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Le Maroc se ruine pratiquement pour entretenir sa présence militaire et la colonisation du Sahara Occidental. C'est, en quelques mots, la conclusion à laquelle sont parvenus plusieurs chercheurs et centres de recherche, mais également les services de renseignements américains. La colonisation de ce territoire en 1975 par le Maroc, au détour d'une scandaleuse marche verte, coûte actuellement au royaume chérifien 5 % de son PIB, alors que les dépenses militaires avoisinent les 36 milliards de dirhams (360 millions de dollars environ), soit 100 millions de Dhs par jour. Ce qui place le pays, selon un rapport de la CIA (The World Fact Book), parmi les 20 pays les plus dépensiers pour leur armée. En outre, le Palais royal a passé commande, durant ces deux dernières années, de nouveaux F16 pour la flotte aérienne avec 24 Mds de dhs et une frégate française de 5 Mds de Dhs. La loi de finances 2009 réserve, en outre, près de 30 milliards de Dhs pour le secteur de la défense, l'armée marocaine étant devenue boulimique, financièrement, pour maintenir sa présence illégitime au Sahara Occidental. Le Maroc, selon un chercheur marocain, serait actuellement dans la norme admise avec un budget de 1,90 % du PIB, soit 20 milliards de Dhs d'économie par an, de quoi couvrir aisément les intérêts et les commissions payés annuellement pour la dette publique, s'il n'avait opté pour la colonisation de ce territoire avec, notamment, près de 150.000 hommes stationnés en permanence au Sahara Occidental sur les 250.000 hommes que compte l'armée marocaine. «Aujourd'hui, force est de constater que l'eldorado saharien, tel qu'il a été 'rêvé' dans les années 1970, n'est plus qu'un mirage. C'est même devenu un fardeau pour l'Etat marocain, voire pour le contribuable, auquel on a pratiquement fait signer un chèque à blanc. Sécuriser le Sahara, l'annexer administrativement, l'équiper et oeuvrer pour établir la souveraineté constituent, depuis 1975, de lourdes dépenses qui grèvent le budget d'Etat», écrit l'hebdomadaire marocain «Tel quel», connu pour son caractère irrévérencieux envers le Palais royal.. Sur le plan diplomatique, l'annexion brutale, violente du Sahara Occidental a également un coût très lourd, les Marocains achetant à tour de bras les voix pour «le retrait de la reconnaissance» de la République arabe sahraouie démocratique. En plus de l'entretien coûteux d'ambassades «inutiles» en Amérique Latine, «les actions de lobbying diplomatique effectuées par le royaume restent secrètes et leur coût réel est jalousement gardé», estime Fouad Abdelmoumni, un chercheur marocain établi en Espagne. Le quotidien britannique The Guardian a ainsi révélé, en 2007, que le Maroc, via le Moroccan American Policy Center (une organisation non-lucrative pro-marocaine aux USA), a chargé des cabinets de lobbying américains de promouvoir son plan d'autonomie pour le Sahara Occidental. Coût de l'opération : près de 300 millions de dirhams. Sur un autre plan, «l'occupation du Sahara Occidental a mobilisé d'importants moyens humains, financiers, administratifs et infrastructurels : de quoi développer le nord du pays deux fois plus rapidement. Cette politique prive ainsi le Maroc d'au moins 6 points du PIB et le laisse accroché à une coûteuse aventure. A l'intérieur du pays, le marasme social est total, avec un des taux de développement humain les plus bas de la région africaine, le chômage, les tensions sociales et une misère endémique dans les zones rurales, notamment dans le Haut Atlas. Depuis 1975, date de l'annexion du Sahara Occidental, le Maroc a connu plusieurs grandes manifestations centrées sur l'amélioration des conditions sociales et du niveau de vie des Marocains. A cette époque, on avait appelé les victimes des manifestations de 1980 de Casablanca, où il y a eu des dizaines de morts par balles, de «Chouhadas de la Koumira' (martyrs du pain)». Quelques années après, en 1989 et 1990, il y a eu d'autres manifestations, tout aussi brutales, tout aussi violemment réprimées. Ce n'est qu'à partir de 2005 que les restes de ces sanglantes répressions ont commencé à être déterrés des fosses communes pour être enterrés décemment. La guerre du Sahara Occidental, son annexion et le maintien d'une situation qui déroge aux conventions de l'ONU, a un coût social et humain très lourd pour les Marocains, mais également pour les pays maghrébins qui en sont les autres victimes, en l'absence d'une politique sage du Maroc qui puisse ouvrir la voie vers le règlement définitif de ce conflit. Avec la crise économique mondiale, le Maroc commence à sentir ainsi les contrecoups d'une politique jusqu'au-boutiste : garder la mainmise au Sahara Occidental, même au détriment de la prospérité du peuple marocain et le développement du pays. Est-ce là le propre de tout Etat colonisateur ? |
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