Le crime odieux commis contre un infirmier près de l'hôpital d'Oran, en janvier 2008, était hier devant le tribunal criminel.
«La bande de voyous », pour s'en tenir au vocable du représentant du ministère public, auteurs du forfait, devait répondre de ses actes ignobles : l'assassinat, presque gratuit, d'un passant et l'agression d'un autre suivi du vol de son véhicule. Le lendemain des faits, aux environs de 9 heures, la police reçoit un appel téléphonique faisant état de l'existence, aux abords du CHU, dans le quartier de Plateau, d'un cadavre gisant dans une mare de sang. Evacuée aux UMC, la victime succombera à ses blessures moins de 24 heures plus tard. Elle était atteinte, selon le rapport d'autopsie, de dix coups assénés au moyen d'une arme tranchante, dont un fatal au niveau de l'artère fémoral. Entre-temps, une plainte est déposée par une autre victime, un policier, qui a été agressée dans la même nuit, presque à la même heure, au même endroit, et délestée de sa voiture, une Maruti. Les enquêteurs n'avaient pas besoin alors de pressurer leur cerveau pour élucider cette affaire tant ils avaient à leur disposition un faisceau d'indices concordants. Primo, les déclarations, très brèves mais précieuses quand même, de l'infirmier avant de rendre l'âme. Le défunt affirma avoir été assailli par un groupe de quatre personnes, dont il donna le signalement avec des à-peu-près. Secundo, la déposition du policier : le même nombre d'agresseurs (quatre), la même description physique, à quelques détails près, donnée par l'infirmier. Tercio, l'élément le plus important et l'indice le plus probant : l'enregistrement vidéo. En effet, l'un des membres du gang était, à sa malchance, dans l'objectif de la caméra de télésurveillance installée à l'entrée du débit de boissons duquel le groupe était venu cette nuit-là s'approvisionner en cannettes de bière, après un dîner bien arrosé offert par l'un d'eux dans son domicile au quartier de Victor Hugo. La caméra a pris A.A. portant un survêtement de sport noir et une casquette blanche, en train de traquer la victime, l'infirmier, qui portait alors une veste en cuir noire. Veste qui sera retrouvée chez l'un des quatre mis en cause lors d'une perquisition. Déjà quasiment ivres morts, et n'ayant pu étancher leur soif du fait que le débit de boissons était fermé à cette heure-là (il était presque minuit et demi), la bande s'était alors mise aux aguets dans une des ruelles débouchant sur le Boulevard Adda Benaouda, en quête de passants. L'infirmier se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment : il était sorti de son poste, le pavillon 5 de l'hôpital, juste pour faire un flexy, selon le récit de son collègue cité en témoin. Ses agresseurs l'ont poignardé à mort juste pour lui piquer son portable, une modique somme de 1.700 DA et son veston. A l'issue des délibérations, les quatre accusés ont été condamnés à 20 ans de prison ferme pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, association de malfaiteurs et vol qualifié. Un cinquième accusé, en état de fuite, a été condamné à la peine capitale par contumace.