Le braquage d'un fourgon de transport de fonds appartenant à Djezzy,
remontant au mois de Ramadan dernier à St Pierre, était hier à la barre. Les
auteurs présumés de cette attaque à main armée, au nombre de cinq,
comparaissaient devant le tribunal criminel d'Oran pour répondre des chefs
d'accusation d'« association de malfaiteurs et vol qualifié ». Les faits sont
dignes d'un thriller policier hollywoodien, avec comme trame : une chaude
séquence où on voit un gang de mafiosi effectuant un hold-up contre des
convoyeurs de fonds, en plein centre-ville, en plein jour. Rue Larbi Boulenouar
(ex-Béranger), une pente raide qui traverse le quartier populaire de Saint
Pierre pour déboucher sur la Rue Larbi Ben M'hidi, à hauteur de Miramar. Le 16
septembre 2008. On est au début du mois de jeûne. 11 heures. Le véhicule de
transport de fonds, une Peugeot Partner, de l'opérateur téléphonique Orascom
Tlecom Algérie, qui se dirigeait vers une banque sise Rue Larbi Ben M'hidi, est
braqué par une voiture qui roulait devant, une Renault Scénic de couleur grise
métallisée, immatriculée dans la wilaya de Témouchent (46). Deux hommes,
portant des casquettes, surgissent de la Scénic et attaquent les deux
convoyeurs, les aspergeant de gaz lacrymogène. Ils les jettent par terre et s'emparent
de l'argent, 120 millions de DA. Maigre butin pour une opération aussi «
culottée ». D'autant que le partage devait se faire par cinq, car en plus des
deux braqueurs il y avait trois autres compères, selon le dossier d'accusation.
Deuxième bévue : les braqueurs utilisent le portable de l'agent de Djezzy, un
appareil de marque « Sagem X 3 », qu'ils trouvent sur le tableau de bord, pour
appeler, à plusieurs reprises, leurs complices. Grâce aux techniques de
repérage du GSM, l'un des deux braqueurs sera localisé et arrêté au cours de la
même journée. En effet, placé sous écoute, M.N., gardien d'un parking dans
l'une des nouvelles cités Oran-est, tombera dans le filet de la police,
entraînant par effet dominos le démantèlement de la bande tout entière. La
perquisition dans le domicile de B.A.T, un autre membre du gang, se soldera par
la découverte d'un arsenal d'armes blanches et deux casquettes de couleur
marron, qui, selon les deux agents Djezzy agressés, ressemblent à celles que
portaient les deux braqueurs. De plus, trois copies des clés d'une voiture de
marque Hyundai Atos appartenant à une société de taxi privée a été retrouvée
chez cet ex-employé viré par le patron de la société. Dans le lot des pièces à
conviction, il existe également des appareils émetteurs-récepteurs saisies lors
de la perquisition du domicile, mais surtout... l'appareil Sagem de la victime
: le détail autour duquel a pivoté toute cette histoire. Le représentant du
ministère public requerra une peine de 8 ans de prison ferme contre les cinq
accusés. Les avocats de la défense, dans leur ensemble, plaideront « non
coupable », leurs clients ayant nié en bloc les faits retenus contre eux. A
l'issue des délibérations, les cinq prévenus seront condamnés à 7 ans de
réclusion.