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Le monde politique européen vit, à l'approche des élections européennes de juin prochain, une angoisse aux sueurs froides tant l'abstention s'annonce forte. Près de 70% de taux d'abstention prédisent les sondages. Historique ! Un vent de panique souffle sur le «bateau» Europe. Au creux de la vague de la crise économique, son capitaine choisit l'abandon. Mirék Topolanéc, 1er ministre tchèque et président du Conseil européen, donc de l'UE jusqu'au 30 juin 2009, a jeté l'éponge en mars dernier quittant à la fois la tête du gouvernement tchèque et la présidence européenne. «Des administrateurs ont été chargés de traiter les affaires courantes de l'UE», a annoncé le gouvernement tchèque. Rien que ça ! Voilà la première économie mondiale livrée en ces moments de turbulences mondiales aux caprices et humeurs de quelques-uns de ses chefs politiques. Le sens des responsabilités et la capacité de supporter leur poids en toutes circonstances, dont les leaders européens accusent par défaut ceux des pays d'Afrique et d'ailleurs, en prennent un sérieux coup. La présidence de l'UE est vacante et personne ne s'en soucie. Est-ce l'une des principales raisons qui, d'après les sondages menés par la Commission européenne et d'autres instituts, annoncent un taux d'abstention record aux élections européennes de juin prochain ? Les résultats des sondages donnent un taux d'abstention qui varie entre 66 et 68% avec une marge d'erreur de 3%. Au plus donc, 34% des électeurs européens se rendront aux urnes pour désigner leurs députés. La Commission européenne estime que des pays comme la Belgique et le Luxembourg vont enregistrer respectivement 70 et 62% de participation. C'est les taux les plus forts avec cette nuance que le vote dans ces deux pays est... obligatoire. En cas de non participation, l'électeur est sanctionné par une amende de l'ordre de 30 euros. Autre façon de concevoir la démocratie. L'abstention la plus forte est attendue dans des pays comme la Pologne (83%) et l'Autriche (79%). Par ailleurs, plus de la moitié des Européens ne font pas confiance en leurs institutions. Le Parlement européen récolte à peine 45% d'indice de confiance et la Commission 42%. Face à un tel désintéressement des peuples européens à la chose politique et à l'importance de l'acte électoral, les états- majors des partis politiques paniquent et multiplient les réunions pour éviter la «débâcle». Ce ne sera pas facile, d'autant plus que les mêmes sondages indiquent que seuls 16% des personnes interrogées connaissent la date du vote. Et il n'y pas que cela, puisque les eurosceptiques (anti-Union européenne) ont saisi l'occasion pour ajouter au discrédit de la construction européenne. Ainsi, Declan Ganley, le porte- parole de la campagne irlandaise contre le traité de Lisbonne (Constitution européenne), le président du mouvement français pour la France (MPF), Philippe de Villiers, et son compatriote du parti pêche, chasse, nature (CCPNT), Frédéric Nihous, ont lancé depuis la mi-mars une campagne contre les politiques communes de l'UE. Ils dénoncent «une Europe pilotée par des fous furieux qui continuent à broyer des peuples» et accusent «les députés européens qui vont en commissions uniquement pour gagner du fric». Vous aurez constaté le langage, la politesse et le sérieux des arguments politiques de ces messieurs. Comme quoi, la stupidité et l'analphabétisme politique ne sont pas des tares propres aux seuls peuples et leaders des pays dits «sous-développés». Et puis il y a l'autre «angoisse», celle de ceux qui sont encore députés européens jusqu'au 7 juin prochain: comment éviter au président du Front national français, Jean-Marie Le Pen, de présider l'ouverture de la première séance plénière du futur Parlement européen, en sa qualité de doyen des députés. Les eurodéputés cherchent un subterfuge technique, politique, juridique, voire une raison de moeurs... pour interdire au sulfureux leader d'extrême droite de s'asseoir, pour un moment, au perchoir de l'auguste Assemblée européenne. Et le hasard prête main-forte à Le Pen, puisque la séance inaugurale de la prochaine législature européenne aura lieu le 14 juillet 2009 à Strasbourg. Motivation de plus pour le leader de l'extrême droite pour damer le pion à la république. «Notre fête nationale est une raison de plus de faire entendre la voix de la France indépendante et souveraine dans l'hémicycle de l'euro-mondialisme», a-t-il déclaré. Voilà quelques séquences de la vie politique européenne que même les effets de la crise économique, les manifestations du monde du travail et l'inquiétude des citoyens pour leur pouvoir d'achat ne sauraient trop longtemps cacher. Y compris au reste du monde. |
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