de
CMA un tracteur parce qu'il fallait verser au moins 70% de la machine et que la
banque a mis longtemps avant de lui accorder un crédit à l'investissement. Et
les exemples sont nombreux, assurent nos interlocuteurs.
Contacté, le président de la chambre d'agriculture de la wilaya de
Constantine, M. Noureddine Achouri, nous a confirmé la persistance de ces
problèmes tout en déplorant que son institution n'ait aucune emprise sur les
banques. «Effectivement, il y a beaucoup d'agriculteurs qui se heurtent à des
blocages administratifs au niveau des banques. Il faudrait que les procédures
d'obtention de crédits soient assouplies, a-t-il affirmé. Malheureusement, nous
ne pouvons pas faire grand-chose à notre niveau car notre rôle se limite à
l'encadrement et l'orientation des agricultures adhérents. D'autre part, nous
ne sommes pas membres de la commission technique d'attribution de crédits».
Aussi, ce responsable se demande pourquoi toutes ces barrières érigées devant
les fellahs alors que l'argent destiné à la réalisation de ce programme est mis
à la disposition du fellah par l'Etat. «Nous sommes constamment informés des
problèmes rencontrés par les agriculteurs qui, par ailleurs, ne sont nullement
découragés par les difficultés, affirme M. Achouri, et ils espèrent que le
ministère intervienne à nouveau auprès des institutions financières pour lever
les obstacles et délivrer les fellahs qui se concentreront sur la production au
lieu de perdre beaucoup de temps à courir de bureau en bureau pour obtenir
l'argent de l'investissement».