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Le DG de l'OMC ne viendra pas à Alger

par Amine L.

Le Directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, ne fera pas finalement le voyage à Alger pour assister au premier Forum des patrons maghrébins. L'attachée de presse de l'OMC a affirmé au Quotidien d'Oran que «Pascal Lamy, qui avait beaucoup apprécié l'invitation, ne viendra pas à Alger en raison d'engagements déjà pris pour cette période». Il sera en mission en Autriche, à Salzburg.

Pour rappel, le Quotidien d'Oran, citant une déclaration d'un responsable de la Confédération algérienne du patronat (CAP), (Voir notre édition du 7 avril 2009), avait annoncé que le premier responsable de l'OMC était attendu, les 10 et 11 mai prochain, à Alger pour assister au premier Forum des chefs d'entreprises maghrébins. Il faut dire que les négociations entre Alger et l'OMC sont au point mort depuis le début de 2008. L'Algérie refuse certaines conditions formulées dans la dernière liste de questions adressée par l'OMC. A bout du dixième round de négociations, l'Algérie a reçu 96 questions concernant certains aspects d'une dizaine de thèmes sur lesquels elle poursuit actuellement les négociations. Le coordonnateur des négociateurs algériens pour l'accession de l'Algérie à l'OMC, Cherif Zaâf, avait déclaré, récemment, que rien n'impose à l'Algérie d'accepter ce que lui demande l'OMC. Le ministre du Commerce, El-Hachemi Djaâboub, a pour sa part affirmé , récemment, «que le gouvernement est sur le point de finaliser les réponses aux 96 requêtes adressées par l'OMC, afin de les mettre sur la table des négociations au prochain round». Une fois examinées, ces 96 questions seront transmises au secrétariat général de l'OMC pour discuter de la date du 11è round. Les deux parties restent partagées sur beaucoup de points. Dernier point de divergence en date : l'OMC dit ne pas être d'accord avec les mesures décidées par le gouvernement, notamment celles relatives à la détention par l'Etat de 51 % du capital des projets avec les sociétés étrangères, mais aussi l'annulation de la cession du foncier de l'Etat au profit d'investisseurs et son remplacement par un système de concession. L'interdiction de l'importation des médicaments génériques produits en Algérie est aussi objet de réticences de la part de l'OMC. Pourtant, une telle mesure est appliquée dans tous les pays membres de l'OMC. Autre divergence : le prix du gaz industriel et de l'interdiction de l'importation des voitures de moins de trois ans. L'OMC reproche à l'Algérie de vendre le gaz à perte, ce qui n'est pour elle, rien d'autre qu'une subvention déguisée. Il est peu probable que l'Algérie emboîte le pas à l'Arabie saoudite qui avait créé un précédent en rapprochant les prix du gaz du marché interne de ceux externes afin de devenir membre de l'OMC. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait expliqué dans des déclarations à la presse, que rien ne justifie une telle mesure du moment que le prix du gaz sur le marché national comprenait tous les coûts (production, développement, transport...) et est déterminé par la loi sur les hydrocarbures, laquelle « prévoit aussi une marge de bénéfice raisonnable». «Il n'y aura pas de concessions», avait asséné le ministre de l'Energie. L'OMC reproche également à l'Algérie de «subventionner les exportateurs nationaux».

L'OMC exige aussi de l'Algérie qu'elle démantèle la Taxe intérieure de consommation (TIC). Ce sont là autant de divergences qui bloquent le processus d'adhésion de l'Algérie. Un processus vieux de 22 ans. L'Algérie a, en effet, introduit sa première demande d'adhésion au GATT (ancêtre de l'OMC) en 1987. Mais les négociations effectives d'adhésion n'ont débuté qu'en 2001. A ce jour, l'Algérie a traité 1.600 questions relatives à son système économique et a tenu 93 réunions bilatérales avec 21 pays.