Deux mois après son examen par le tribunal de première instance,
l'affaire de « Djar El-Kamar », la vraie-fausse agence de recrutement syrienne
installée à Oran en août 2008, était hier devant la Cour d'appel d'Oran. Comme
attendu, le procès a rempli le prétoire. Comme prévu également, il a pris de
longues heures. Les séances de débats et de plaidoiries ont pris le plus clair
de l'audience. L'irritation était visible du côté du patron de ce prétendu
(l'entreprise n'était en fait qu'un leurre, a dévoilé l'enquête judiciaire)
bureau de main-d'oeuvre étranger, un Syrien, la cinquantaine, répondant aux
initiales Gh.H.K. Avec son premier assistant et chef de projet en Algérie, son
compatriote M.A.A., ils étaient condamnés par la juridiction de 1er degré à
deux ans de prison ferme. Leur complice algérien, ce qui est présenté comme
étant leur agent d'affaires au Maghreb, M. A. avait écopé de la même peine.
L'oeuvre d'établir clandestinement en Algérie une antenne de recrutement pour
des multinationales installées dans les pays du Golfe est « cosignée » par ces
trois-là. Les autres prévenus, au nombre de cinq, dont trois agents d'accueil
embauchés par les Syriens, le loueur du local à Oran et son assistante, eux,
ont été blanchies au bout du compte. Hier, le représentant du ministère public
a demandé la confirmation des sentences infligées aux trois accusés principaux.
Contre les autres prévenus, dans son réquisitoire il a demandé : «
l'application de la loi ». Le verdict a été mis en délibéré.
D'après les faits consignés dans l'acte d'accusation, le patron de « Djar
El-Kamar pour les partenariats et la célébration des fêtes » et son adjoint,
avec l'aide d'un partenaire algérien, ont ouvert, fin août 2008, sans agrément
ni aucune démarche administrative, une agence de recrutement au centre-ville
d'Oran. Avec comme offre plus qu'alléchante : un emploi chichement rémunéré dans
une compagnie installée dans les pays du Golfe, prise en charge pour visa,
voyage, accueil à l'arrivée... au frais de l'employeur. Tous les métiers, tous
créneaux professionnels confondus sont bons, pas de conditions d'âge. Les deux
étrangers sont arrivés à Alger le 17 août 2008, ont loué un premier local à
Gambetta, le 22, ont ouvert ce bureau, le 23, ont démangé au quartier de
Plateau, le 24, où ils ont exercé leur « activité » jusqu'au 27, date où leur
entreprise a été mise à nu, selon l'ordonnance de renvoi. L'acte d'accusation
fait état de 61 Algériens dupés, dont des jeunes femmes. A ces victimes, qui
ont payé des montants entre 13.000 et 16.000 DA chacun, les Syriens ont remis
un bout de papier sans aucune valeur, portant le cachet de la mystérieuse
société « Djar El-Kamar », dont « le siège social est basé à Dubaï et qui
possède plusieurs succursales à Damas, à Pékin, entre autres ». En l'espace de
cinq jours seulement, les Syriens ont amassé 92 millions de centimes. Recette
qui aurait pu être autrement plus importante si l'arnaque n'a pas été mise au
grand jour en temps et lieu.